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DIDEROT Denis [Langres, 1713 - Paris, 1784], écrivain français. Lettre autographe, adressée à Marie-Madeleine Jodin à Varsovie. [1765] ; 4 pages in-8° (18 x 12 cm), taches et déchirures. Lettre répertoriée dans la Correspondance de 1765. « Mademoiselle, nous avons reçu toutes vos lettres, mais il nous est difficile de deviner si vous avez reçu toutes les nôtres. Je suis satisfait de la manière dont vous en usez avec madame votre mère. Conservez cette façon d'agir et de penser. Vous en aurez d'autant plus de mérite à mes yeux, qu'obligée, par état, à simuler sur la scène toutes sortes de sentiments, il arrive souvent qu'on n'en conserve aucun, et que toute la conduite de la vie ne devient qu'un jeu, qu'on ajuste comme on peut aux différentes circonstances où l'on se trouve. […] En déposant les habits de Mérope, d'Alzire, de Zaïre ou de Zénobie, accrochez à votre porte manteau tout ce qui leur appartient. Reprenez le propos naturel de la société, le maintien simple et honnête d'une femme bien née. […] Dans un société d'hommes, distinguez, adressez-vous de préférence à ceux qui ont de l'âge, du sens, de la raison et des moeurs. […] Ne dédaignez les conseils de personne. Il plaît quelque fois à la nature de placer une âme sensible et un coeurr très délicat dans un homme de la condition la plus commune. […] Il est important, quand on se montre sur la scène, d'avoir le premier moment pour soi, et vous l'aurez toujours si vous vous présentez avec le maintien et le visage de votre situation. Ne vous laissez point distraire dans la coulisse. C'est là surtout qu'il faut écarter de soi et les galanteries, et les propos flatteurs, et tout ce qui tendrait à vous tirer de votre rôle. […] Examinez les hommes dans leurs plus violents accès de fureur, et vous ne leur remarquerez rien de pareil. En dépit de l'emphase poétique, rapprochez votre jeu de la nature le plus que vous pourrez ; moquez-vous de l'harmonie, de la cadence et de l'hémistiche ayez la prononciation claire, nette et distincte, et ne consultez sur le reste que le sentiment et le sens. Si vous avez le sentiment juste de la vraie dignité, vous ne serez jamais ni bassement familière, ni ridiculement ampoulée, surtout à rendre les poètes qui ont chacun leur caractère et leur génie. […] Lorsqu'il y aura dans les villes, dans les palais, dans les maisons particulières, quelques beaux tableaux d'histoire, ne manquez pas de les aller voir. Soyez spectatrice attentive dans toutes les actions populaires ou domestiques. […] Ne cherchez donc jamais à aller au-delà du sentiment que vous aurez ; tâchez de le rendre juste. J'avais envie de vous dire un mot sur le commerce des grands. On a toujours le prétexte ou la raison du respect qu'on leur doit pour se tenir loin d'eux et les arrêter loin de soi, et n'être point exposée aux geste qui leurs sont familiers ».

Auction archive: Lot number 66
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DIDEROT Denis [Langres, 1713 - Paris, 1784], écrivain français. Lettre autographe, adressée à Marie-Madeleine Jodin à Varsovie. [1765] ; 4 pages in-8° (18 x 12 cm), taches et déchirures. Lettre répertoriée dans la Correspondance de 1765. « Mademoiselle, nous avons reçu toutes vos lettres, mais il nous est difficile de deviner si vous avez reçu toutes les nôtres. Je suis satisfait de la manière dont vous en usez avec madame votre mère. Conservez cette façon d'agir et de penser. Vous en aurez d'autant plus de mérite à mes yeux, qu'obligée, par état, à simuler sur la scène toutes sortes de sentiments, il arrive souvent qu'on n'en conserve aucun, et que toute la conduite de la vie ne devient qu'un jeu, qu'on ajuste comme on peut aux différentes circonstances où l'on se trouve. […] En déposant les habits de Mérope, d'Alzire, de Zaïre ou de Zénobie, accrochez à votre porte manteau tout ce qui leur appartient. Reprenez le propos naturel de la société, le maintien simple et honnête d'une femme bien née. […] Dans un société d'hommes, distinguez, adressez-vous de préférence à ceux qui ont de l'âge, du sens, de la raison et des moeurs. […] Ne dédaignez les conseils de personne. Il plaît quelque fois à la nature de placer une âme sensible et un coeurr très délicat dans un homme de la condition la plus commune. […] Il est important, quand on se montre sur la scène, d'avoir le premier moment pour soi, et vous l'aurez toujours si vous vous présentez avec le maintien et le visage de votre situation. Ne vous laissez point distraire dans la coulisse. C'est là surtout qu'il faut écarter de soi et les galanteries, et les propos flatteurs, et tout ce qui tendrait à vous tirer de votre rôle. […] Examinez les hommes dans leurs plus violents accès de fureur, et vous ne leur remarquerez rien de pareil. En dépit de l'emphase poétique, rapprochez votre jeu de la nature le plus que vous pourrez ; moquez-vous de l'harmonie, de la cadence et de l'hémistiche ayez la prononciation claire, nette et distincte, et ne consultez sur le reste que le sentiment et le sens. Si vous avez le sentiment juste de la vraie dignité, vous ne serez jamais ni bassement familière, ni ridiculement ampoulée, surtout à rendre les poètes qui ont chacun leur caractère et leur génie. […] Lorsqu'il y aura dans les villes, dans les palais, dans les maisons particulières, quelques beaux tableaux d'histoire, ne manquez pas de les aller voir. Soyez spectatrice attentive dans toutes les actions populaires ou domestiques. […] Ne cherchez donc jamais à aller au-delà du sentiment que vous aurez ; tâchez de le rendre juste. J'avais envie de vous dire un mot sur le commerce des grands. On a toujours le prétexte ou la raison du respect qu'on leur doit pour se tenir loin d'eux et les arrêter loin de soi, et n'être point exposée aux geste qui leurs sont familiers ».

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