Beschreibung:

Lettre autographe signée « Ch. Baudelaire » à Auguste Poulet-Malassis. S.l., 13 avril 1858. 2 pp. in-12, adresse au dos. « Je suis revenu à Paris il y a une semaine, je me suis remis à mes Confessions du mangeur, tout de suite [seconde partie de ses paradis artificiels à paraître en 1860]. Je désirerais que vous me répondiez ce soir... pour me dire quel jour vous venez à Paris, parce que je veux faire en sorte que le manuscrit soit terminé pour votre arrivée. Nous arrangerions tout de suite cette bêtise de délégation qui me permettra enfin de partir pour Honfleur, et en même temps vous pourriez, si cela vous amusait, prendre connaissance du chef-d'oeuvre en question. J'ai reçu à Corbeil votre lettre. Je n'ai trouvé aucune gravure à Paris ; c'est un paquet égaré dans une gare. Quant aux autographes, je me propose depuis longtemps de mettre tous mes papiers en ordre, et alors je vous donnerai tout ce que vous voudrez [Baudelaire collectionnait les gravures et Poulet-Malassis les autographes, d'où les échanges entre eux]. Avez-vous été gratifié d'une diminution d'amende ? Rapetti ne s'est-il pas occupé de cela ? [Baudelaire avait bénéficié d'une remise de son amende pour la condamnation des Fleurs du mal de 300 à 50 francs, mais Poulet-Malassis paya entièrement son amende de 100 francs]... L'Arthur Gordon Pym est au brochage ; si toutefois vous vous intéressez encore aux livres qui ne sont pas à vous. J'ai eu hier à l'Intérieur une conversation relative aux 270 exemplaires [les exemplaires des Fleurs du mal qui avaient été saisis]. ça se présente mal. Je vous raconterai cela... » Auguste Poulet-Malassis (1825-1878), issu d'une dynastie d'imprimeurs alençonnais, suivit d'abord des études à l'École des Chartes, qu'il interrompit un temps pour défendre ses idées républicaines en 1848 (il connut alors la prison) puis définitivement pour fréquenter la Bohème littéraire parisienne. C'est durant cette période qu'il rencontra Baudelaire (1850). Il se fixa à Alençon en 1852, travaillant dans l'entreprise familiale, et en prit la direction avec son beau-frère de Broise à la fin de 1856. Il n'oublia pas alors de publier ses amis, dont Baudelaire, mais, après le procès des Fleurs du mal et des ennuis en cascade, il se sépara de de Broise et dut faire 5 mois de prison pour dette (1862-1863). Il s'exila alors en Belgique (1863) où il publia des oeuvres licencieuses et pamphlétaires, et où Baudelaire le rejoignit bientôt. Il ne rentra qu'après l'amnistie de 1869. Il consacra la fin de sa vie à des travaux d'érudition.