Beschreibung:

Manuscrit autographe, Olivier, ou le Secret, [1822]; 288 pages in-8 en 12 cahiers cousus de fils de soie verte. Manuscrit complet de ce roman célèbre en son temps, mais qui attendit près de 150 ans d'être publié. Composé de juillet à octobre 1822, ce roman par Lettres connut aussitôt un grand succès, lors de quelques lectures privées: «Olivier a de grands succès, c'est une mode que de l'entendre et on ne s'en soucie que parce que je ne veux pas le montrer», écrit la duchesse de Duras à Chateaubriand le 4 novembre 1822. On connaît la supercherie commerciale d'H. de Latouche: au courant du roman inédit de Mme de Duras, il publia en janvier 1826 un Olivier anonyme, dont une première édition à Francfort prétendait être de l'auteur d'Ourika et d'Édouard; la duchesse démentit l'attribution, et décida de ne pas publier le sien. Stendhal s'inspira de ce qu'il savait de ce roman inédit pour son roman sur l'impuissance, Armance, nommant d'abord son héros Olivier, puis Octave. Il fallut attendre 1971 pour lire l'Olivier de Mme de Duras d'après une première ébauche (édition de Mme Denise Virieux, chez José Corti), et 2007 pour le lire dans une version plus complète, établie d'après le présent manuscrit par Mme Marie-Bénédicte Diethelm (Gallimard, «Folio classique»)]. Ce manuscrit est une mise au net soignée, présentant de nombreuses petites corrections ou variantes, avec des additions et quelques lignes biffées; à deux endroits, la reprise du texte fut suffisamment importante pour faire l'objet d'un béquet et de deux feuillets intercalaires. Le texte se compose de trois parties d'égale longueur et d'une conclusion avec note. L'intrigue fut sans doute inspirée par le drame qu'avait connu, en 1818, la duchesse de Duras: à trois jours de la signature du contrat de mariage de sa fille cadette Clara avec Astolphe de Custine, ce dernier rompit ses fiançailles par une lettre à la duchesse. Olivier, ou le Secret, est le fruit des observations et conjectures de Mme de Duras. Du reste, l'intérêt du public pour l'ex-fiancé de Clara ne pouvait qu'être attisé par l'agression mystérieuse dont celui-ci fut victime en 1824, puis par Aloys (1829), roman à clefs dans lequel Custine présenta sa rupture comme un acte d'indépendance face aux intrigues de la duchesse et ses complices. Dans Olivier, ou le Secret, l'obstacle au mariage reste une énigme. Pressé par sa cousine et amie, Louise de Nangis, Olivier se dit prêt à révéler son «secret fatal»: «Je peux te confier ce secret il n'intéresse que moi, il ne regarde que moi, et l'honneur ne me défend pas de le révéler», etc. (III, vi). Mais ce langage obscur, et la mélancolie persistante d'Olivier, amènent une réponse audacieuse: «Olivier! Dis un mot; et Louise qui n'a jamais vécu que pour toi, immolera sa vertu à ton bonheur, et son repos à ta vie; mais que du moins, ce sacrifice te rende à toi-même, qu'en me perdant, je te sauve, et alors je supporterai avec courage la honte et mon propre mépris. - Cachée, ignorée, je vivrai pour toi seul [...], je n'aurai dans ma retraite que le regret de la vertu» (III, xx)... Le dénouement dramatique de leurs amours sera suivi de cette «Note»: «On n'a jamais su le secret d'Olivier. Quelques personnes ont répandu dans le monde qu'il avoit eu des raisons de se croire le frere de Mde de Nangis. Cette conjecture a paru probable, mais elle est demeurée sans preuve, comme toutes celles auxquelles cette déplorable aventure a donné lieu». On joint une vingtaine de pages de brouillons (dont un au dos d'une lettre du chevalier Lemoine, officier garde-vaisselle de la Maison du Roi, 14 octobre 1822); plus une copie mise au net complète (271 pages petit in-4 en cahiers)