Jean MERMOZ MANUSCRIT autographe, Joyeux ou tristes ?, [camp de Sainte-Marthe, Marseille, août-septembre 1921] ; 2 pages petit in-4 (feuillet quadrillé d'un cahier d'écolier ; qqs taches). RARE PAGE DE JOURNAL INTIME REDIGE PAR MERMOZ AU CAMP MILITAIRE DE SAINTE-MARTHE A MARSEILLE, EN ATTENDANT SON DEPART POUR LA SYRIE. [Le texte a été publié dans la revue Icare (III, 2001) sous une date inexacte.] Mermoz commence par évoquer ses " pauvres vieux mécanos piochant et labourant la terre sous un ciel d'enfer. Avec leurs casques coloniaux, leurs torses nus, imprégnés de sueur et de poussière, souillés de terre, ils ressemblaient plutôt à des punis de travaux publics qu'à des forçats ; pour moi je me suis considéré comme jouant le rôle de garde-chiourme ". Il transcrit alors la lettre que lui a dictée un Sénégalais pour son frère : " j'ai constaté combien le sentiment de la famille et de fraternité existe d'une façon incroyable et touchante chez ces grands enfants que l'on dit si peu civilisés "... Le 31 août, il peste contre la " vieille baderne " qui commande le camp, demandant " toujours de plus en plus de travail tandis que lui promène sa petite rondeur vaniteuse dans tous les coins et recoins du camp " ; et contre la nourriture mauvaise et peu abondante : " viande frigorifiée avariée presque immangeable, des fèves mal cuites, quatre amandes et un quart de pinard. [...] Pour des types habitués à un travail mécanique et n'ayant jamais été terrassiers, c'est vraiment moins que suffisant. De plus, il fait une chaleur excessive et de travailler sous ce soleil est loin d'être une sinécure "... Il évoque une lettre reçue (probablement d'une femme), à laquelle il répond en restant sur sa réserve : " Une sincère amitié demeure, un désir apaisé laisse une trace généralement superficielle et matérielle. Un caprice coûte souvent trop cher à la conscience ". Le 14 septembre, il note : " Je viens d'écrire à ma chère petite Maman. C'est mon unique plaisir vrai d'écrire à ceux que j'aime bien. Je ne sors pas le soir comme tous mes camarades. Pourquoi ? Je ne sais pas trop moi-même : le besoin d'une solitude morale que j'ai toujours affectionnée en est certainement la principale ". Il évoque ses vacances en Auvergne où, enfant, il aimait " grimper sur la montage, là tout seul, bien seul assis sous un pin, regardant vaguement le monde à mes pieds, je me perdais en rêveries toujours très tristes, mais bien délicieuses, j'écoutais avec béatitude le chant d'un oiseau solitaire sans faire un mouvement qui aurait pu briser l'enchantement et là ; bouche close, je me laissais glisser lentement dans l'Infini de la Nature, dans l'infini de mon âme. Tout disparaissait alentour et je n'entendais plus rien que moi-même. "
Jean MERMOZ MANUSCRIT autographe, Joyeux ou tristes ?, [camp de Sainte-Marthe, Marseille, août-septembre 1921] ; 2 pages petit in-4 (feuillet quadrillé d'un cahier d'écolier ; qqs taches). RARE PAGE DE JOURNAL INTIME REDIGE PAR MERMOZ AU CAMP MILITAIRE DE SAINTE-MARTHE A MARSEILLE, EN ATTENDANT SON DEPART POUR LA SYRIE. [Le texte a été publié dans la revue Icare (III, 2001) sous une date inexacte.] Mermoz commence par évoquer ses " pauvres vieux mécanos piochant et labourant la terre sous un ciel d'enfer. Avec leurs casques coloniaux, leurs torses nus, imprégnés de sueur et de poussière, souillés de terre, ils ressemblaient plutôt à des punis de travaux publics qu'à des forçats ; pour moi je me suis considéré comme jouant le rôle de garde-chiourme ". Il transcrit alors la lettre que lui a dictée un Sénégalais pour son frère : " j'ai constaté combien le sentiment de la famille et de fraternité existe d'une façon incroyable et touchante chez ces grands enfants que l'on dit si peu civilisés "... Le 31 août, il peste contre la " vieille baderne " qui commande le camp, demandant " toujours de plus en plus de travail tandis que lui promène sa petite rondeur vaniteuse dans tous les coins et recoins du camp " ; et contre la nourriture mauvaise et peu abondante : " viande frigorifiée avariée presque immangeable, des fèves mal cuites, quatre amandes et un quart de pinard. [...] Pour des types habitués à un travail mécanique et n'ayant jamais été terrassiers, c'est vraiment moins que suffisant. De plus, il fait une chaleur excessive et de travailler sous ce soleil est loin d'être une sinécure "... Il évoque une lettre reçue (probablement d'une femme), à laquelle il répond en restant sur sa réserve : " Une sincère amitié demeure, un désir apaisé laisse une trace généralement superficielle et matérielle. Un caprice coûte souvent trop cher à la conscience ". Le 14 septembre, il note : " Je viens d'écrire à ma chère petite Maman. C'est mon unique plaisir vrai d'écrire à ceux que j'aime bien. Je ne sors pas le soir comme tous mes camarades. Pourquoi ? Je ne sais pas trop moi-même : le besoin d'une solitude morale que j'ai toujours affectionnée en est certainement la principale ". Il évoque ses vacances en Auvergne où, enfant, il aimait " grimper sur la montage, là tout seul, bien seul assis sous un pin, regardant vaguement le monde à mes pieds, je me perdais en rêveries toujours très tristes, mais bien délicieuses, j'écoutais avec béatitude le chant d'un oiseau solitaire sans faire un mouvement qui aurait pu briser l'enchantement et là ; bouche close, je me laissais glisser lentement dans l'Infini de la Nature, dans l'infini de mon âme. Tout disparaissait alentour et je n'entendais plus rien que moi-même. "
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