Frédéric Mistral. Copie autographe par Joseph Roumanille de la lettre de Mistral à M. le Curé Aubert, Maillane 1er octobre 1853 ; 7 pages et quart in-4. Importante lettre sur la langue provençale. La cause première de l’amitié qui unit Roumanille, Aubanel, Gleize et Aubert à Mistral est la langue provençale, mère commune de leurs vues, et cela suffit pour excuser ses changements orthographiques : « ces changements n’ont été amenés que par mon amour pour ma langue maternelle. Oui, j’ai toujours vu avec quelque sentiment de douleur ce manque de respect qu’ont pour leur langue les poètes provençaux qui, depuis environ deux siècles, se sont livrés à ce genre de poésie. Mon oreille a toujours saigné à l’ouïe de ces rimes françaises, de ces rimes barbares introduites bon gré, mal gré dans le domaine de notre idiome dépossédé par des écrivains aux abois : toujours, j’en prends à témoin Roumanille, j’ai combattu cette propension de notre dialecte à supprimer un grand nombre de lettres constitutives. Je suis encore jeune, je n’ai fait que chanter jusqu’ici, et n’ayant rien de sérieux à publier, je ne m’étais pas encore approfondi sur toutes les questions de notre orthographe »… Cependant, excité par Roumanille qui allait publier sa défense orthographique, Mistral a découvert « le plus affreux désordre » dans leur système, et il a commis sa « désertion » : il a adopté des s pour les pluriels, et comme « ceux du camp de la Durance », il rejette les r des infinitifs et le t des participes, etc. Puis il se lance dans une démonstration sur ces s qui « font toute la différence », s’attardant longuement sur des questions d’harmonie, en particulier dans les vers, et se référant à Roumanille, et aux écoles d’Avignon et d’Arles, et donnant des exemples précis. Puis il résume en six articles les principes de la formation des pluriels provençaux, selon leurs désinences, et il invite l’aumônier à « peser avec bonne foi, et sans esprit de parti » ses arguments et ses motifs. Et pour le convaincre de « l’absurdité de l’ancien système, ou plutôt du nouveau », Mistral cite le début d’une épître que lui a envoyée le curé Aubert : « En quauqui jour, Mistrau, avère en Avignoun/ Veire nostis ami, gai enfan d’Apoulloun. Avec mon système, tout serait parfaitement clair : veire nosteis amiz, gais enfans d’Apoulloun. Avec le système d’Avignon, à qui s’applique ce dernier hémistiche ? à nostei ami, ou à moi ! – Voilà une petite chicane ! »…
Frédéric Mistral. Copie autographe par Joseph Roumanille de la lettre de Mistral à M. le Curé Aubert, Maillane 1er octobre 1853 ; 7 pages et quart in-4. Importante lettre sur la langue provençale. La cause première de l’amitié qui unit Roumanille, Aubanel, Gleize et Aubert à Mistral est la langue provençale, mère commune de leurs vues, et cela suffit pour excuser ses changements orthographiques : « ces changements n’ont été amenés que par mon amour pour ma langue maternelle. Oui, j’ai toujours vu avec quelque sentiment de douleur ce manque de respect qu’ont pour leur langue les poètes provençaux qui, depuis environ deux siècles, se sont livrés à ce genre de poésie. Mon oreille a toujours saigné à l’ouïe de ces rimes françaises, de ces rimes barbares introduites bon gré, mal gré dans le domaine de notre idiome dépossédé par des écrivains aux abois : toujours, j’en prends à témoin Roumanille, j’ai combattu cette propension de notre dialecte à supprimer un grand nombre de lettres constitutives. Je suis encore jeune, je n’ai fait que chanter jusqu’ici, et n’ayant rien de sérieux à publier, je ne m’étais pas encore approfondi sur toutes les questions de notre orthographe »… Cependant, excité par Roumanille qui allait publier sa défense orthographique, Mistral a découvert « le plus affreux désordre » dans leur système, et il a commis sa « désertion » : il a adopté des s pour les pluriels, et comme « ceux du camp de la Durance », il rejette les r des infinitifs et le t des participes, etc. Puis il se lance dans une démonstration sur ces s qui « font toute la différence », s’attardant longuement sur des questions d’harmonie, en particulier dans les vers, et se référant à Roumanille, et aux écoles d’Avignon et d’Arles, et donnant des exemples précis. Puis il résume en six articles les principes de la formation des pluriels provençaux, selon leurs désinences, et il invite l’aumônier à « peser avec bonne foi, et sans esprit de parti » ses arguments et ses motifs. Et pour le convaincre de « l’absurdité de l’ancien système, ou plutôt du nouveau », Mistral cite le début d’une épître que lui a envoyée le curé Aubert : « En quauqui jour, Mistrau, avère en Avignoun/ Veire nostis ami, gai enfan d’Apoulloun. Avec mon système, tout serait parfaitement clair : veire nosteis amiz, gais enfans d’Apoulloun. Avec le système d’Avignon, à qui s’applique ce dernier hémistiche ? à nostei ami, ou à moi ! – Voilà une petite chicane ! »…
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