MANUSCRIT autographe et NOTES autographes, Les Enfants du limon, [1936] ; plus de 400 feuillets la plupart in-4. Important ensemble des notes préparatoires et du manuscrit de premier jet, seul connu, du cinquième roman de Queneau, Les Enfants du limon. La composition de cet ambitieux roman s’étend sur huit années, de 1930 à 1938 ; il fut publié chez Gallimard en juillet 1938. Le manuscrit de ce premier état, et le seul connu pour ce roman, a été rédigé entre le 13 février et le début d’octobre 1936. Rattaché à la tradition du romanesque social, comportant une large part autobiographique (plusieurs personnages incarnent des facettes différentes du romancier), ce roman à l’humour permanent et à la langue d’une richesse incroyable est à la fois encyclopédique et énigmatique. Il concentre en lui tout le monde de Queneau : passion des mathématiques, recherches sur le langage et la folie, visée rabelaisienne de l’allégorie fabuleuse et conception flaubertienne du roman critique sans message. « Roman extraordinaire, comme l’écrit Madeleine Velguth, Les Enfants du limon force les limites du genre. [...] Son intention première fut de créer une fiction sur le thème du “crabe” – d’un homme qui vivrait sa vie à rebours – d’y intégrer une critique du catholicisme et de la société de son époque, et, enfin d’y ajouter les fous et, à travers leurs écrits, de faire la critique des sciences. À cela s’ajoutaient, en filigrane, le dessein autobiographique et les préoccupations métaphysiques. Tous ces éléments se retrouvent bel et bien dans le roman, hormis l’idée initiale, celle du “crabe”. Mais le romancier créa Chambernac et Purpulan, couple inoubliable qui permit l’intégration de l’ouvrage sur les fous dans l’intrigue ». En effet, ce roman intègre de nombreux fragments de l’étude de Queneau sur les fous littéraires, intitulée Aux confins des ténèbres, que Gallimard et Denoël avaient refusé de publier en 1934. C’est à partir de décembre 1935 que Queneau décida d’en faire la matière première d’un roman nouveau et d’en attribuer la paternité à l’un de ses personnages principaux, Chambernac (d’abord appelé Chambornac), sous le titre d’Encyclopédies des sciences inexactes. Ce manuscrit est longuement étudié par Madeleine Velguth dans le tome II des Œuvres complètes de Raymond Queneau dans la bibliothèque de la Pléiade : « Les premières pages des Enfants du limon datent du 13 février 1936, mais ce n’est que le 14 juillet, lors d’un séjour à Ibiza avec Michel Leiris, que la rédaction en commença réellement. [...] Le 20 septembre, il avait déjà rédigé deux cent dix pages. [...] Mais le 3 octobre il note “Arrêté ! Stoppé ! Bloqué ! Enrhumé !”, et abandonne une première fois son œuvre. Ce manuscrit incomplet, qui nous est parvenu, donne un roman en deux parties : la première constituée en douze chapitres [...] et la seconde, composée de six chapitres et du début d’un septième [...] contient l’essentiel de la matière romanesque des premiers, deuxième et sixième livres actuels, exception faite de tout ce qui a rapport à Chambernac, Purpulan et les fous littéraires. [...] Quoique les personnages et l’intrigue du manuscrit soient dans leurs grandes lignes ceux des Enfants du limon, il existe toutefois des différences de détail. [...] Mais ce qui distingue peutêtre le plus cet état primitif de la matière romanesque du roman définitif est une différence de ton : celui-ci sera léger et enjoué alors que celui-là est lourd et grinçant. Il va s’opérer une distanciation qui permettra à une ironie tendre et amusée de remplacer le sarcasme appuyé du premier état. [...] Durant l’automne et l’hiver de 1936-1937, le journal du roman témoigne du mécontentement de Queneau devant ce qu’il a écrit l’été précédent. [...] Essayant le 3 octobre de “reprendre le tout”, il abandonne immédiatement. Autocritique sévère, il constate le 11 février 1937 : “Tout ça bien en panne !” [...] Son projet, il le trouvera en avril, et en juillet il note qu’il a l’intention de “joindre les de
MANUSCRIT autographe et NOTES autographes, Les Enfants du limon, [1936] ; plus de 400 feuillets la plupart in-4. Important ensemble des notes préparatoires et du manuscrit de premier jet, seul connu, du cinquième roman de Queneau, Les Enfants du limon. La composition de cet ambitieux roman s’étend sur huit années, de 1930 à 1938 ; il fut publié chez Gallimard en juillet 1938. Le manuscrit de ce premier état, et le seul connu pour ce roman, a été rédigé entre le 13 février et le début d’octobre 1936. Rattaché à la tradition du romanesque social, comportant une large part autobiographique (plusieurs personnages incarnent des facettes différentes du romancier), ce roman à l’humour permanent et à la langue d’une richesse incroyable est à la fois encyclopédique et énigmatique. Il concentre en lui tout le monde de Queneau : passion des mathématiques, recherches sur le langage et la folie, visée rabelaisienne de l’allégorie fabuleuse et conception flaubertienne du roman critique sans message. « Roman extraordinaire, comme l’écrit Madeleine Velguth, Les Enfants du limon force les limites du genre. [...] Son intention première fut de créer une fiction sur le thème du “crabe” – d’un homme qui vivrait sa vie à rebours – d’y intégrer une critique du catholicisme et de la société de son époque, et, enfin d’y ajouter les fous et, à travers leurs écrits, de faire la critique des sciences. À cela s’ajoutaient, en filigrane, le dessein autobiographique et les préoccupations métaphysiques. Tous ces éléments se retrouvent bel et bien dans le roman, hormis l’idée initiale, celle du “crabe”. Mais le romancier créa Chambernac et Purpulan, couple inoubliable qui permit l’intégration de l’ouvrage sur les fous dans l’intrigue ». En effet, ce roman intègre de nombreux fragments de l’étude de Queneau sur les fous littéraires, intitulée Aux confins des ténèbres, que Gallimard et Denoël avaient refusé de publier en 1934. C’est à partir de décembre 1935 que Queneau décida d’en faire la matière première d’un roman nouveau et d’en attribuer la paternité à l’un de ses personnages principaux, Chambernac (d’abord appelé Chambornac), sous le titre d’Encyclopédies des sciences inexactes. Ce manuscrit est longuement étudié par Madeleine Velguth dans le tome II des Œuvres complètes de Raymond Queneau dans la bibliothèque de la Pléiade : « Les premières pages des Enfants du limon datent du 13 février 1936, mais ce n’est que le 14 juillet, lors d’un séjour à Ibiza avec Michel Leiris, que la rédaction en commença réellement. [...] Le 20 septembre, il avait déjà rédigé deux cent dix pages. [...] Mais le 3 octobre il note “Arrêté ! Stoppé ! Bloqué ! Enrhumé !”, et abandonne une première fois son œuvre. Ce manuscrit incomplet, qui nous est parvenu, donne un roman en deux parties : la première constituée en douze chapitres [...] et la seconde, composée de six chapitres et du début d’un septième [...] contient l’essentiel de la matière romanesque des premiers, deuxième et sixième livres actuels, exception faite de tout ce qui a rapport à Chambernac, Purpulan et les fous littéraires. [...] Quoique les personnages et l’intrigue du manuscrit soient dans leurs grandes lignes ceux des Enfants du limon, il existe toutefois des différences de détail. [...] Mais ce qui distingue peutêtre le plus cet état primitif de la matière romanesque du roman définitif est une différence de ton : celui-ci sera léger et enjoué alors que celui-là est lourd et grinçant. Il va s’opérer une distanciation qui permettra à une ironie tendre et amusée de remplacer le sarcasme appuyé du premier état. [...] Durant l’automne et l’hiver de 1936-1937, le journal du roman témoigne du mécontentement de Queneau devant ce qu’il a écrit l’été précédent. [...] Essayant le 3 octobre de “reprendre le tout”, il abandonne immédiatement. Autocritique sévère, il constate le 11 février 1937 : “Tout ça bien en panne !” [...] Son projet, il le trouvera en avril, et en juillet il note qu’il a l’intention de “joindre les de
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