Lettre autographe signée à Joseph Autran. Weimar, 7 août 1852. 4 pp. in-8. Belle lettre sur son choeur Les Quatre éléments et sur son poème symphonique Les Préludes, tous deux inspirés de poèmes de Joseph Autran. Lors du premier passage de Liszt à Marseille, Joseph Autran lui offrit une suite de quatre poèmes, «La terre», «Les aquilons», «Les flots», «Les astres». Liszt conçut alors l'idée d'une oeuvre chorale pour voix d'hommes avec accompagnement de piano, Les Quatre éléments, et composa immédiatement la musique pour le poème «Les aquilons»: il en dirigea au piano la création à Marseille même lors de son dernier concert le 6 août 1844. Il compléta jusqu'en 1845 cette suite musicale avec les choeurs des trois autres parties, mais ne la publia ni ne la fit interpréter de son vivant. En revanche, il y ajouta encore en 1848 une ouverture symphonique qui utilise le thème principal du choeur «Les Aquilons», mais il lui donna une vie indépendante: il calqua en effet un nouveau «programme» poétique sur cette ouverture qu'il intitula alors Les Préludes, à l'imitation de la quinzième des Nouvelles méditations poétiques de Lamartine, et en affirmant en introduction que la vie n'est autre chose qu'une «série de préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note». Achevés en 1853, Les Préludes furent créés à Weimar le 23 février 1854. Liszt évoque également le recueil d'Autran Les Poèmes de la mer, qui, paru en 1852 (Paris, Michel Lévy frères), comprend notamment une pièce intitulée «À Franz Liszt». «Votre lettre et le beau volume de vos Poèmes de la mer m'ont fait un très grandplaisir, et je vous remercie bien cordialement de votre aimable preuve de votre bon souvenir. Il semble que vous ayez deviné que la mer devait me manquer beaucoup ici et que vous ayez voulu y suppléer par une de ces généreuses libéralités dont les poètes sont seuls capables. En effet, vos vers me tiendront lieu de cette sublime société, de ces infinis horizons, de ces irrétrouvables harmonies, qui m'étaient devenues familières durant mes voyages, et c'est avec vous que je les évoquerai désormais! Dès la première feuille j'ai été charmé de retrouver plusieurs strophes que j'avais composées autrefois et que je compte vous faire entendre lorsque je reviendrai à Paris. Vous vous souvenezpeut-être m'avoir confié à Marseille quatre textes - "Les flots", "Les bois", "Les astres", "Les autans". J'en ai achevé la musique ily a longtemps, et en les orchestrant, l'idée me prit d'y joindre une assezlongue ouverture. Nous en ferons quelque chose à quelque beau jour; malheureusement la musique ne prend vie que par l'exécution et il n'est pas toujours aisé d'un personnel suffisant pour ce genre de composition qui ne s'adapte qu'à des programmes de concerts peu fréquents. Permettez-moi de vous féliciter bien sincèrement de votre mariage avec madame Fitch [Clémence Bec, veuve de Douglas Fitch] et veuillez bien, je vous prie, vous charger de mes bien affectueux souvenirs, remerciemens, et hommages pour madame Autran. Il me sera bien agréable de venir les lui renouveller à Paris ou à Belle-Ombre et ne manquerai pas, alors, de lui faire un itinéraire pour votre voyage en Allemagne. Tout aux portes de Weymar vous trouveriezla forêt de Thuringe, renommée pour les beaux points de vue, et la Wartbourg qui conserve ses traditions de combats de poètes. Peut-être vous laisserez-vous tenter un jour de visiter ces contrées et me ferez-vous l'amitié de venir passer quelques jours avec moi et causer tout à l'aise de nos Flots...
Lettre autographe signée à Joseph Autran. Weimar, 7 août 1852. 4 pp. in-8. Belle lettre sur son choeur Les Quatre éléments et sur son poème symphonique Les Préludes, tous deux inspirés de poèmes de Joseph Autran. Lors du premier passage de Liszt à Marseille, Joseph Autran lui offrit une suite de quatre poèmes, «La terre», «Les aquilons», «Les flots», «Les astres». Liszt conçut alors l'idée d'une oeuvre chorale pour voix d'hommes avec accompagnement de piano, Les Quatre éléments, et composa immédiatement la musique pour le poème «Les aquilons»: il en dirigea au piano la création à Marseille même lors de son dernier concert le 6 août 1844. Il compléta jusqu'en 1845 cette suite musicale avec les choeurs des trois autres parties, mais ne la publia ni ne la fit interpréter de son vivant. En revanche, il y ajouta encore en 1848 une ouverture symphonique qui utilise le thème principal du choeur «Les Aquilons», mais il lui donna une vie indépendante: il calqua en effet un nouveau «programme» poétique sur cette ouverture qu'il intitula alors Les Préludes, à l'imitation de la quinzième des Nouvelles méditations poétiques de Lamartine, et en affirmant en introduction que la vie n'est autre chose qu'une «série de préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note». Achevés en 1853, Les Préludes furent créés à Weimar le 23 février 1854. Liszt évoque également le recueil d'Autran Les Poèmes de la mer, qui, paru en 1852 (Paris, Michel Lévy frères), comprend notamment une pièce intitulée «À Franz Liszt». «Votre lettre et le beau volume de vos Poèmes de la mer m'ont fait un très grandplaisir, et je vous remercie bien cordialement de votre aimable preuve de votre bon souvenir. Il semble que vous ayez deviné que la mer devait me manquer beaucoup ici et que vous ayez voulu y suppléer par une de ces généreuses libéralités dont les poètes sont seuls capables. En effet, vos vers me tiendront lieu de cette sublime société, de ces infinis horizons, de ces irrétrouvables harmonies, qui m'étaient devenues familières durant mes voyages, et c'est avec vous que je les évoquerai désormais! Dès la première feuille j'ai été charmé de retrouver plusieurs strophes que j'avais composées autrefois et que je compte vous faire entendre lorsque je reviendrai à Paris. Vous vous souvenezpeut-être m'avoir confié à Marseille quatre textes - "Les flots", "Les bois", "Les astres", "Les autans". J'en ai achevé la musique ily a longtemps, et en les orchestrant, l'idée me prit d'y joindre une assezlongue ouverture. Nous en ferons quelque chose à quelque beau jour; malheureusement la musique ne prend vie que par l'exécution et il n'est pas toujours aisé d'un personnel suffisant pour ce genre de composition qui ne s'adapte qu'à des programmes de concerts peu fréquents. Permettez-moi de vous féliciter bien sincèrement de votre mariage avec madame Fitch [Clémence Bec, veuve de Douglas Fitch] et veuillez bien, je vous prie, vous charger de mes bien affectueux souvenirs, remerciemens, et hommages pour madame Autran. Il me sera bien agréable de venir les lui renouveller à Paris ou à Belle-Ombre et ne manquerai pas, alors, de lui faire un itinéraire pour votre voyage en Allemagne. Tout aux portes de Weymar vous trouveriezla forêt de Thuringe, renommée pour les beaux points de vue, et la Wartbourg qui conserve ses traditions de combats de poètes. Peut-être vous laisserez-vous tenter un jour de visiter ces contrées et me ferez-vous l'amitié de venir passer quelques jours avec moi et causer tout à l'aise de nos Flots...
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