GUITRY Sacha (1885-1957). MANUSCRIT autographe signé, [Ma défense], Drancy 13 octobre 1944 ; [1]-29 pages in-8 au crayon. Précieux document : justificatif de sa conduite pendant l’Occupation et réponse aux accusations de collaboration, rédigé au camp d’internement de Drancy, et remis au commissaire Duez. Dans Soixante jours de prison, Guitry note, le 8 octobre 1944 (au lendemain de la rencontre d’un homme qui, montrant la copie d’une lettre de Guitry à Albert Willemetz, s’écriait : « Avec ça, on vous tient ! ») : « j’ai passé ma journée entière à prendre, à cet égard, des notes. Il n’est peut-être pas mauvais que je réponde moi-même à ma lettre ! » Le lundi 9 octobre, Guitry est appelé par le commissaire DUEZ : « J’étais allé, par écrit, au-devant de toutes les questions qui pouvaient m’être posées et je lui confie les notes manuscrites que j’ai prises hier. Je rectifie là toutes les erreurs volontairement commises par les journaux depuis six semaines – et M. Duez en paraît fort impressionné ». Le 12, il est à nouveau appelé par le commissaire Duez, qui lui annonce qu’il va être inculpé, et qui a lu ses notes dont il a fait faire une copie dactylographiée qu’il remet à Guitry : « Vous avez là des arguments qui sont irréfutables […] Vos notes elles-mêmes, je les garde… et ce n’est pas seulement pour le plaisir d’avoir un autographe de vous, mais je tiens à les conserver parce qu’elles apportent certains éclaircissements nécessaires »… Le manuscrit est rédigé d’une traite, au crayon, avec quelques rares ratures et corrections, paginé de 1 à 29, et signé en fin. Il est précédé d’un feuillet avec les initiales S.G., sur lequel Guitry a inscrit ensuite à l’encre bleue cette dédicace au commissaire DUEZ : « à Monsieur Duez Triste et cordial souvenir Sacha Guitry Drancy 13.10.44 ». Arrêté chez lui le 23 août au matin par « six hommes armés jusqu’aux dents », mais dépourvus de mandat d’amener, Guitry promet de raconter plus tard en détail cette arrestation arbitraire, son séjour au dépôt et au Vel’ d’Hiv’, et son arrivée à Drancy où il est interné depuis six semaines. « Quand je demande ce dont je suis accusé, on me répond : – D’être un “collaborateur notoire”. Quand je demande qui m’en accuse, on me répond : – Tout le monde. Mais quand je demande qui m’a dénoncé, on me répond : – Personne »… Guitry nie, tour à tour, les chefs d’accusation de « la rumeur publique ». 1° D’avoir été pro-allemand : « Élevé dans la haine de l’Allemagne par mon grand-père, René de Pont-Jest, qui avait fait la guerre de 70, je suis peut-être le seul auteur dramatique français qui n’ait jamais eu de pièces représentées en Allemagne – et j’en ai fait cent-quatorze – alors que je les cédais volontiers à tous les pays du monde » ; et il a toujours refusé d’être joué en Allemagne… 2° D’être israélite. Et il cite un mot cocasse du Grand Rabbin, à qui il était allé demander un « certificat d’aryanité »… 3° D’avoir reçu chez lui le maréchal Goering. « C’est faux. Le maréchal GOERING m’a fait un jour chercher chez moi par deux officiers allemands armés »… 4° D’avoir exposé au foyer du Théâtre de la Madeleine le buste d’Hitler : « c’est faux. Il y a dans le foyer du théâtre de la Madeleine le buste de mon père qui, en effet, ressemble un peu à M. Mussolini »… 5° D’avoir écrit un livre sur l’Allemagne : « Je n’ai fait paraître pendant l’occupation qu’une plaquette en vers libres qui parle de peinture [Des goûts et des couleurs] et un livre de luxe, intitulé De 1429 à 1942. Cet ouvrage raconte cinq cents ans de Gloire Française. Il est un cri de foi, d’amour et d’espérance. On ne saurait lui attribuer sans mentir une signification politique ». Il contient des écrits de G. Duhamel, P. Valéry, J. Cocteau, etc., et a permis de « verser 4 millions au Secours National ». Guitry réfute également les accusations d’avoir reçu des officiers allemands sur la scène ou comme convives, d’avoir écrit ou inspiré les émissions radiophoniques de M. Hérold-Paquis (« quelle gifle à ma va
GUITRY Sacha (1885-1957). MANUSCRIT autographe signé, [Ma défense], Drancy 13 octobre 1944 ; [1]-29 pages in-8 au crayon. Précieux document : justificatif de sa conduite pendant l’Occupation et réponse aux accusations de collaboration, rédigé au camp d’internement de Drancy, et remis au commissaire Duez. Dans Soixante jours de prison, Guitry note, le 8 octobre 1944 (au lendemain de la rencontre d’un homme qui, montrant la copie d’une lettre de Guitry à Albert Willemetz, s’écriait : « Avec ça, on vous tient ! ») : « j’ai passé ma journée entière à prendre, à cet égard, des notes. Il n’est peut-être pas mauvais que je réponde moi-même à ma lettre ! » Le lundi 9 octobre, Guitry est appelé par le commissaire DUEZ : « J’étais allé, par écrit, au-devant de toutes les questions qui pouvaient m’être posées et je lui confie les notes manuscrites que j’ai prises hier. Je rectifie là toutes les erreurs volontairement commises par les journaux depuis six semaines – et M. Duez en paraît fort impressionné ». Le 12, il est à nouveau appelé par le commissaire Duez, qui lui annonce qu’il va être inculpé, et qui a lu ses notes dont il a fait faire une copie dactylographiée qu’il remet à Guitry : « Vous avez là des arguments qui sont irréfutables […] Vos notes elles-mêmes, je les garde… et ce n’est pas seulement pour le plaisir d’avoir un autographe de vous, mais je tiens à les conserver parce qu’elles apportent certains éclaircissements nécessaires »… Le manuscrit est rédigé d’une traite, au crayon, avec quelques rares ratures et corrections, paginé de 1 à 29, et signé en fin. Il est précédé d’un feuillet avec les initiales S.G., sur lequel Guitry a inscrit ensuite à l’encre bleue cette dédicace au commissaire DUEZ : « à Monsieur Duez Triste et cordial souvenir Sacha Guitry Drancy 13.10.44 ». Arrêté chez lui le 23 août au matin par « six hommes armés jusqu’aux dents », mais dépourvus de mandat d’amener, Guitry promet de raconter plus tard en détail cette arrestation arbitraire, son séjour au dépôt et au Vel’ d’Hiv’, et son arrivée à Drancy où il est interné depuis six semaines. « Quand je demande ce dont je suis accusé, on me répond : – D’être un “collaborateur notoire”. Quand je demande qui m’en accuse, on me répond : – Tout le monde. Mais quand je demande qui m’a dénoncé, on me répond : – Personne »… Guitry nie, tour à tour, les chefs d’accusation de « la rumeur publique ». 1° D’avoir été pro-allemand : « Élevé dans la haine de l’Allemagne par mon grand-père, René de Pont-Jest, qui avait fait la guerre de 70, je suis peut-être le seul auteur dramatique français qui n’ait jamais eu de pièces représentées en Allemagne – et j’en ai fait cent-quatorze – alors que je les cédais volontiers à tous les pays du monde » ; et il a toujours refusé d’être joué en Allemagne… 2° D’être israélite. Et il cite un mot cocasse du Grand Rabbin, à qui il était allé demander un « certificat d’aryanité »… 3° D’avoir reçu chez lui le maréchal Goering. « C’est faux. Le maréchal GOERING m’a fait un jour chercher chez moi par deux officiers allemands armés »… 4° D’avoir exposé au foyer du Théâtre de la Madeleine le buste d’Hitler : « c’est faux. Il y a dans le foyer du théâtre de la Madeleine le buste de mon père qui, en effet, ressemble un peu à M. Mussolini »… 5° D’avoir écrit un livre sur l’Allemagne : « Je n’ai fait paraître pendant l’occupation qu’une plaquette en vers libres qui parle de peinture [Des goûts et des couleurs] et un livre de luxe, intitulé De 1429 à 1942. Cet ouvrage raconte cinq cents ans de Gloire Française. Il est un cri de foi, d’amour et d’espérance. On ne saurait lui attribuer sans mentir une signification politique ». Il contient des écrits de G. Duhamel, P. Valéry, J. Cocteau, etc., et a permis de « verser 4 millions au Secours National ». Guitry réfute également les accusations d’avoir reçu des officiers allemands sur la scène ou comme convives, d’avoir écrit ou inspiré les émissions radiophoniques de M. Hérold-Paquis (« quelle gifle à ma va
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