Lot DetailsAuthenticity guaranteedAuthenticity guaranteedXXe siècle (lots 51 à 142)
[Internationale Lettriste] ─ Ivan ChtcheglovCorrespondance inédite adressée à Gaëtan M. Langlais.1956-1971.
Ensemble de 32 lettres autographes signées (sauf une de son épouse, Stella, et une autre, dactylographiée), en 73 p. sur 51 feuillets de formats divers (in-12 à grand in-4), 13 cartes postales, 8 enveloppes. Signées "Ivan", mais aussi "Un bien brave homme", "Votre cousin, un simple artiste", Alexander Raminagrobis", etc.Plusieurs lettres présentent des dessins originaux ; on trouve aussi : collages de citations dactylographiées de Straram, à utiliser pour la bande-son de leur projet de film ; 6 photographies, dont un de ses portraits ; une coupure de journal annotée.
Lettres inédites, d'une personnalité capitale de l’Internationale lettriste, à un autre membre, méconnu, du mouvement.
Avec une rare photographie de Guy Debord des dessins, deux textes inédits, et des notes sur un scénario par Gaëtan Langlais.
La marque indélébile de Chtcheglof sur Debord et l'Internationale lettriste. Ivan Chtcheglof (1933-1998) dit Gilles Ivain, eut une influence capitale sur Guy Debord sur l'Internationale lettriste, et même sur l'Internationale situationiste alors qu'il n'en fut jamais membre. "L'été dernier il n'y avait que Guy Debord impuissant, et Gilles Ivain – c'est lui qui a jeté toutes les bases de la nouvelle internationale, et a obtenu la synthèse qui leur permet aujourd'hui de croire en eux", expliquera Patrick Straram (lettre à J. Blot, 29 août 1954, citée par J.-M Apostolidès et B. Donné, p. 58).
Sa présence dans le groupe de l'I.L fut brève ─ juin 1953 à juin 1954 ─, mais percutante. Pendant un an, il forme avec Debord un binôme fusionnel : ils ont chacun trouvé un frère. Ils animent l'I.L. à eux-deux, pratiquent les "dérives", longues buveries à travers Paris, parfois avec Gaëtan Langlais (voir lot 91). C'est Ivan Chtcheglov qui invente le "Continent Contrescarpe" avant d'explorer les alentours : de cette exploration naîtra la "psychogéographie" chère plus tard aux membres de l'I.S. Ensemble, ils rêvent d'une société secrète, sorte de chevalerie nouvelle issue des rêveries médiévales d'Ivan Chtcheglov. Ils projettent de réaliser le quatrième numéro de l'Internationale lettriste, qui imposerait le mouvement sur l'avant-scène des avant-gardes ; Ivan compose alors son Formulaire pour un urbanisme nouveau, capital pour la "psychogéographie" et qui inspirera à Debord un Manifeste pour la revue. Ensemble aussi, ils font des "métagraphies", basées sur le détournement que Debord théorisera en 1956. Mais finalement les deux amis se séparent : Ivan devient trop mystique aux yeux de Debord qui, de son côté, qui a soif de plus de pouvoir et qui craint peut-être la rivalité de son ami. Ivan Chtcheglov s'éloignera du mouvement, gardant des contacts avec son camarade lettriste Gaëtan Langlais jusqu'en 1971.
Debord a reconnu une dette énorme envers Ivan Chtcheglov, faisant de lui un espèce de voyant dont les intuitions, en particulier la "psychogéographie", furent à l’origine des idées situationistes. En 1958, Debord rendra hommage à Chtcheglov en publiant (sans le consulter) son Formulaire pour un urbanisme nouveau, dans le premier numéro de l’Internationale situationiste, puis quelques lettres de son ancien ami dans la revue situationniste, sous le titre "Lettres de loin". En 1959, les Mémoires de Debord peuvent se lire comme un hommage aux "dérives" dans Paris avec ses deux amis Ivan Chtcheglov et Gaëtan Langlais.
Deux anciens de l'I.L. Cette correspondance avec Gaëtan Langlais commence en 1956, après qu'ils aient quitté l'Internationale lettriste ─ abandon qui sera présenté par le mouvement comme une exclusion. Ivan Chtcheglov cherche à peindre et à écrire, il se marie en septembre 1956, et fréquente assidûment Gaëtan Langlais, qui a comme lui quitté l’Internationale lettriste. Sa santé mentale vacillante est souvent au centre des échanges. À l’automne 1956, il est à la campagne en Moselle, et décrit son travail artistique : "débordé d’idées géniales de toiles à faire", il est paralysé mais va "se laisser aller à faire n’importe quoi, couvrir des centimètres" ; il a aussi des idées de films, qu’il voudrait réaliser avec Straram et Langlais (20 octobre 1956), et demande à son ami un début de synopsis (voir infra, lettres jointes). Le 23 octobre, il lui envoie ses "Réflexions cinématographiques", longue lettre commentant le projet de film de Langlais, en suggérant des musiques, bruitages ; il annonce : "CAPITAL. Le complexe de castration. Il ne faut pas le louper, celui-là", et imagine une scène où une fille nue qui porterait deux masques, dont un sur le sexe, couperait des "carottes sur une belle planche à découper avec un énorme couteau de cuisine" ; il évoque ce qu’il appelle la "bouillie" cinématographique, une "succession d’images prises au hasard, très rapides, entrecoupées de dessins filmés [lettre illustrée de ces dessins] et accompagnée de musique ainsi conçue : deux mesures d’un disque, deux mesures d’un autre, trois mesures d’un troisième" et suggère comme titre au film : 'Une fessée bien méritée' " (23 octobre 1956). Il décrit ses conditions précaires, sa privation d’eau et de charbon, et déclare consacrer ses journées à l’art : "Je vais manquer d’argent. Fichtre ! Je m’en moque un peu. Mais la peinture ? Avec deux mille Frcs par semaine je peux travailler ferme chaque jour. […] Je me moque de toute la peinture moderne."
En 1959, son état mental se détériore encore : victime d’une nouvelle crise psychotique, il agresse très violemment un homme, et est interné dans un hôpital psychiatrique, où il est déclaré schizophrène. La seule lettre de cette époque révèle un esprit perturbé : "Ivan correct. Pas méchant. Tout ça, c’est parce que papa, hein, et visite Jockey. MENACES MORT. Chérif. On me menace, MOI ? Ha ha ! Mais si parole donnée jamais recommencer alors Ivan gentil, pas boudeur." Ensuite, de la clinique expérimentale de La Chesnaie, dans le Loir-et-Cher, où il est interné volontairement, la correspondance reprend peu à peu. En mai [1959 ?], il décrit longuement sa vie dans cette clinique, dans laquelle, hélas, il doit travailler : "Moi je trouve ça idiot", et où il souhaite que son ami lui rende visite. En janvier 1960, il remercie Langlais de sa visite : "c’est généreux d’être venu. Tu peux revenir si tu veux, cela me sera utile et me rendra service […] Les beaux jours reviendront, que dire de plus ?" (18 janvier 1960). En 1961, il répète, optimiste : "Les beaux jours reviendront", et évoque un projet : la décoration "à faire dans le nouveau château en construction [celui de Rilly, près de sa clinique ?]. Beaucoup de moyens sur place, céramiques murales, four, etc… Mais presque rien dans la tête. […] Plus décoratifs et graphiques que profondément signifiant. C’est des malades, le public.", lettre écrite sur la gazette de la clinique qu’il envoie à son ami. Cette gazette (mai 1961, 9 pages ronéotypées) comporte, parmi les textes des malades de la clinique, un texte inédit d’Ivan Chtcheglov, "La grande soif (Wisky à gogo)" (absent des Écrits retrouvés), sorte de synopsis d’un film comique qui "l’est assez peu" et dont l’humour vient "du contraste entre l’importance donnée au manque de wisky". Une lettre de mars 1963 décrivant les céramiques qu’il a créées dans l’atelier de la clinique est pleine de hargne contre sa situation, son état mental. Ayant besoin d’argent, il n’ose en demander à son ami, mais lui propose de lui vendre des céramiques ("je fais actuellement et de plus en plus souvent des pièces de céramique émaillée ─ cendriers rhinocéros, mais pas méchants, affreuses petites bêtes, si affectueuses et peut-être bientôt quelques pièces teintées d’un érotique bon ton"). En mai 1963, il envoie 5 photographies (voir infra), dont l’une de lui-même (commentée au verso : "J’ai perdu 20 kilos depuis. Je change de tête une fois par semaine"), invective les psychiatres, annonce l’envoie de céramiques qu’il a réalisées, décrit ses progrès dans cet art ("au bout de 8 jours d’apprentissage j’étais plus doué pour la sculpture que pour la peinture"), qu'il doit pourtant abandonner : "On m’a tellement embêté avec la céramique (anti-social, isolement, complot contre la société) que je ne fais plus rien, ils ont gagné". Les dernières lettres, en 1971, expliquent ses changements de clinique, etc., avant que le contact ne s’éteigne, Ivan Chtcheglov sombrant toujours un peu plus dans la folie. Il meurt en 1998.
[On joint :]Photographie de Guy Debord avec Ivan Chtcheglov. [Vers 1954 ?]. Tirage argentique d’époque (82 x 57 mm). Les deux amis marchant sur un trottoir le long de Cluny, dans le 5e arrondissement. Annotation au verso de la main de Gaëtan Langlais. Ce cliché (peut-être pris par Ed van der Elsken ?) n’est pas reproduit dans Ivan Chtcheglov, profil perdu.
CHTCHEGLOV, Ivan. Trois portraits de Gaëtan Langlais. Dessins originaux, mine de plomb sur papier bleuté (environ 66 x 40 mm à 115 x 56 mm), titrés "Monsieur Marcel", "Monsieur Langlais" et "Docteur Langlais".
[CHTCHEGLOV, Ivan ?]. Fragments de recherches pour un traité des situations. [Fin 1953-début 1954].4 p. dactylographiées.Texte probablement inédit, vraisemblablement destiné à un numéro de l''I.L. jamais paru.Six corrections [d'Ivan Chtcheglov] au stylo-bille.Le texte vise de répondre à la la question : "Qu'est-ce qu'une situation ?". "Une situation est un état de fait synthétique qui emprunte ses éléments à la civilisation, le groupe, les personnages, le lieu géographique, les énergies et les objets qui la composent, mais qui pourtant diffèrent d'eux par son POUVOIR D’ACCÉLÉRATION PROPRE. Une situation est un tout unique, un être vivant qui naît, vit, prospère [...] Une situation est un système." Le texte évoque les "égregores", notion ésotérique souvent employé par Chtcheglov.Ce texte n'est pas repris dans les Écrits retrouvés de l'auteur.
CHTCHEGLOV, Ivan. Deux feuillets manuscrits (dont des notes pour un film).
LANGLAIS, Gaëtan. 3 lettres à Ivan Chtcheglov [Vers octobre 1956 ?].7 pages sur 8 feuillets grand in-8. Signées "Gaëtan".Elles évoquent principalement leurs projets de films, les lieux de tournage (cimetière), les projections possibles, etc. L’une est une réponse aux lettres des 22 et 23 octobre 1956.
LANGLAIS, Gaëtan. Synopsis pour un projet d’un film (intitulé La rue sans fin et la Mort à Roulettes ?). [Vers octobre 1956]. 11 pages grands in-4.Découpage en séquences de ce projet de court-métrage. Il s’agit peut-être des synopsis qu’Ivan Chcheglov a demandé de lui envoyer le 20 octobre 1956.Une page est annotée au stylo bille par Chcheglov.
Documents dactylographiés non identifiés (vers juillet 1958 et 1959).Condition reportFor further information on the condition of this lot please contact Benoit.Puttemans@sothebys.com ProvenanceGaëtan Langlais, membre du Lettrisme international en 1953-1954 (voir aussi lot 91).LiteratureJ.-M. Apostolidès et B. Donné, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Paris, Allia, 2006.
Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvés, éd. J.-M. Apostolidès et B. Donné, Paris, Allia, 2006.
Lot DetailsAuthenticity guaranteedAuthenticity guaranteedXXe siècle (lots 51 à 142)
[Internationale Lettriste] ─ Ivan ChtcheglovCorrespondance inédite adressée à Gaëtan M. Langlais.1956-1971.
Ensemble de 32 lettres autographes signées (sauf une de son épouse, Stella, et une autre, dactylographiée), en 73 p. sur 51 feuillets de formats divers (in-12 à grand in-4), 13 cartes postales, 8 enveloppes. Signées "Ivan", mais aussi "Un bien brave homme", "Votre cousin, un simple artiste", Alexander Raminagrobis", etc.Plusieurs lettres présentent des dessins originaux ; on trouve aussi : collages de citations dactylographiées de Straram, à utiliser pour la bande-son de leur projet de film ; 6 photographies, dont un de ses portraits ; une coupure de journal annotée.
Lettres inédites, d'une personnalité capitale de l’Internationale lettriste, à un autre membre, méconnu, du mouvement.
Avec une rare photographie de Guy Debord des dessins, deux textes inédits, et des notes sur un scénario par Gaëtan Langlais.
La marque indélébile de Chtcheglof sur Debord et l'Internationale lettriste. Ivan Chtcheglof (1933-1998) dit Gilles Ivain, eut une influence capitale sur Guy Debord sur l'Internationale lettriste, et même sur l'Internationale situationiste alors qu'il n'en fut jamais membre. "L'été dernier il n'y avait que Guy Debord impuissant, et Gilles Ivain – c'est lui qui a jeté toutes les bases de la nouvelle internationale, et a obtenu la synthèse qui leur permet aujourd'hui de croire en eux", expliquera Patrick Straram (lettre à J. Blot, 29 août 1954, citée par J.-M Apostolidès et B. Donné, p. 58).
Sa présence dans le groupe de l'I.L fut brève ─ juin 1953 à juin 1954 ─, mais percutante. Pendant un an, il forme avec Debord un binôme fusionnel : ils ont chacun trouvé un frère. Ils animent l'I.L. à eux-deux, pratiquent les "dérives", longues buveries à travers Paris, parfois avec Gaëtan Langlais (voir lot 91). C'est Ivan Chtcheglov qui invente le "Continent Contrescarpe" avant d'explorer les alentours : de cette exploration naîtra la "psychogéographie" chère plus tard aux membres de l'I.S. Ensemble, ils rêvent d'une société secrète, sorte de chevalerie nouvelle issue des rêveries médiévales d'Ivan Chtcheglov. Ils projettent de réaliser le quatrième numéro de l'Internationale lettriste, qui imposerait le mouvement sur l'avant-scène des avant-gardes ; Ivan compose alors son Formulaire pour un urbanisme nouveau, capital pour la "psychogéographie" et qui inspirera à Debord un Manifeste pour la revue. Ensemble aussi, ils font des "métagraphies", basées sur le détournement que Debord théorisera en 1956. Mais finalement les deux amis se séparent : Ivan devient trop mystique aux yeux de Debord qui, de son côté, qui a soif de plus de pouvoir et qui craint peut-être la rivalité de son ami. Ivan Chtcheglov s'éloignera du mouvement, gardant des contacts avec son camarade lettriste Gaëtan Langlais jusqu'en 1971.
Debord a reconnu une dette énorme envers Ivan Chtcheglov, faisant de lui un espèce de voyant dont les intuitions, en particulier la "psychogéographie", furent à l’origine des idées situationistes. En 1958, Debord rendra hommage à Chtcheglov en publiant (sans le consulter) son Formulaire pour un urbanisme nouveau, dans le premier numéro de l’Internationale situationiste, puis quelques lettres de son ancien ami dans la revue situationniste, sous le titre "Lettres de loin". En 1959, les Mémoires de Debord peuvent se lire comme un hommage aux "dérives" dans Paris avec ses deux amis Ivan Chtcheglov et Gaëtan Langlais.
Deux anciens de l'I.L. Cette correspondance avec Gaëtan Langlais commence en 1956, après qu'ils aient quitté l'Internationale lettriste ─ abandon qui sera présenté par le mouvement comme une exclusion. Ivan Chtcheglov cherche à peindre et à écrire, il se marie en septembre 1956, et fréquente assidûment Gaëtan Langlais, qui a comme lui quitté l’Internationale lettriste. Sa santé mentale vacillante est souvent au centre des échanges. À l’automne 1956, il est à la campagne en Moselle, et décrit son travail artistique : "débordé d’idées géniales de toiles à faire", il est paralysé mais va "se laisser aller à faire n’importe quoi, couvrir des centimètres" ; il a aussi des idées de films, qu’il voudrait réaliser avec Straram et Langlais (20 octobre 1956), et demande à son ami un début de synopsis (voir infra, lettres jointes). Le 23 octobre, il lui envoie ses "Réflexions cinématographiques", longue lettre commentant le projet de film de Langlais, en suggérant des musiques, bruitages ; il annonce : "CAPITAL. Le complexe de castration. Il ne faut pas le louper, celui-là", et imagine une scène où une fille nue qui porterait deux masques, dont un sur le sexe, couperait des "carottes sur une belle planche à découper avec un énorme couteau de cuisine" ; il évoque ce qu’il appelle la "bouillie" cinématographique, une "succession d’images prises au hasard, très rapides, entrecoupées de dessins filmés [lettre illustrée de ces dessins] et accompagnée de musique ainsi conçue : deux mesures d’un disque, deux mesures d’un autre, trois mesures d’un troisième" et suggère comme titre au film : 'Une fessée bien méritée' " (23 octobre 1956). Il décrit ses conditions précaires, sa privation d’eau et de charbon, et déclare consacrer ses journées à l’art : "Je vais manquer d’argent. Fichtre ! Je m’en moque un peu. Mais la peinture ? Avec deux mille Frcs par semaine je peux travailler ferme chaque jour. […] Je me moque de toute la peinture moderne."
En 1959, son état mental se détériore encore : victime d’une nouvelle crise psychotique, il agresse très violemment un homme, et est interné dans un hôpital psychiatrique, où il est déclaré schizophrène. La seule lettre de cette époque révèle un esprit perturbé : "Ivan correct. Pas méchant. Tout ça, c’est parce que papa, hein, et visite Jockey. MENACES MORT. Chérif. On me menace, MOI ? Ha ha ! Mais si parole donnée jamais recommencer alors Ivan gentil, pas boudeur." Ensuite, de la clinique expérimentale de La Chesnaie, dans le Loir-et-Cher, où il est interné volontairement, la correspondance reprend peu à peu. En mai [1959 ?], il décrit longuement sa vie dans cette clinique, dans laquelle, hélas, il doit travailler : "Moi je trouve ça idiot", et où il souhaite que son ami lui rende visite. En janvier 1960, il remercie Langlais de sa visite : "c’est généreux d’être venu. Tu peux revenir si tu veux, cela me sera utile et me rendra service […] Les beaux jours reviendront, que dire de plus ?" (18 janvier 1960). En 1961, il répète, optimiste : "Les beaux jours reviendront", et évoque un projet : la décoration "à faire dans le nouveau château en construction [celui de Rilly, près de sa clinique ?]. Beaucoup de moyens sur place, céramiques murales, four, etc… Mais presque rien dans la tête. […] Plus décoratifs et graphiques que profondément signifiant. C’est des malades, le public.", lettre écrite sur la gazette de la clinique qu’il envoie à son ami. Cette gazette (mai 1961, 9 pages ronéotypées) comporte, parmi les textes des malades de la clinique, un texte inédit d’Ivan Chtcheglov, "La grande soif (Wisky à gogo)" (absent des Écrits retrouvés), sorte de synopsis d’un film comique qui "l’est assez peu" et dont l’humour vient "du contraste entre l’importance donnée au manque de wisky". Une lettre de mars 1963 décrivant les céramiques qu’il a créées dans l’atelier de la clinique est pleine de hargne contre sa situation, son état mental. Ayant besoin d’argent, il n’ose en demander à son ami, mais lui propose de lui vendre des céramiques ("je fais actuellement et de plus en plus souvent des pièces de céramique émaillée ─ cendriers rhinocéros, mais pas méchants, affreuses petites bêtes, si affectueuses et peut-être bientôt quelques pièces teintées d’un érotique bon ton"). En mai 1963, il envoie 5 photographies (voir infra), dont l’une de lui-même (commentée au verso : "J’ai perdu 20 kilos depuis. Je change de tête une fois par semaine"), invective les psychiatres, annonce l’envoie de céramiques qu’il a réalisées, décrit ses progrès dans cet art ("au bout de 8 jours d’apprentissage j’étais plus doué pour la sculpture que pour la peinture"), qu'il doit pourtant abandonner : "On m’a tellement embêté avec la céramique (anti-social, isolement, complot contre la société) que je ne fais plus rien, ils ont gagné". Les dernières lettres, en 1971, expliquent ses changements de clinique, etc., avant que le contact ne s’éteigne, Ivan Chtcheglov sombrant toujours un peu plus dans la folie. Il meurt en 1998.
[On joint :]Photographie de Guy Debord avec Ivan Chtcheglov. [Vers 1954 ?]. Tirage argentique d’époque (82 x 57 mm). Les deux amis marchant sur un trottoir le long de Cluny, dans le 5e arrondissement. Annotation au verso de la main de Gaëtan Langlais. Ce cliché (peut-être pris par Ed van der Elsken ?) n’est pas reproduit dans Ivan Chtcheglov, profil perdu.
CHTCHEGLOV, Ivan. Trois portraits de Gaëtan Langlais. Dessins originaux, mine de plomb sur papier bleuté (environ 66 x 40 mm à 115 x 56 mm), titrés "Monsieur Marcel", "Monsieur Langlais" et "Docteur Langlais".
[CHTCHEGLOV, Ivan ?]. Fragments de recherches pour un traité des situations. [Fin 1953-début 1954].4 p. dactylographiées.Texte probablement inédit, vraisemblablement destiné à un numéro de l''I.L. jamais paru.Six corrections [d'Ivan Chtcheglov] au stylo-bille.Le texte vise de répondre à la la question : "Qu'est-ce qu'une situation ?". "Une situation est un état de fait synthétique qui emprunte ses éléments à la civilisation, le groupe, les personnages, le lieu géographique, les énergies et les objets qui la composent, mais qui pourtant diffèrent d'eux par son POUVOIR D’ACCÉLÉRATION PROPRE. Une situation est un tout unique, un être vivant qui naît, vit, prospère [...] Une situation est un système." Le texte évoque les "égregores", notion ésotérique souvent employé par Chtcheglov.Ce texte n'est pas repris dans les Écrits retrouvés de l'auteur.
CHTCHEGLOV, Ivan. Deux feuillets manuscrits (dont des notes pour un film).
LANGLAIS, Gaëtan. 3 lettres à Ivan Chtcheglov [Vers octobre 1956 ?].7 pages sur 8 feuillets grand in-8. Signées "Gaëtan".Elles évoquent principalement leurs projets de films, les lieux de tournage (cimetière), les projections possibles, etc. L’une est une réponse aux lettres des 22 et 23 octobre 1956.
LANGLAIS, Gaëtan. Synopsis pour un projet d’un film (intitulé La rue sans fin et la Mort à Roulettes ?). [Vers octobre 1956]. 11 pages grands in-4.Découpage en séquences de ce projet de court-métrage. Il s’agit peut-être des synopsis qu’Ivan Chcheglov a demandé de lui envoyer le 20 octobre 1956.Une page est annotée au stylo bille par Chcheglov.
Documents dactylographiés non identifiés (vers juillet 1958 et 1959).Condition reportFor further information on the condition of this lot please contact Benoit.Puttemans@sothebys.com ProvenanceGaëtan Langlais, membre du Lettrisme international en 1953-1954 (voir aussi lot 91).LiteratureJ.-M. Apostolidès et B. Donné, Ivan Chtcheglov, profil perdu, Paris, Allia, 2006.
Ivan Chtcheglov, Écrits retrouvés, éd. J.-M. Apostolidès et B. Donné, Paris, Allia, 2006.
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