CORRESPONDANCE À HIPPOLYTE LUCAS ET SON ÉPOUSE [Hippolyte Lucas (Rennes 1807/1878), écrivain, journaliste, traducteur et bibliothécaire]. 13 L.A.S. formant 33 pp. in-8. Sans date. Belle correspondance amicale, en particulier sur son Salon littéraire de la rue de Sèvres et sur PROUDHON. «J'ai été charmée hier de votre succès si bien mérité; j'ai applaudi de tout coeur et j'ai ri d'un franc rire [...]. Nous avons passé jeudi chez vous une délicieuse soirée et j'ai bien regretté de ne pas vous avoir dimanche chez moi; j'avais peu de monde mais la causerie a été intéressante et Mr Hippolyte Lucas se serait rencontré avec Mr COUSIN et Mr CHAMPFLEURY qui auraient été bien charmés de se retrouver avec lui [...]. J'aurais voulu rendre compte de votre réunion de demain, parler des artistes qui chanteront et des personnes qui réciteront des vers, décrire quelques toilettes et vous consacrer enfin ma causerie du prochain numéro de la Mode [...]. Dites moi où en est votre article sur BYRON? Je dois voir demain la marquise de Boissy [Teresa Guiccioli (1800/1873), maîtresse de Byron, avant d'être celle de son mari Hippolyte Colet. Elle épousera le marquis de Boissy] et je serais bien charmée d'en causer avec elle. Quand les lettres ne vous seront plus nécessaires, soyez assez bon pour me les rendre. J'espère que nous aurons le plaisir de vous voir bientôt. En tous cas à samedi chez ROSSINI et à dimanche chez moi [...]. Vous êtes le charme de mes petites soirées. Si vous voyez Mr VACQUERIE, engagez-le à être des nôtres. J'espère que Mr Hippolyte LUCAS ne m'oubliera pas dans le Siècle aussitôt qu'il le pourra. Mr BALLANDE est venu dimanche soir chez moi et s'est trouvé presque seul, avec Antony DESCHAMPS et Mme de Lacoste [...]. Je vous espère tous dimanche sans préjudice du deux janvier où j'aurai les deux fils de Mme Mururus ambassadrice à Londres, le fils de la princesse Vagandès, etc. Nous causerons dans mon cabinet tandis que toute cette jeunesse ou plutôt cette adolescence dansera dans le salon [...]. J'ai fini cette nuit à trois heures mon livre sur les Pyrénées [Deux mois aux Pyrénées, 1866]. Mes yeux se ferment de fatigue [...]. Je vous dois des remerciements pour l'insertion de ma cantate dans l'Entre acte. Je vous les aurais adressés plutôt mais j'espérais toujours vous faire savoir le jour où elle serait chantée. Enfin, Mr Cohen est venu me dire que les chanteurs ne la chantaient pas assez bien, le jour qui avait été fixé, on attendait une nouvelle victoire pour l'exécuter. Dieu veuille que la victoire arrive avant la fermeture du théâtre lyrique [...]. Tout en gardant le coin du feu, je lis PROUDHON dont j'avais acheté le livre [...]. Il y a des vérités et beaucoup de talent dans cet ouvrage, mais que de sophismes! Qu'est-ce qu'un philosophe législateur qui au nom de la justice et du devoir (deux abstractions si diversement définies) supprime de l'homme (et de la femme) la nature et l'amour si difficile à contraindre [...]. PROUDHON en arrive à trouver Paul et Virginie un mauvais livre, un livre incestueux. Quant à Charlotte CORDAY, il la qualifie en de tels termes qu'on ne pourrait les répéter. Les preuves de ce qu'il avance n'existent pas et existeraient-elles, de quel droit un homme [...] traiterait-il de coquine une femme qui a aimé? On sent dans PROUDHON l'envie de tout ce qui s'élève par la beauté, par l'élégance, par la poésie et par l'art. C'est en cela qu'il tient à la basse démocratie. Aussitôt qu'il touche à ces questions son style devient grossier et plein de gravelure; tandis que dans les sujets purement de philosophie et de spéculation, il est élevé, précis et parfois emprunt d'une éloquence extraordinaire [...]. Après bien des hésitations et un travail sans trêve, je me suis mise en route il y a quelques jours avec ma fille pour aller à Guernesey [rendre visite à Victor HUGO]. Nous avons passé par Villequier, et nous voici au Havre attendant que le temps nous permette de nous embarquer pour Caen puis Granville [...
CORRESPONDANCE À HIPPOLYTE LUCAS ET SON ÉPOUSE [Hippolyte Lucas (Rennes 1807/1878), écrivain, journaliste, traducteur et bibliothécaire]. 13 L.A.S. formant 33 pp. in-8. Sans date. Belle correspondance amicale, en particulier sur son Salon littéraire de la rue de Sèvres et sur PROUDHON. «J'ai été charmée hier de votre succès si bien mérité; j'ai applaudi de tout coeur et j'ai ri d'un franc rire [...]. Nous avons passé jeudi chez vous une délicieuse soirée et j'ai bien regretté de ne pas vous avoir dimanche chez moi; j'avais peu de monde mais la causerie a été intéressante et Mr Hippolyte Lucas se serait rencontré avec Mr COUSIN et Mr CHAMPFLEURY qui auraient été bien charmés de se retrouver avec lui [...]. J'aurais voulu rendre compte de votre réunion de demain, parler des artistes qui chanteront et des personnes qui réciteront des vers, décrire quelques toilettes et vous consacrer enfin ma causerie du prochain numéro de la Mode [...]. Dites moi où en est votre article sur BYRON? Je dois voir demain la marquise de Boissy [Teresa Guiccioli (1800/1873), maîtresse de Byron, avant d'être celle de son mari Hippolyte Colet. Elle épousera le marquis de Boissy] et je serais bien charmée d'en causer avec elle. Quand les lettres ne vous seront plus nécessaires, soyez assez bon pour me les rendre. J'espère que nous aurons le plaisir de vous voir bientôt. En tous cas à samedi chez ROSSINI et à dimanche chez moi [...]. Vous êtes le charme de mes petites soirées. Si vous voyez Mr VACQUERIE, engagez-le à être des nôtres. J'espère que Mr Hippolyte LUCAS ne m'oubliera pas dans le Siècle aussitôt qu'il le pourra. Mr BALLANDE est venu dimanche soir chez moi et s'est trouvé presque seul, avec Antony DESCHAMPS et Mme de Lacoste [...]. Je vous espère tous dimanche sans préjudice du deux janvier où j'aurai les deux fils de Mme Mururus ambassadrice à Londres, le fils de la princesse Vagandès, etc. Nous causerons dans mon cabinet tandis que toute cette jeunesse ou plutôt cette adolescence dansera dans le salon [...]. J'ai fini cette nuit à trois heures mon livre sur les Pyrénées [Deux mois aux Pyrénées, 1866]. Mes yeux se ferment de fatigue [...]. Je vous dois des remerciements pour l'insertion de ma cantate dans l'Entre acte. Je vous les aurais adressés plutôt mais j'espérais toujours vous faire savoir le jour où elle serait chantée. Enfin, Mr Cohen est venu me dire que les chanteurs ne la chantaient pas assez bien, le jour qui avait été fixé, on attendait une nouvelle victoire pour l'exécuter. Dieu veuille que la victoire arrive avant la fermeture du théâtre lyrique [...]. Tout en gardant le coin du feu, je lis PROUDHON dont j'avais acheté le livre [...]. Il y a des vérités et beaucoup de talent dans cet ouvrage, mais que de sophismes! Qu'est-ce qu'un philosophe législateur qui au nom de la justice et du devoir (deux abstractions si diversement définies) supprime de l'homme (et de la femme) la nature et l'amour si difficile à contraindre [...]. PROUDHON en arrive à trouver Paul et Virginie un mauvais livre, un livre incestueux. Quant à Charlotte CORDAY, il la qualifie en de tels termes qu'on ne pourrait les répéter. Les preuves de ce qu'il avance n'existent pas et existeraient-elles, de quel droit un homme [...] traiterait-il de coquine une femme qui a aimé? On sent dans PROUDHON l'envie de tout ce qui s'élève par la beauté, par l'élégance, par la poésie et par l'art. C'est en cela qu'il tient à la basse démocratie. Aussitôt qu'il touche à ces questions son style devient grossier et plein de gravelure; tandis que dans les sujets purement de philosophie et de spéculation, il est élevé, précis et parfois emprunt d'une éloquence extraordinaire [...]. Après bien des hésitations et un travail sans trêve, je me suis mise en route il y a quelques jours avec ma fille pour aller à Guernesey [rendre visite à Victor HUGO]. Nous avons passé par Villequier, et nous voici au Havre attendant que le temps nous permette de nous embarquer pour Caen puis Granville [...
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