Mémoire pour Jean-Etienne-Marie Portalis, 21 prairial an II [9 juin 1794] Lettre signée, Paris Maison Belhomme rue Charronne n°70, 9 juin 1794 ; 6 pages in-folio écrites à l’encre noire sur papier vergé. LETTRE A SES JUGES, ECRITE DE LA MAISON DE SANTÉ BELHOMME OÙ IL EST DETENU PENDANT LA TERREUR DEPUIS LE 7 MARS 1794. « Je n’appartiens à aucune classe privilégiée, je suis né et j’ai constamment vécu dans la médiocrité. Je ne suis jamais sorti du territoire de la république, je n’ai signé aucune pétition liberticide. J’ai rempli avec fidélité mes devoirs de citoien, je n’ai jamais accru d’un sol le mince patrimoine que je tiens de mon ayeul et qui suffit à peine pour mon nécessaire absolu et celui d’une femme et de deux enfants. […] En 1770, on me vit combattre le fanatisme et prêcher la tolérance devant le parlement d’Aix dans une consultation sur la validité du mariage des protestants de France, qui m’exposa à des dangers mais qui opéra quelque bien […] Toujours j’ai défendu gratuitement le faible et le pauvre et dans tous les tems, j’ai obtenu l’estime et l’amitié de mes compatriotes. A l’époque de la révolution, je n’ai eu besoin de changer ni de principes ni de moeurs […] Mon zèle pour la chose publique et mon éloignement pour tout ce qui est ambition, intrigue et fortune ont toujours été reconnus. J’en atteste la notoriété, l’agent national prés le district d’Aix, interprète légal de l’opinion générale, a rendu récemment un témoignage solennel à mes moeurs politiques et privées. Le 25 aout 1790 je fus forcé de quitter tout travail par l’extrême affaiblissement de ma vue qui dépérissait journellement. Depuis plusieurs années je ne puis lire ni écriture de main ni écriture moulée […] Portalis relate ensuite son départ d’Aix et son arrivée à Lyon : « Arrivé à commune affranchie, je n’eus des liaisons qu’avec des patriotes qui n’ont jamais varié dans leurs principes. Je fournis des sommes au dessus de mes forces pour les divers recrutements et pour le soulagement des ouvriers et des pauvres. Si je ne pouvais monter ma garde attendu que je n’y vois pas pour me conduire, j’étais autorisé à me faire remplacer en payant. J’obtins ma carte de citoien et dans le mois d’avril 1793 je rapportai une attestation de civisme de quatre représentants du peuple qui étaient en commission dans le département et dont un avait suivi particulièrement ma conduite pendant qu’il remplissait dans la ci-devant ville de Lyon les fonctions de substitut du procureur de la commune. A la fin du mois de mai suivant, le fatal système du fédéralisme éclata, on fit des proclamations contre ceux qui n’assisteraient pas régulièrement aux assemblées de leur section et à la suite de ces proclamations dont je sentis tout le vice, on m’ôta ma carte de citoien pour l’échanger contre une simple carte d’étranger. Ainsi mes procédés civiques et mes principes connus me méritèrent l’avantage de participer à aucune fédération criminelle. Par un décret du 12 juillet la convention ordonna à tous les étrangers de sortir de Lyon sous trois jours […] En arrivant à paris, je fus présenté au comité révolutionnaire de la station de la hale au bled, dans l’arrondissement de laquelle j’étais logé. On me donna ma carte de sureté, je me présentai encore à la députation de mon département et aux divers membres des autorités constituées avec lesquelles j’étais en relation. Sur ces entrefaites, j’appris par hazard, que la Commission temporaire établie à commune affranchie, qui y faisait faire des fréquentes visites domiciliaires et qui faisait prendre note dans tous les appartements des noms de locataires ,avait envoyé mon nom au ci devant ministre de la justice et m’avait présenté comme échappé à la surveillance nationale précisément parce que je n’étais connu par aucun des commissaires et de leurs délégués […] Sur la simple notice de ce qui se passait j’écrivis au ci devant ministre de la justice, en lui indiquant mon logement. Je lui fis le tableau de ma conduite et j’offris de me c
Mémoire pour Jean-Etienne-Marie Portalis, 21 prairial an II [9 juin 1794] Lettre signée, Paris Maison Belhomme rue Charronne n°70, 9 juin 1794 ; 6 pages in-folio écrites à l’encre noire sur papier vergé. LETTRE A SES JUGES, ECRITE DE LA MAISON DE SANTÉ BELHOMME OÙ IL EST DETENU PENDANT LA TERREUR DEPUIS LE 7 MARS 1794. « Je n’appartiens à aucune classe privilégiée, je suis né et j’ai constamment vécu dans la médiocrité. Je ne suis jamais sorti du territoire de la république, je n’ai signé aucune pétition liberticide. J’ai rempli avec fidélité mes devoirs de citoien, je n’ai jamais accru d’un sol le mince patrimoine que je tiens de mon ayeul et qui suffit à peine pour mon nécessaire absolu et celui d’une femme et de deux enfants. […] En 1770, on me vit combattre le fanatisme et prêcher la tolérance devant le parlement d’Aix dans une consultation sur la validité du mariage des protestants de France, qui m’exposa à des dangers mais qui opéra quelque bien […] Toujours j’ai défendu gratuitement le faible et le pauvre et dans tous les tems, j’ai obtenu l’estime et l’amitié de mes compatriotes. A l’époque de la révolution, je n’ai eu besoin de changer ni de principes ni de moeurs […] Mon zèle pour la chose publique et mon éloignement pour tout ce qui est ambition, intrigue et fortune ont toujours été reconnus. J’en atteste la notoriété, l’agent national prés le district d’Aix, interprète légal de l’opinion générale, a rendu récemment un témoignage solennel à mes moeurs politiques et privées. Le 25 aout 1790 je fus forcé de quitter tout travail par l’extrême affaiblissement de ma vue qui dépérissait journellement. Depuis plusieurs années je ne puis lire ni écriture de main ni écriture moulée […] Portalis relate ensuite son départ d’Aix et son arrivée à Lyon : « Arrivé à commune affranchie, je n’eus des liaisons qu’avec des patriotes qui n’ont jamais varié dans leurs principes. Je fournis des sommes au dessus de mes forces pour les divers recrutements et pour le soulagement des ouvriers et des pauvres. Si je ne pouvais monter ma garde attendu que je n’y vois pas pour me conduire, j’étais autorisé à me faire remplacer en payant. J’obtins ma carte de citoien et dans le mois d’avril 1793 je rapportai une attestation de civisme de quatre représentants du peuple qui étaient en commission dans le département et dont un avait suivi particulièrement ma conduite pendant qu’il remplissait dans la ci-devant ville de Lyon les fonctions de substitut du procureur de la commune. A la fin du mois de mai suivant, le fatal système du fédéralisme éclata, on fit des proclamations contre ceux qui n’assisteraient pas régulièrement aux assemblées de leur section et à la suite de ces proclamations dont je sentis tout le vice, on m’ôta ma carte de citoien pour l’échanger contre une simple carte d’étranger. Ainsi mes procédés civiques et mes principes connus me méritèrent l’avantage de participer à aucune fédération criminelle. Par un décret du 12 juillet la convention ordonna à tous les étrangers de sortir de Lyon sous trois jours […] En arrivant à paris, je fus présenté au comité révolutionnaire de la station de la hale au bled, dans l’arrondissement de laquelle j’étais logé. On me donna ma carte de sureté, je me présentai encore à la députation de mon département et aux divers membres des autorités constituées avec lesquelles j’étais en relation. Sur ces entrefaites, j’appris par hazard, que la Commission temporaire établie à commune affranchie, qui y faisait faire des fréquentes visites domiciliaires et qui faisait prendre note dans tous les appartements des noms de locataires ,avait envoyé mon nom au ci devant ministre de la justice et m’avait présenté comme échappé à la surveillance nationale précisément parce que je n’étais connu par aucun des commissaires et de leurs délégués […] Sur la simple notice de ce qui se passait j’écrivis au ci devant ministre de la justice, en lui indiquant mon logement. Je lui fis le tableau de ma conduite et j’offris de me c
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