Masque Gu Gouro, Côte d'Ivoire Bois, pigments anciens H. 32 cm Gouro Gu mask, Ivory Coast H. 12 ½ in Provenance : - Probablement collection Roger Bédiat - Henri Kamer - The Paul Tishman collection - Michael Oliver - Pace Gallery, Bryce Holcombe - Collection privée, New York 1976 - Collection privée, Paris Publication : - African Arts, Vol XIX, n°I, New York, 1985, publicité de Michael Oliver La belle Gu, une muse gouro Ce remarquable masque célèbre la femme, incarnée dans la divine Gu, personnage primordial du panthéon gouro. Parangon de beauté, éternelle séductrice de son époux le héros mythique Zamblé, elle avait coutume de déployer pour lui ses charmes dans des danses très suggestives. Cette œuvre possède le cachet et les signes distinctifs d'un vieux style en vigueur à la fin du XIXe siècle chez cette population implantée de longue date au centre-ouest de la Côte d'Ivoire. Certains de ces traits nous sont connus grâce à Félix Fénéon, grand amateur d'objets de la région, qui acquit deux masques figurant en leur sommet un personnage en pied dont le visage présentait les mêmes caractéristiques. Ils furent trouvés entre 1911 et 1913 par Raoul Soffrey Berthier Allemand de Montrigaud dont les fonctions l'amenèrent à sillonner l'intégralité du pays gouro, depuis son camp de base de Zuénoula. Des masques de la même veine contribuent à situer l'arrivée de ce type d'objets en Europe durant l'entre-deux guerres quand Paul Guillaume prêta le sien à la mythique exposition «African Negro Art» de 1935 au Metropolitan Museum de New York et que le baron Von den Heydt et Joseph Mueller acquirent le leur, désormais respectivement au Rietberg Museum de Zurich et Barbier-Mueller de Genève. Si les embellissements corporels autrefois à la mode chez les élégantes Gouro étaient très souvent reproduits sur les sculptures à leur image, la profusion de ces chéloïdes, disposées sur toute la périphérie du visage des masques qui nous occupent, est au nombre des raretés qu'ils partagent. La bouche découvrant les dents et le nez très effilé en sont d'autres mais la féminité de la belle Gu n'apparaît nulle part de manière aussi émouvante que sur le masque objet de cette notice. Ses lèvres finement ourlées effacent l'agressivité des incisives apparentes et la longue ligne du nez rejoint l'arc des sourcils pour composer une harmonieuse arabesque. Les yeux baissés et mi-clos confèrent au visage une sérénité et une douceur sublimées par la patine lisse de vieux cuir ; le temps et l'usage ont fardé le bois dur et dense, effaçant la polychromie d'origine que révèlent quelques infimes traces de pigments, blanc de kaolin, et bleu outremer Guimet détourné et adopté par les artistes africains dès le XIXe siècle. La coiffure savamment et artistiquement tressée, maintenue par une série de peignes empruntés au monde akan, habille le front bombé d'une fine et délicate dentelle brodée de figures géométriques ésotériques. Ce précieux artifice évoque la coquetterie des femmes de la bonne société gouro dont le statut est ici confirmé par la présence d'une manière de chignon pointant vers le ciel, incompatible avec le port d'une charge sur le sommet de la tête, corvée indigne d'une patricienne. La sculpture gouro fusionnant fréquemment diverses espèces, le bouquet d'éléments striés composant ledit chignon pourraient figurer les cornes d'un jeune hippotrague, sans doute pour rappeler l'omniprésence de Zemblé, humain mâtiné d'animal. Le bandeau de cuir à quatre pans maintenant la chevelure renferme des versets du coran parés, syncrétisme oblige, des vertus d'une amulette. L'auteur de cet exceptionnel masque n'usurperait pas le titre de Maitre que se sont vus attribuer certains de ses pairs, sculpteurs gouro aussi talentueux qu'anonymes. Bertrand Goy This remarkable mask celebrates the woman, incarnated in the divine Gu, primordial character of the Gouro pantheon. A paragon of beauty, eternal seductress of her husband, the mythical hero Zamblé, she used to display her charms in
Masque Gu Gouro, Côte d'Ivoire Bois, pigments anciens H. 32 cm Gouro Gu mask, Ivory Coast H. 12 ½ in Provenance : - Probablement collection Roger Bédiat - Henri Kamer - The Paul Tishman collection - Michael Oliver - Pace Gallery, Bryce Holcombe - Collection privée, New York 1976 - Collection privée, Paris Publication : - African Arts, Vol XIX, n°I, New York, 1985, publicité de Michael Oliver La belle Gu, une muse gouro Ce remarquable masque célèbre la femme, incarnée dans la divine Gu, personnage primordial du panthéon gouro. Parangon de beauté, éternelle séductrice de son époux le héros mythique Zamblé, elle avait coutume de déployer pour lui ses charmes dans des danses très suggestives. Cette œuvre possède le cachet et les signes distinctifs d'un vieux style en vigueur à la fin du XIXe siècle chez cette population implantée de longue date au centre-ouest de la Côte d'Ivoire. Certains de ces traits nous sont connus grâce à Félix Fénéon, grand amateur d'objets de la région, qui acquit deux masques figurant en leur sommet un personnage en pied dont le visage présentait les mêmes caractéristiques. Ils furent trouvés entre 1911 et 1913 par Raoul Soffrey Berthier Allemand de Montrigaud dont les fonctions l'amenèrent à sillonner l'intégralité du pays gouro, depuis son camp de base de Zuénoula. Des masques de la même veine contribuent à situer l'arrivée de ce type d'objets en Europe durant l'entre-deux guerres quand Paul Guillaume prêta le sien à la mythique exposition «African Negro Art» de 1935 au Metropolitan Museum de New York et que le baron Von den Heydt et Joseph Mueller acquirent le leur, désormais respectivement au Rietberg Museum de Zurich et Barbier-Mueller de Genève. Si les embellissements corporels autrefois à la mode chez les élégantes Gouro étaient très souvent reproduits sur les sculptures à leur image, la profusion de ces chéloïdes, disposées sur toute la périphérie du visage des masques qui nous occupent, est au nombre des raretés qu'ils partagent. La bouche découvrant les dents et le nez très effilé en sont d'autres mais la féminité de la belle Gu n'apparaît nulle part de manière aussi émouvante que sur le masque objet de cette notice. Ses lèvres finement ourlées effacent l'agressivité des incisives apparentes et la longue ligne du nez rejoint l'arc des sourcils pour composer une harmonieuse arabesque. Les yeux baissés et mi-clos confèrent au visage une sérénité et une douceur sublimées par la patine lisse de vieux cuir ; le temps et l'usage ont fardé le bois dur et dense, effaçant la polychromie d'origine que révèlent quelques infimes traces de pigments, blanc de kaolin, et bleu outremer Guimet détourné et adopté par les artistes africains dès le XIXe siècle. La coiffure savamment et artistiquement tressée, maintenue par une série de peignes empruntés au monde akan, habille le front bombé d'une fine et délicate dentelle brodée de figures géométriques ésotériques. Ce précieux artifice évoque la coquetterie des femmes de la bonne société gouro dont le statut est ici confirmé par la présence d'une manière de chignon pointant vers le ciel, incompatible avec le port d'une charge sur le sommet de la tête, corvée indigne d'une patricienne. La sculpture gouro fusionnant fréquemment diverses espèces, le bouquet d'éléments striés composant ledit chignon pourraient figurer les cornes d'un jeune hippotrague, sans doute pour rappeler l'omniprésence de Zemblé, humain mâtiné d'animal. Le bandeau de cuir à quatre pans maintenant la chevelure renferme des versets du coran parés, syncrétisme oblige, des vertus d'une amulette. L'auteur de cet exceptionnel masque n'usurperait pas le titre de Maitre que se sont vus attribuer certains de ses pairs, sculpteurs gouro aussi talentueux qu'anonymes. Bertrand Goy This remarkable mask celebrates the woman, incarnated in the divine Gu, primordial character of the Gouro pantheon. A paragon of beauty, eternal seductress of her husband, the mythical hero Zamblé, she used to display her charms in
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