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Auction archive: Lot number 34

Huysmans, Joris-Karl

Estimate
€5,000 - €7,000
ca. US$5,364 - US$7,510
Price realised:
n. a.
Auction archive: Lot number 34

Huysmans, Joris-Karl

Estimate
€5,000 - €7,000
ca. US$5,364 - US$7,510
Price realised:
n. a.
Beschreibung:

Huysmans, Joris-Karl13 lettres autographes signées à Vittorio Pica.[19 mars 1884 - 17 mai 1892]. 40 pages in-8 ou in-12, 11 enveloppes à l’adresse de Pica à Naples (marques postales) et une carte-lettre avec adresse ; une lettre de 1885 présente des entailles de désinfection. Exceptionnelle correspondance littéraire à un critique napolitain, francophile, ami d’Edmond de Goncourt, grand défenseur des écrivains symbolistes et auteur de nombreuses études sur la littérature moderne et l'histoire de l'art. Huysmans salue à plusieurs reprises la lutte dévouée que Pica mène pour l’art "véritable", lui faisant part de ses propres goûts et dégoûts, citant Verlaine, Mallarmé, Villiers de l’Isle Adam, autant que Paul Bourget, Camille Lemonnier, Joséphin Péladan ou Georges Ohnet. Dans la première lettre, il commente ses propres livres à l’intention de Pica qui s’est montré trop indulgent, selon lui, pour Marthe : "ça manque tellement de développement ce livre ; je l’ai fait trop jeune et le regrette, car maintenant ce serait superbe à traiter autrement". Il va lui faire envoyer À Rebours : "ce livre très-bizarre, en dehors de tout, vous plaira peut-être ; quelqu’étranger qu’il puisse être il est vrai, le héros existe, c’est un des grands noms de France". Et dressant sa bibliographie : "ça se borne là ! Il est vrai que c’est si long à faire un roman quand on essaie de le bourrer de moelle le plus qu’on peut ; ça devient alors un travail d’une année ou deux, sans trêve". Huÿsmans est sans pitié pour les œuvres de Vast-Ricouard (pseudonyme de Raoul Vast and Gustave Ricouard) : "ce sont des cacographes – sans aucun talent – ils n’ont même pas tenté le naturalisme […] des journalistes affamés de réclame qui ont tout essayé pour vendre leurs livres".En juin 1884, À Rebours est paru et Huymans se dit soulagé d’avoir achevé ce livre. "Je vais me débarbouiller un peu l’intellect en me mettant à de simples nouvelles […] histoire de varier un peu les notes". Il se fait l’écho des articles déjà parus qui parlent de son roman comme d’un livre malsain et stupéfiant, catholique et sensuel : "Voilà ! Ils tournent là-dessus comme des chevaux de bois". "Si je n’ai pas les ventes copieuses des Sœurs Vatard et d’En ménage, j’ai bien quelque chose qui console, c’est un succès artiste, puis un remuement curieux et inattendu de la jeunesse littéraire autour de ce livre". Il donne son avis sur L’Irréparable de Paul Bourget, y reconnaissant un esprit curieux et distingué "mais gâté par une médiocre langue grise et par des coins à la Feuillet, de fausse élégance, de femmes éthérées insupportables". La vraie justice littéraire serait de parler de Madame X du trop peu connu Albert Pinard, un des meilleurs livres qu’on ait fait paraître depuis longtemps. Tout comme Camille Lemonnier "ce sont gens à soutenir par les temps où les Ohnet dominent ! Gens artistes et en dehors de la vulgarité ambiante – C’est beaucoup, allez, à Paris, par les époques américaines qui courent".En septembre suivant, il a lu l’étude de Pica sur Verlaine qu’il estime très compréhensive et acérée : "Dire qu’en France, à l’heure actuelle, il n’y a pas 10 personnes capables de comprendre ce rare poète et de se rendre compte de la nouveauté qu’il a apportée, en art, avec quelques-unes de ses bonnes pièces". Quant à Mallarmé, il lui suggère de s’intéresser à sa traduction des poésies d’Edgar Poe qui va paraître chez Vanier, "ce sera chose non négligeable dans l’œuvre de Mallarmé".[3 novembre 1884] - "Ici à Paris, rien de neuf, la monotonie parfaite. Tout est à l’odieuse politique, au Tonkin, aux diplomaties de l’Angleterre et de la Prusse". Il a lu Songes de Francis Poictevin auquel il n’a rien compris et qui lui a fait l’effet d’une caricature du dernier des Goncourt, mais il indique deux autres livres à découvrir : L'élève Gendrevin de Robert Caze et Le Vice suprême de Joséphin Péladan, "un catholique genre Barbey d’Aurevilly, mêlé à de la magie – Et ça se lit, car il y a une langue et des idées étranges".En août 1885, il lui promet de lui faire parvenir l’édition augmentée des Croquis parisiens ainsi qu’un recueil intégrant À vau-l’eau. "En attendant, je pars au château de Lourps, château inhabité depuis des ans et que le possesseur met à ma disposition. Je vais voir à boire un peu d’air et à apaiser par de longues marches, mon système nerveux".L’année suivante, c’est L’Eve future de Villiers de l’Isle-Adam qu’il recommande : "il y a des pages superbes et une qualité d’imagination ironique vraiment unique. Lisez si ce n’est fait. C’est un des beaux livres de l’époque"."J’ai lu, ce que j’ai pu comprendre de votre étude sur Mallarmé, cela m’a paru très-serré et très-juste. Quant à Villiers, c’est un grand écrivain qui mérite un bel article", et Huysmans suggère à Pica de demander aux éditeurs les livres de cet auteur, difficilement trouvables en librairie.En 1889, il va lui envoyer son livre [Certains] sur Moreau, Degas, Whistler, Rops "d’assez longues études qui vous intéresseront j’espère". Il a appris par Goncourt que Pica avait dû faire un stage dans l’armée : "Quand on a la cervelle occupée par de moins viles choses, quelle dégoûtation que ces métiers-là – qui ne doivent pas être moins bêtes en Italie qu’en France".Et toujours le félicitant et le remerciant de son dévouement à la cause littéraire : "Vous êtes un fidèle, vous, et par ces temps de pannuflisme, un des rares qui soutenez la littérature hors de l’industrie" [11 janvier 1890]. Et dans une autre lettre, non datée, Huysmans condamne avec force l’hypocrisie qui règne sans doute autant en France qu’en Italie : "Songez donc que nous sommes perpétuellement menacés de la police, de saisie, de condamnations, que, depuis que j’écris, je suis traîné personnellement et plus que tout autre dans un lac de boue, par la presse à quelque nuance qu’elle appartienne. Cela ne me déplaît pas, à dire vrai, mon mépris pour l’humanité étant absolument celui de mon des Esseintes mais, comme vous voyez l’Italie n’a rien à envier à la France au point de vue de la tartufferie prudhommesque. Ça se vaut – le bourgeois est éternel, domine comme un radieux étron le pays où il a pignon sur rue et est électeur – rien à faire. Il y a 99 imbéciles sur 100. Le mieux est de vivre à l’écart, avec quelques bons amis et de fermer la porte le plus possible, à la cohue qui vous envahit quand-même, hélas ! Mais je bavasse et ferais mieux de vous remercier, mon cher Pica, de tout le mal que vous vous donnez pour faire comprendre en Italie que nous avons peut-être autant de talent que l’abject Ohnet et que le répugnant Déroulède, l’homme au patriotisme niais… et fructueux"."J’ai reçu l’Arte aristocratica […] frère jumeau des Croquis Parisiens, en son format et son vert pâle de laque. J’y ai retrouvé votre étude sur À Rebours et une fois de plus – mais je ne suis plus à la compter, tant il en est – je vous remercie pour toute la sympathie littéraire que vous me témoignez" [17 mai 1892]. [On joint :]Lettre autographe signée à Félix Fénéon [octobre 1885] (1 p. in-12). Il ne peut se dessaisir de ses exemplaires des Fêtes galantes et de La Bonne Chanson "par ce simple motif que je travaille dessus ainsi que sur Mallarmé et Laforgue pour des pages demandées par Vannier [sic]. Que le bon Pica ne compte donc pas sur moi, pour les bouquins de ces rares auteurs – que je culotte !". FÉNÉON, Félix. Lettre autographe signée à Vittorio Pica. 17 octobre 1885 (2 p. in-12, enveloppe). À propos des livres de Verlaine recherchés par Pica. "Vignier est à la recherche de la Bonne chanson et Moréas à la recherche des Fêtes galantes. Je les stimule quotidiennement ; mais ils n’ont encore rien trouvé, ni moi non plus". Correspondance très probablement inédite, seulement trois autres lettres de Huysmans à Pica sont conservées dans le fonds Lambert de la bibliothèque de l'Arsenal. Nous remercions Mme Francesca Guglielmi de nous avoir confirmé le caractère inédit et quasi inconnu de cette correspondance. 

Auction archive: Lot number 34
Auction:
Datum:
27 Jun 2024
Auction house:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
United Kingdom
+44 (0)20 7293 5000
+44 (0)20 7293 5989
Beschreibung:

Huysmans, Joris-Karl13 lettres autographes signées à Vittorio Pica.[19 mars 1884 - 17 mai 1892]. 40 pages in-8 ou in-12, 11 enveloppes à l’adresse de Pica à Naples (marques postales) et une carte-lettre avec adresse ; une lettre de 1885 présente des entailles de désinfection. Exceptionnelle correspondance littéraire à un critique napolitain, francophile, ami d’Edmond de Goncourt, grand défenseur des écrivains symbolistes et auteur de nombreuses études sur la littérature moderne et l'histoire de l'art. Huysmans salue à plusieurs reprises la lutte dévouée que Pica mène pour l’art "véritable", lui faisant part de ses propres goûts et dégoûts, citant Verlaine, Mallarmé, Villiers de l’Isle Adam, autant que Paul Bourget, Camille Lemonnier, Joséphin Péladan ou Georges Ohnet. Dans la première lettre, il commente ses propres livres à l’intention de Pica qui s’est montré trop indulgent, selon lui, pour Marthe : "ça manque tellement de développement ce livre ; je l’ai fait trop jeune et le regrette, car maintenant ce serait superbe à traiter autrement". Il va lui faire envoyer À Rebours : "ce livre très-bizarre, en dehors de tout, vous plaira peut-être ; quelqu’étranger qu’il puisse être il est vrai, le héros existe, c’est un des grands noms de France". Et dressant sa bibliographie : "ça se borne là ! Il est vrai que c’est si long à faire un roman quand on essaie de le bourrer de moelle le plus qu’on peut ; ça devient alors un travail d’une année ou deux, sans trêve". Huÿsmans est sans pitié pour les œuvres de Vast-Ricouard (pseudonyme de Raoul Vast and Gustave Ricouard) : "ce sont des cacographes – sans aucun talent – ils n’ont même pas tenté le naturalisme […] des journalistes affamés de réclame qui ont tout essayé pour vendre leurs livres".En juin 1884, À Rebours est paru et Huymans se dit soulagé d’avoir achevé ce livre. "Je vais me débarbouiller un peu l’intellect en me mettant à de simples nouvelles […] histoire de varier un peu les notes". Il se fait l’écho des articles déjà parus qui parlent de son roman comme d’un livre malsain et stupéfiant, catholique et sensuel : "Voilà ! Ils tournent là-dessus comme des chevaux de bois". "Si je n’ai pas les ventes copieuses des Sœurs Vatard et d’En ménage, j’ai bien quelque chose qui console, c’est un succès artiste, puis un remuement curieux et inattendu de la jeunesse littéraire autour de ce livre". Il donne son avis sur L’Irréparable de Paul Bourget, y reconnaissant un esprit curieux et distingué "mais gâté par une médiocre langue grise et par des coins à la Feuillet, de fausse élégance, de femmes éthérées insupportables". La vraie justice littéraire serait de parler de Madame X du trop peu connu Albert Pinard, un des meilleurs livres qu’on ait fait paraître depuis longtemps. Tout comme Camille Lemonnier "ce sont gens à soutenir par les temps où les Ohnet dominent ! Gens artistes et en dehors de la vulgarité ambiante – C’est beaucoup, allez, à Paris, par les époques américaines qui courent".En septembre suivant, il a lu l’étude de Pica sur Verlaine qu’il estime très compréhensive et acérée : "Dire qu’en France, à l’heure actuelle, il n’y a pas 10 personnes capables de comprendre ce rare poète et de se rendre compte de la nouveauté qu’il a apportée, en art, avec quelques-unes de ses bonnes pièces". Quant à Mallarmé, il lui suggère de s’intéresser à sa traduction des poésies d’Edgar Poe qui va paraître chez Vanier, "ce sera chose non négligeable dans l’œuvre de Mallarmé".[3 novembre 1884] - "Ici à Paris, rien de neuf, la monotonie parfaite. Tout est à l’odieuse politique, au Tonkin, aux diplomaties de l’Angleterre et de la Prusse". Il a lu Songes de Francis Poictevin auquel il n’a rien compris et qui lui a fait l’effet d’une caricature du dernier des Goncourt, mais il indique deux autres livres à découvrir : L'élève Gendrevin de Robert Caze et Le Vice suprême de Joséphin Péladan, "un catholique genre Barbey d’Aurevilly, mêlé à de la magie – Et ça se lit, car il y a une langue et des idées étranges".En août 1885, il lui promet de lui faire parvenir l’édition augmentée des Croquis parisiens ainsi qu’un recueil intégrant À vau-l’eau. "En attendant, je pars au château de Lourps, château inhabité depuis des ans et que le possesseur met à ma disposition. Je vais voir à boire un peu d’air et à apaiser par de longues marches, mon système nerveux".L’année suivante, c’est L’Eve future de Villiers de l’Isle-Adam qu’il recommande : "il y a des pages superbes et une qualité d’imagination ironique vraiment unique. Lisez si ce n’est fait. C’est un des beaux livres de l’époque"."J’ai lu, ce que j’ai pu comprendre de votre étude sur Mallarmé, cela m’a paru très-serré et très-juste. Quant à Villiers, c’est un grand écrivain qui mérite un bel article", et Huysmans suggère à Pica de demander aux éditeurs les livres de cet auteur, difficilement trouvables en librairie.En 1889, il va lui envoyer son livre [Certains] sur Moreau, Degas, Whistler, Rops "d’assez longues études qui vous intéresseront j’espère". Il a appris par Goncourt que Pica avait dû faire un stage dans l’armée : "Quand on a la cervelle occupée par de moins viles choses, quelle dégoûtation que ces métiers-là – qui ne doivent pas être moins bêtes en Italie qu’en France".Et toujours le félicitant et le remerciant de son dévouement à la cause littéraire : "Vous êtes un fidèle, vous, et par ces temps de pannuflisme, un des rares qui soutenez la littérature hors de l’industrie" [11 janvier 1890]. Et dans une autre lettre, non datée, Huysmans condamne avec force l’hypocrisie qui règne sans doute autant en France qu’en Italie : "Songez donc que nous sommes perpétuellement menacés de la police, de saisie, de condamnations, que, depuis que j’écris, je suis traîné personnellement et plus que tout autre dans un lac de boue, par la presse à quelque nuance qu’elle appartienne. Cela ne me déplaît pas, à dire vrai, mon mépris pour l’humanité étant absolument celui de mon des Esseintes mais, comme vous voyez l’Italie n’a rien à envier à la France au point de vue de la tartufferie prudhommesque. Ça se vaut – le bourgeois est éternel, domine comme un radieux étron le pays où il a pignon sur rue et est électeur – rien à faire. Il y a 99 imbéciles sur 100. Le mieux est de vivre à l’écart, avec quelques bons amis et de fermer la porte le plus possible, à la cohue qui vous envahit quand-même, hélas ! Mais je bavasse et ferais mieux de vous remercier, mon cher Pica, de tout le mal que vous vous donnez pour faire comprendre en Italie que nous avons peut-être autant de talent que l’abject Ohnet et que le répugnant Déroulède, l’homme au patriotisme niais… et fructueux"."J’ai reçu l’Arte aristocratica […] frère jumeau des Croquis Parisiens, en son format et son vert pâle de laque. J’y ai retrouvé votre étude sur À Rebours et une fois de plus – mais je ne suis plus à la compter, tant il en est – je vous remercie pour toute la sympathie littéraire que vous me témoignez" [17 mai 1892]. [On joint :]Lettre autographe signée à Félix Fénéon [octobre 1885] (1 p. in-12). Il ne peut se dessaisir de ses exemplaires des Fêtes galantes et de La Bonne Chanson "par ce simple motif que je travaille dessus ainsi que sur Mallarmé et Laforgue pour des pages demandées par Vannier [sic]. Que le bon Pica ne compte donc pas sur moi, pour les bouquins de ces rares auteurs – que je culotte !". FÉNÉON, Félix. Lettre autographe signée à Vittorio Pica. 17 octobre 1885 (2 p. in-12, enveloppe). À propos des livres de Verlaine recherchés par Pica. "Vignier est à la recherche de la Bonne chanson et Moréas à la recherche des Fêtes galantes. Je les stimule quotidiennement ; mais ils n’ont encore rien trouvé, ni moi non plus". Correspondance très probablement inédite, seulement trois autres lettres de Huysmans à Pica sont conservées dans le fonds Lambert de la bibliothèque de l'Arsenal. Nous remercions Mme Francesca Guglielmi de nous avoir confirmé le caractère inédit et quasi inconnu de cette correspondance. 

Auction archive: Lot number 34
Auction:
Datum:
27 Jun 2024
Auction house:
Sotheby's
34-35 New Bond St.
London, W1A 2AA
United Kingdom
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+44 (0)20 7293 5989
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