HANS RICHTER PENDANT LE TOURNAGE DE REVES A VENDRE, 1948 Photographie en noir et blanc Tirage argentique d'époque Signé et daté au dos 24,5 x 19 cm Bibliographie : - Hans Richter Dreams that Money can Buy, Catalogue 1947. OEuvre reproduite en page 14 de l'ouvrage Numéro d'inventaire de la succession : PH2-53 Rêves à vendre Pendant le montage, j'éprouvais la poésie fascinante dont le cinéma, langue de l'image, est le véhicule, et je vécus en peintre qui parcourt les rapports espace-temps et temps-espace. Qu'en cours de route prit forme telle ou telle « histoire », c'était secondaire. Ce n'est pas seulement par habitude que nous attendons du cinéma des histoires. Du flot des images nait toujours une « histoire », qu'elle ait été voulue ou non (c'est lié à la façon dont notre imagination travaille). Les histoires s'engendrent même d'une succession de formes abstraites. Pendant une présentation de mon film Rythme 21 donnée à Paris pour Georges Méliès une jeune fille partit soudain d'un rire hystérique. Interrogée sur la raison de son rire, elle ne voulut tout d'abord pas s'expliquer et finit par murmurer à l'oreille de celui qui l'accompagnait : « C'est comme de faire l'amour... » Les hommes, les formes abstraites, les objets ne sont en fin de compte rien d'autre que le matériau de l'expression artistique, en peinture comme au cinéma. Des 1925, j'avais discuté avec Léger d'un projet de film à réaliser en commun. Nous aurions aimé mettre à l'écran la Fin du monde par l'ange N. D., de Blaise Cendrars et Leger avait dessiné de nombreux croquis sur les nappes et les serviettes de la « Grande Chaumière », restaurant de Paris du boulevard du Montparnasse, où nous avions l'habitude de déjeuner. En 1942, comme nous étions tous deux à New York, l'occasion s'offrit d'entreprendre quelque chose ensemble. Léger proposa un film : Folklore a l'américaine. Nous nous rendîmes à Grand Street, rue de New York qui, de chaque côté et sur des kilomètres, offre aux yeux le divertissement de blanches robes nuptiales. Léger suggéra une histoire d'amour entre mannequins de cire. Ainsi commença mon film Dreams that money can buy (Rêves à vendre). Mes vieux amis de la regrettée Europe, Duchamp, Man Ray, Max Ernst et l'Américain Calder, fournirent la matière: Duchamp, ses rotoreliefs ; Calder, des mobiles; Max Ernst des collages ; Man Ray, un poème. De tout ceci je fis un film. Ainsi naquit en pleine guerre un très pacifique document attestant la collaboration amicale de deux Américains, de deux Allemands et de deux Français, dans le centre culturel du monde occidental qu'était alors New York. C'est en fin de semaine et pendant la nuit que se faisaient les prises de vue de ces Rêves, dans une vieille maison destinée à être démolie et située dans le centre de la confection de cette ville géante; on tournait à la cave, dans l'escalier, sur le toit. Pendant la journée, j'étais pris par mon activité de professeur au City College, où j'avais à diriger l'Institute of Film Techniques. Camera : Arnold Eagle « Hans Richter » Éditions du Griffon, Neuchâtel, 1965. Page 114
HANS RICHTER PENDANT LE TOURNAGE DE REVES A VENDRE, 1948 Photographie en noir et blanc Tirage argentique d'époque Signé et daté au dos 24,5 x 19 cm Bibliographie : - Hans Richter Dreams that Money can Buy, Catalogue 1947. OEuvre reproduite en page 14 de l'ouvrage Numéro d'inventaire de la succession : PH2-53 Rêves à vendre Pendant le montage, j'éprouvais la poésie fascinante dont le cinéma, langue de l'image, est le véhicule, et je vécus en peintre qui parcourt les rapports espace-temps et temps-espace. Qu'en cours de route prit forme telle ou telle « histoire », c'était secondaire. Ce n'est pas seulement par habitude que nous attendons du cinéma des histoires. Du flot des images nait toujours une « histoire », qu'elle ait été voulue ou non (c'est lié à la façon dont notre imagination travaille). Les histoires s'engendrent même d'une succession de formes abstraites. Pendant une présentation de mon film Rythme 21 donnée à Paris pour Georges Méliès une jeune fille partit soudain d'un rire hystérique. Interrogée sur la raison de son rire, elle ne voulut tout d'abord pas s'expliquer et finit par murmurer à l'oreille de celui qui l'accompagnait : « C'est comme de faire l'amour... » Les hommes, les formes abstraites, les objets ne sont en fin de compte rien d'autre que le matériau de l'expression artistique, en peinture comme au cinéma. Des 1925, j'avais discuté avec Léger d'un projet de film à réaliser en commun. Nous aurions aimé mettre à l'écran la Fin du monde par l'ange N. D., de Blaise Cendrars et Leger avait dessiné de nombreux croquis sur les nappes et les serviettes de la « Grande Chaumière », restaurant de Paris du boulevard du Montparnasse, où nous avions l'habitude de déjeuner. En 1942, comme nous étions tous deux à New York, l'occasion s'offrit d'entreprendre quelque chose ensemble. Léger proposa un film : Folklore a l'américaine. Nous nous rendîmes à Grand Street, rue de New York qui, de chaque côté et sur des kilomètres, offre aux yeux le divertissement de blanches robes nuptiales. Léger suggéra une histoire d'amour entre mannequins de cire. Ainsi commença mon film Dreams that money can buy (Rêves à vendre). Mes vieux amis de la regrettée Europe, Duchamp, Man Ray, Max Ernst et l'Américain Calder, fournirent la matière: Duchamp, ses rotoreliefs ; Calder, des mobiles; Max Ernst des collages ; Man Ray, un poème. De tout ceci je fis un film. Ainsi naquit en pleine guerre un très pacifique document attestant la collaboration amicale de deux Américains, de deux Allemands et de deux Français, dans le centre culturel du monde occidental qu'était alors New York. C'est en fin de semaine et pendant la nuit que se faisaient les prises de vue de ces Rêves, dans une vieille maison destinée à être démolie et située dans le centre de la confection de cette ville géante; on tournait à la cave, dans l'escalier, sur le toit. Pendant la journée, j'étais pris par mon activité de professeur au City College, où j'avais à diriger l'Institute of Film Techniques. Camera : Arnold Eagle « Hans Richter » Éditions du Griffon, Neuchâtel, 1965. Page 114
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