Paul VALÉRY (1871-1945). L.A.S., Mardi [vers 1901-1902 ?], à Louis Rouart ; 3 pages in-8.Très intéressante lettre philosophique sur Kant et les mathématiques. « Kant distingue très soigneusement les jugements analytiques des synthétiques (a priori). Les premiers sont ceux dans lesquels l’attribut est contenu dans le sujet. Le sujet ne peut être pensé sans l’attribut, le jugement se borne à mettre en évidence, à extraire cette implication. En somme simple opération d’écriture. L’autre type, au contraire, stipule une liaison entre deux idées indépendantes. C’est un fait nouveau qui demande l’intervention de puissances fort mystérieuses : Kant n’en est jamais sorti ». Il donne plusieurs exemples, illustrés de formules mathématiques, Kant développant que tous les jugements mathématiques sont synthétiques... Il ajoute que « la classification de Kant est sujette à discussion. Son opinion sur les jugements mathématiques, en particulier, a été, en somme, très féconde et tous les travaux récents de critique mathématique en viennent plus ou moins directement. Pour moi, je ne suis pas très convaincu de la valeur de sa distinction […]. En un mot, la question primordiale est évidemment une question d’analyse intime, portant sur ce qui constitue notre pensée, ses constituants indépendants ; en quoi consiste l’indépendance ; puis, la dépendance, ses degrés, ses modalités etc. On peut faire cette analyse de bien des façons ; elle dépend de la profondeur ou finesse d’actes psychologiques incommensurables. Il y a aussi la grosse question du langage, des apparences qu’il donne à la pensée etc. »… Il est surchargé d’occupations et ne pense pouvoir venir demain soir, « incapable de suivre autre chose que les inflexions invincibles de mon sommeil ». Il a écrit sa lettre « de la Banque de France où je me débats dans les difficultés d’une pédante administration »…
Paul VALÉRY (1871-1945). L.A.S., Mardi [vers 1901-1902 ?], à Louis Rouart ; 3 pages in-8.Très intéressante lettre philosophique sur Kant et les mathématiques. « Kant distingue très soigneusement les jugements analytiques des synthétiques (a priori). Les premiers sont ceux dans lesquels l’attribut est contenu dans le sujet. Le sujet ne peut être pensé sans l’attribut, le jugement se borne à mettre en évidence, à extraire cette implication. En somme simple opération d’écriture. L’autre type, au contraire, stipule une liaison entre deux idées indépendantes. C’est un fait nouveau qui demande l’intervention de puissances fort mystérieuses : Kant n’en est jamais sorti ». Il donne plusieurs exemples, illustrés de formules mathématiques, Kant développant que tous les jugements mathématiques sont synthétiques... Il ajoute que « la classification de Kant est sujette à discussion. Son opinion sur les jugements mathématiques, en particulier, a été, en somme, très féconde et tous les travaux récents de critique mathématique en viennent plus ou moins directement. Pour moi, je ne suis pas très convaincu de la valeur de sa distinction […]. En un mot, la question primordiale est évidemment une question d’analyse intime, portant sur ce qui constitue notre pensée, ses constituants indépendants ; en quoi consiste l’indépendance ; puis, la dépendance, ses degrés, ses modalités etc. On peut faire cette analyse de bien des façons ; elle dépend de la profondeur ou finesse d’actes psychologiques incommensurables. Il y a aussi la grosse question du langage, des apparences qu’il donne à la pensée etc. »… Il est surchargé d’occupations et ne pense pouvoir venir demain soir, « incapable de suivre autre chose que les inflexions invincibles de mon sommeil ». Il a écrit sa lettre « de la Banque de France où je me débats dans les difficultés d’une pédante administration »…
Try LotSearch and its premium features for 7 days - without any costs!
Be notified automatically about new items in upcoming auctions.
Create an alert