Beschreibung:

RAVEL (Maurice). Lettre autographe signée « Maurice Ravel » à Marie Gaudin. Saint-Cloud, 6 janvier 1921. 4 pp. in-8 carré, mention marginale à l'encre d'une autre main. Joint, une enveloppe avec adresse autographe à la même, portant la mention autographe de lieu d'expédition « "Le Frêne. Lyons-la-Forêt (Eure) ». « Ce n'est qu'aujourd'hui que je puis trouver un moment pour vous écrire. JE SUIS TOUT LE TEMPS EN VOYAGE, partant dès le matin, couchant souvent en des pays plus ou moins éloignés de St-Cloud, À VISITER DES MAISONS, CAR J'AI DÉCIDÉ DE M'ÉLOIGNER DE PARIS. Et pas un instant je ne cesse de penser à l'affreuse tristesse qui s'est encore abattue sur vous. Pauvre monsieur Gaudin ! Son long martyre est terminé. Encore son horrible chagrin a-t-il été atténué par la présence de sa petite fille. Comment votre maman supporte-t-elle le nouveau malheur ? De songer que la nôtre est partie avant nous m'est souvent une consolation. Que je regrette de n'avoir pu le voir l'été dernier ! J'avais enfin le courage de retourner à St-Jean-de-Luz. Vous savez ce qui m'en a empêché. NOUS ÉTIONS TOUS SI HEUREUX EN 1914 ! NOUS NE L'AVONS PAS ASSEZ SENTI. JE VAIS BIENTÔT ME TROUVER TOUT SEUL. J'aime autant ça : comme ma pauvre maman, JE VIVRAI DE SOUVENIRS , ET PUIS, JE POURRAI TRAVAILLER. CE SERA MOINS BÊTE QUE DE CHERCHER L'OUBLI DANS LA VIE STUPIDE QUE JE MÈNE. Donnez-nous bien vite de vos nouvelles, chère Marie. Édouard [le frère de Maurice Ravel] et moi vous embrassons toutes les deux affectueusement. Votre vieil ami Maurice Ravel. Monsieur et Madame Bonnet [Victor et Angèle Bonnet, chez qui Maurice Ravel résidait alors] me chargent de vous dire leur triste condoléance. » Le compositeur entretint une correspondance suivie avec Marie Gaudin (1879-1976) et sa sœur Jane Gaudin (1880-1979). Il composa le « Rigaudon » de son Tombeau de Couperin à la mémoire de leurs frères Pierre et Pascal morts lors de la Première Guerre mondiale