De la bibliothèque Jacques Lacan[Erotica] — Jean-Baptiste-Claude Delisle de Sales Théâtre d’amour, composé de pièces grecques, Assyriennes, Romaines et françaises. A Amathonthe, l’an de l’organisation de notre planète 40780.Manuscrit autographe, [fin du XVIIIe siècle]. 4 volumes in-8 (206 x 140 mm). Maroquin citron, roulette dorée en encadrement, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin bleu, tranches dorées (Reliure de la fin du XVIIIe siècle). Encre noire ; les didascalies du volume III sont à l'encre rouge ; pagination.Coins légèrement émoussés ; papier un peu bruni, surtout dans le t. III. Un "trésor d'une insigne rareté pour l'histoire secrète du dix-huitième siècle" (Capon et Yve-Plessis)."la pornographie la plus basse et la plus révoltante" (Maurice Lever). Précieux témoignage d’une catégorie particulière du théâtre de société : le théâtre pornographique. Jouées pour un public évidemment restreint et choisi, les pièces pornographiques du XVIIIe siècle ont rarement survécu et l’existence de leurs représentations, privées, a laissé peu de traces. Ce recueil comporte 8 comédies (Junon et Ganymède, La Vierge de Babylone, César et les deux Vestales, Anacréon, Héloyse et Abailard, Ninon et La Châtre, Minette et Finette, ou Les Épreuves d’amour d’une troisième Héloyse, Le jugement de Pâris ou les trois dards), un dialogue (Dialogue en chant sur l’air de Mirza avec une pantomime voluptueuse en seize couplets), un récit en prose (Les trois jouissances), un monologue (Monologue de volupté) ; des préfaces et postfaces expliquent les intentions de l’auteur, ses inspirations, les circonstances des représentations ou même les réticences de l’auteur (ainsi à propos de Junon et Ganymède : "je combattis six mois l’enchanteur qui m’avait donné ce sujet, avant de me résoudre à le traiter"). De manière métaphorique, les didascalies explicitent les postures des personnages ("quand le dard est parfaitement entré dans la grotte de Vénus, Junon pour précipiter les secousses, frappe avec une vigueur graduée son amant", I, p. 41 ; "elle dirige avec adresse la pointe du dard sur les lèvres qu'elle entrouve [...] le dard devient de granit [...] enfin le dard disparaît tout entier : Pâris qui craint un denouement fait un mouvement pour se retirer", III, p. 92-93).Delisle affirme que cinq de ces pièces furent jouées, parfois devant un public très restreint, comme en atteste par exemple ce commentaire sur Minette et Finette : "Ces scènes indécentes dont je suis l’historien, n’ont été jouées qu’en secret par trois personnages qui y tenaient un rôle ; mais elles ont été jouées" (III, p. 123). Que la trame de l’histoire soit mythologique (Junon et Ganymède ; Le Jugement de Pâris), inspirée de l’histoire antique (César et les deux Vestales) ou moderne (Héloyse et Abailard ; Minette et Finette), ces pièces développent souvent un même schéma narratif : un homme adulte et puissant soumet une jeune fille — à moins que ce ne soit l’inverse : Junon séduit Ganymède. Si les actes sexuels sont principalement hétérosexuels, avec quelques passages lesbiens, les rôles sont parfois inversés : Junon joue l’homme, Ganymède la femme ; les pratiques sexuelles mentionnent sodomie, flagellation ou utilisation de godemichés. Une commande princière. Polygraphe d’abord connu pour son De la Philosophie de la Nature (1770), Delisle de Sales (1741-1816) explique dans la préface de ce manuscrit comment, à la demande d’un prince étranger, qui donnait dans un "théâtre secret" des représentations de pièces pornographiques, il accepta de lui écrire des pièces érotiques. Ce commanditaire n’est autre que le prince d’Hénin (1744-1794), amant de l’actrice Sophie Arnould vers 1774-1779. "Voyant le penchant déterminé de sa belle pour les propos galants, M. d’Hénin avait imaginé de corser les soupers qu’elle donnait et qu’il payait par des spectacles dont la maîtresse de maison interprêtait [sic] le principal rôle" (G. Capon et R. Yve-Plessis, cité par St. Massé, p. 132). Pour le prince,
De la bibliothèque Jacques Lacan[Erotica] — Jean-Baptiste-Claude Delisle de Sales Théâtre d’amour, composé de pièces grecques, Assyriennes, Romaines et françaises. A Amathonthe, l’an de l’organisation de notre planète 40780.Manuscrit autographe, [fin du XVIIIe siècle]. 4 volumes in-8 (206 x 140 mm). Maroquin citron, roulette dorée en encadrement, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin bleu, tranches dorées (Reliure de la fin du XVIIIe siècle). Encre noire ; les didascalies du volume III sont à l'encre rouge ; pagination.Coins légèrement émoussés ; papier un peu bruni, surtout dans le t. III. Un "trésor d'une insigne rareté pour l'histoire secrète du dix-huitième siècle" (Capon et Yve-Plessis)."la pornographie la plus basse et la plus révoltante" (Maurice Lever). Précieux témoignage d’une catégorie particulière du théâtre de société : le théâtre pornographique. Jouées pour un public évidemment restreint et choisi, les pièces pornographiques du XVIIIe siècle ont rarement survécu et l’existence de leurs représentations, privées, a laissé peu de traces. Ce recueil comporte 8 comédies (Junon et Ganymède, La Vierge de Babylone, César et les deux Vestales, Anacréon, Héloyse et Abailard, Ninon et La Châtre, Minette et Finette, ou Les Épreuves d’amour d’une troisième Héloyse, Le jugement de Pâris ou les trois dards), un dialogue (Dialogue en chant sur l’air de Mirza avec une pantomime voluptueuse en seize couplets), un récit en prose (Les trois jouissances), un monologue (Monologue de volupté) ; des préfaces et postfaces expliquent les intentions de l’auteur, ses inspirations, les circonstances des représentations ou même les réticences de l’auteur (ainsi à propos de Junon et Ganymède : "je combattis six mois l’enchanteur qui m’avait donné ce sujet, avant de me résoudre à le traiter"). De manière métaphorique, les didascalies explicitent les postures des personnages ("quand le dard est parfaitement entré dans la grotte de Vénus, Junon pour précipiter les secousses, frappe avec une vigueur graduée son amant", I, p. 41 ; "elle dirige avec adresse la pointe du dard sur les lèvres qu'elle entrouve [...] le dard devient de granit [...] enfin le dard disparaît tout entier : Pâris qui craint un denouement fait un mouvement pour se retirer", III, p. 92-93).Delisle affirme que cinq de ces pièces furent jouées, parfois devant un public très restreint, comme en atteste par exemple ce commentaire sur Minette et Finette : "Ces scènes indécentes dont je suis l’historien, n’ont été jouées qu’en secret par trois personnages qui y tenaient un rôle ; mais elles ont été jouées" (III, p. 123). Que la trame de l’histoire soit mythologique (Junon et Ganymède ; Le Jugement de Pâris), inspirée de l’histoire antique (César et les deux Vestales) ou moderne (Héloyse et Abailard ; Minette et Finette), ces pièces développent souvent un même schéma narratif : un homme adulte et puissant soumet une jeune fille — à moins que ce ne soit l’inverse : Junon séduit Ganymède. Si les actes sexuels sont principalement hétérosexuels, avec quelques passages lesbiens, les rôles sont parfois inversés : Junon joue l’homme, Ganymède la femme ; les pratiques sexuelles mentionnent sodomie, flagellation ou utilisation de godemichés. Une commande princière. Polygraphe d’abord connu pour son De la Philosophie de la Nature (1770), Delisle de Sales (1741-1816) explique dans la préface de ce manuscrit comment, à la demande d’un prince étranger, qui donnait dans un "théâtre secret" des représentations de pièces pornographiques, il accepta de lui écrire des pièces érotiques. Ce commanditaire n’est autre que le prince d’Hénin (1744-1794), amant de l’actrice Sophie Arnould vers 1774-1779. "Voyant le penchant déterminé de sa belle pour les propos galants, M. d’Hénin avait imaginé de corser les soupers qu’elle donnait et qu’il payait par des spectacles dont la maîtresse de maison interprêtait [sic] le principal rôle" (G. Capon et R. Yve-Plessis, cité par St. Massé, p. 132). Pour le prince,
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