Bernard Nogaret, seigneur de La Valette, amiral de France (1553-1592) Vers 1584-1585 Pierre noire et sanguine sur papier. Dans les cheveux, la pierre noire et la sanguine sont détrempées à l'eau. Rehauts d'aquarelle bleu dans le ruban de l'Ordre (ternie). 34 x 24 cm Ce superbe dessin représente un gentilhomme français, la belle trentaine, vêtu d'une armure damasquinée qui laisse dépasser le col blanc du pourpoint et coiffé à la mode du milieu des années 1580: cheveux courts et relevés, barbe taillée en pointe, moustache retroussée. Le ruban bleu de l'Ordre de Saint Esprit orne sa poitrine. Il regarde calmement, mais fièrement le spectateur et un sourire à peine perceptible semble animer ses lèvres. Il s'agit de Bernard Nogaret, seigneur de La Valette, amiral de France et frère du duc d'Épernon, le grand favori de Henri III. L'identité est confirmée par trois images: une huile sur bois conservée à Versailles, identique au crayon et annotée; la gravure de Léonard Gaultier qui fait partie d'une grande planche intitulée Portraictz de plusieurs hommes illustres qui ont fleury en France depuis l'an 1500 jusques à présent (dite Chronologie collée) éditée en 1602 (le portrait de l'amiral y porte le numéro 41 et la seule différence avec le crayon est qu'il y est figuré en habit de cour et non en armure); le tableau de la galerie des Illustres du château de Beauregard avec un col plus grand et en vêtement noir. La facture crispée du tableau de Versailles ne permet pas d'y voir la peinture préparée par le présent dessin, mais plutôt une copie d'atelier d'après le tableau disparu du maître. L'oeuvre est conçue comme le pendant du portrait du duc d'Épernon dont le dessin préparatoire original est perdu: les deux frères regardent dans les directions opposées, l'aîné se plaçant ainsi à droite du cadet malgré les règles de la préséance qui aurait privilégié le duc. Tous deux posent en armure complète noire aux détails dorés et doublure festonnée de velours cramoisi, tous deux arborent l'Ordre de Saint Esprit, tous deux sont tête nue et fixent le spectateur. La qualité et les dimensions des deux panneaux conservés à Versailles sont également sensiblement proches. L'auteur des deux portraits est Pierre Dumonstier l'aîné, mais seul l'examen du présent dessin permet de l'affirmer. La qualité du trait est remarquable, le soin des détails et notamment le traitement des yeux et de la chevelure révélateur d'un grand artiste. La main de Pierre Dumonstier s'y reconnaît immédiatement, avec sa précision, sa ligne fine et délicate, les volumes modelés à l'aide de traits très courts qui suivent les contours et épousent les formes. Digne élève de François Clouet Dumonstier sut assimiler la technique de l'illustre portraitiste des rois de France, mais il possède un style propre, plus au goût de la société du règne de Henri III. Il retravaille notamment les chevelures de ses modèles avec un pinceau imbibé d'eau afin de les rendre plus vaporeuses et légères, et soigne davantage que son célèbre aîné les petits éléments du vêtement, comme ici les bords du plastron et des épaulières. Les dessins de cette qualité sont extrêmement rares sur le marché d'art et peu de musées possèdent des oeuvres équivalentes, car les destructions sont nombreuses en ce qui concerne les portraits français de l'époque des guerres de religion. Les meilleures pièces sont conservées à la Bibliothèque nationale de France, à l'Ermitage et au British Museum, mais il s'agit de quelques dessins seulement et la grande majorité des modèles ne peuvent pas être identifiés faute d'annotation ou quelque autre image conservée. LE MODÈLE Bernard Nogaret (ou de Nogaret) de La Valette est le fils de Jean, baron de La Valette, issu de noblesse seconde peu fortunée de Gascogne, chevau-léger puis maître de camp, gouverneur de Castres, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, lieutenant général au gouvernement de Guyenne et gentilhomme ordinaire du roi dès 1574, et de Jeanne de Saint-Lary, soeur du
Bernard Nogaret, seigneur de La Valette, amiral de France (1553-1592) Vers 1584-1585 Pierre noire et sanguine sur papier. Dans les cheveux, la pierre noire et la sanguine sont détrempées à l'eau. Rehauts d'aquarelle bleu dans le ruban de l'Ordre (ternie). 34 x 24 cm Ce superbe dessin représente un gentilhomme français, la belle trentaine, vêtu d'une armure damasquinée qui laisse dépasser le col blanc du pourpoint et coiffé à la mode du milieu des années 1580: cheveux courts et relevés, barbe taillée en pointe, moustache retroussée. Le ruban bleu de l'Ordre de Saint Esprit orne sa poitrine. Il regarde calmement, mais fièrement le spectateur et un sourire à peine perceptible semble animer ses lèvres. Il s'agit de Bernard Nogaret, seigneur de La Valette, amiral de France et frère du duc d'Épernon, le grand favori de Henri III. L'identité est confirmée par trois images: une huile sur bois conservée à Versailles, identique au crayon et annotée; la gravure de Léonard Gaultier qui fait partie d'une grande planche intitulée Portraictz de plusieurs hommes illustres qui ont fleury en France depuis l'an 1500 jusques à présent (dite Chronologie collée) éditée en 1602 (le portrait de l'amiral y porte le numéro 41 et la seule différence avec le crayon est qu'il y est figuré en habit de cour et non en armure); le tableau de la galerie des Illustres du château de Beauregard avec un col plus grand et en vêtement noir. La facture crispée du tableau de Versailles ne permet pas d'y voir la peinture préparée par le présent dessin, mais plutôt une copie d'atelier d'après le tableau disparu du maître. L'oeuvre est conçue comme le pendant du portrait du duc d'Épernon dont le dessin préparatoire original est perdu: les deux frères regardent dans les directions opposées, l'aîné se plaçant ainsi à droite du cadet malgré les règles de la préséance qui aurait privilégié le duc. Tous deux posent en armure complète noire aux détails dorés et doublure festonnée de velours cramoisi, tous deux arborent l'Ordre de Saint Esprit, tous deux sont tête nue et fixent le spectateur. La qualité et les dimensions des deux panneaux conservés à Versailles sont également sensiblement proches. L'auteur des deux portraits est Pierre Dumonstier l'aîné, mais seul l'examen du présent dessin permet de l'affirmer. La qualité du trait est remarquable, le soin des détails et notamment le traitement des yeux et de la chevelure révélateur d'un grand artiste. La main de Pierre Dumonstier s'y reconnaît immédiatement, avec sa précision, sa ligne fine et délicate, les volumes modelés à l'aide de traits très courts qui suivent les contours et épousent les formes. Digne élève de François Clouet Dumonstier sut assimiler la technique de l'illustre portraitiste des rois de France, mais il possède un style propre, plus au goût de la société du règne de Henri III. Il retravaille notamment les chevelures de ses modèles avec un pinceau imbibé d'eau afin de les rendre plus vaporeuses et légères, et soigne davantage que son célèbre aîné les petits éléments du vêtement, comme ici les bords du plastron et des épaulières. Les dessins de cette qualité sont extrêmement rares sur le marché d'art et peu de musées possèdent des oeuvres équivalentes, car les destructions sont nombreuses en ce qui concerne les portraits français de l'époque des guerres de religion. Les meilleures pièces sont conservées à la Bibliothèque nationale de France, à l'Ermitage et au British Museum, mais il s'agit de quelques dessins seulement et la grande majorité des modèles ne peuvent pas être identifiés faute d'annotation ou quelque autre image conservée. LE MODÈLE Bernard Nogaret (ou de Nogaret) de La Valette est le fils de Jean, baron de La Valette, issu de noblesse seconde peu fortunée de Gascogne, chevau-léger puis maître de camp, gouverneur de Castres, chevalier de l'Ordre de Saint-Michel, lieutenant général au gouvernement de Guyenne et gentilhomme ordinaire du roi dès 1574, et de Jeanne de Saint-Lary, soeur du
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