Beschreibung:

GAULLE (Charles de). Sur Napoléon Ier. Trèves, 11 juillet 1928. Manuscrit autographe signé C. de Gaulle: 1 page 2/3 in-folio, en-tête gravée de "Trier". Exceptionnel manuscrit autographe signé du commandant de Gaulle sur l'empereur Napoléon Ier. Devant la prodigieuse carrière de l'Empereur, le jugement demeure impuissant, douloureusement partagé entre le blâme et l'admiration. Napoléon a laissé la France épuisée, envahie, vidée de sang et de courage, plus petite qu' il ne l'avait prise, condamnée à de mauvaises frontières dont, après plus d'un siècle, le vice n'est point redressé, exposée à la méfiance de l'Europe dont elle porte encore le poids... Mais faut-il compter pour rien l'immense prestige dont ses victoires couvrirent nos armes et dont l' écho se répercute toujours ? Nul n'a suscité des haines plus ardentes, soulevé de plus furieuses malédictions, agité plus profondément les passions humaines... Quel nom, cependant, traîne après lui plus de dévouements et d'enthousiasmes, au point qu'on ne le prononce pas sans remuer dans les âmes comme une sourde ardeur ? Napoléon a fait abus des Français, couvert l'Europe de tombes, de cendres et de larmes... Pourtant, ceux qu' il fit tant souffrir: les soldats, lui furent les plus fidèles, et, de nos jours encore, malgré le temps écoulé, les sentiments différents, les deuils nouveaux, des foules venues de tous les points du monde viennent près de son tombeau rendre hommage à son souvenir et ressentir ou échanger l' âpre frisson de la grandeur. Tragique revanche de la mesure, juste courroux de la raison! Mais prestige surhumain du génie et merveilleuse vertu des armes! Trèves, 11 juin 1928 C. de Gaulle Cette méditation sur l'ambivalence de la figure de l'Empereur - à la fois malédiction française et gloire nationale -, a des allures d'autoportrait anthume, le jeune commandant en poste à Trèves se rêvant dans le miroir de "l'âpre frisson de la grandeur". Il s'agit de la première version, en partie inédite, du chapitre fameux consacré par le général de Gaulle à la chute de Napoléon dans la France et son armée: le livre n'a paru que dix ans plus tard, en 1938. Le texte est cité en conclusion des Cent-Jours ou l'Esprit de sacrifice, illustrant le parallèle qui unit, à un siècle de distance, les destins de l'Empereur déchu et du général rebelle: "Cent ans après le retour des Cendres, une voix en écho résonne dans la nuit de la défaite et de l'humiliation. Nourri de la mémoire impériale, un homme relève de Londres le gant de l'honneur français" (Villepin, les Cent-Jours, p. 594). Le manuscrit a été inscrit sur un feuillet portant une petite vue de ville gravée et légendée "Trier" (nom allemand de Trèves); sans doute une page extraite d'un livre d'or sur lequel le commandant de Gaulle accepta d'écrire un mot. Il avait pris le commandement du 19e Bataillon de chasseurs à Trèves, en Rhénanie-Palatinat, le 17 octobre 1927; il resta en poste deux ans, jusqu'à la dissolution dudit bataillon en octobre 1929