CONDORCET (Jean-Antoine-Nicolas-de Caritat de). Lettre autographe A PIERRE BRISSOT. S.l., [été 1791]. 2 pp. 2/3 in-8, adresse au dos ; manque marginal au second feuillet dû à l'ouverture sans atteinte au texte. « JE CROIS TRES IMPORTANT DE SE HATER DE ROUVRIR LES JACOBINS et d'y porter une discussion sur les conventions. On biaise à l'Assemblée sur cet article, les meilleurs patriotes n'ont à cet égard qu'une opinion assez incertaine. Si on traite la question aux Jacobins, j'y lirai un mémoire [ce qu'il ferait le 7 août 1791]. L'AFFAIRE DES FAUX ASSIGNATS PEUT FAIRE BEAUCOUP DE MAL. Je voudrais qu'on établît à Paris et dans quelques villes principales, un dépôt public d'assignats et des registres de banque comme à Amsterdam et à Londres ; pour ce moyen on pourrait transporter beaucoup de sommes, et avoir une grande circulation, sans aucun déplacement réel d'assignats. Voyez, je vous prie, si M. Clavière [le banquier et homme politique genevois Étienne Clavière, futur ministre des contributions publiques en France] approuve cette idée et s'il voudrait bien la propager. Ce registre et ce dépôt existent à la caisse d'escompte. Mais elle est une caisse particulière, elle a peu la confiance du public, et de plus elle fait valoir les assignats ou argent déposés, or l'avantage de ce qu'on propose ici est précisément que les assignats ne circulent pas. En Angleterre, on détruit les billets déposés qu'on remplace par de nouveaux quand le dépositaire vient les retirer. Ce moyen pourrait nous effaroucher, quoiqu'en renouvellant ainsi les billets on rende plus difficile la circulation de ceux qui sont faux. ILS ENVOIENT, DIT-ON LE CHEVALIER DE COIGNY NEGOTIER AVEC LES PRINCES [Jean-Philippe de Franquetot de Coigny] ? ET AU NOM DE QUI ? DU ROI QUI EST SUSPENDU ? DE L'ASSEMBLEE NATIONALE REPRESENTEE PAR UNE COALITION DE NOBLES QUI N'EST PAS UNE NOBLE COALITION ! QUE DE PAUVRETES ! TOUT LE MAL VIENT DE LA NOBLESSE, JE CROIAIS MES ANCIENS CONFRERES PLUS AVANCES. C'est à dater du décret du 19 juin qu'ils ont commencé à s'écarter du droit chemin [allusion au décret du 19 juin 1790 abolissant la noblesse héréditaire]. Jamais on n'a voulu réduire ce décret en véritable loi, on y a laissé subsister des choses contraires à la liberté individuelle dans l'espérance qu'elles donneraient moyen de l'attaquer. Je crois qu'il faudrait que quelqu'un fît entendre dans l'Assemblée que ce décret doit faire partie des articles constitutionnels, et en avertir avant la présentation du plan, car il serait très possible qu'ils voulussent le faire passer, ce plan, sans discussion, sans examen, et qu'ils n'eussent le crédit, sous des prétextes politiques, d'empêcher de réparer les omissions qu'ils y auraient faites volontairement... » Le publiciste Pierre Brissot qui avait été comme le marquis de Condorcet membre de la Société des Amis des noirs, était membre du comité de Constitution de la Constituante avec le même Condorcet. Il serait bientôt élu à la Législative et s'affirmerait comme un des membres éminents de la Gironde – il mourrait guillotiné sous la Terreur.
CONDORCET (Jean-Antoine-Nicolas-de Caritat de). Lettre autographe A PIERRE BRISSOT. S.l., [été 1791]. 2 pp. 2/3 in-8, adresse au dos ; manque marginal au second feuillet dû à l'ouverture sans atteinte au texte. « JE CROIS TRES IMPORTANT DE SE HATER DE ROUVRIR LES JACOBINS et d'y porter une discussion sur les conventions. On biaise à l'Assemblée sur cet article, les meilleurs patriotes n'ont à cet égard qu'une opinion assez incertaine. Si on traite la question aux Jacobins, j'y lirai un mémoire [ce qu'il ferait le 7 août 1791]. L'AFFAIRE DES FAUX ASSIGNATS PEUT FAIRE BEAUCOUP DE MAL. Je voudrais qu'on établît à Paris et dans quelques villes principales, un dépôt public d'assignats et des registres de banque comme à Amsterdam et à Londres ; pour ce moyen on pourrait transporter beaucoup de sommes, et avoir une grande circulation, sans aucun déplacement réel d'assignats. Voyez, je vous prie, si M. Clavière [le banquier et homme politique genevois Étienne Clavière, futur ministre des contributions publiques en France] approuve cette idée et s'il voudrait bien la propager. Ce registre et ce dépôt existent à la caisse d'escompte. Mais elle est une caisse particulière, elle a peu la confiance du public, et de plus elle fait valoir les assignats ou argent déposés, or l'avantage de ce qu'on propose ici est précisément que les assignats ne circulent pas. En Angleterre, on détruit les billets déposés qu'on remplace par de nouveaux quand le dépositaire vient les retirer. Ce moyen pourrait nous effaroucher, quoiqu'en renouvellant ainsi les billets on rende plus difficile la circulation de ceux qui sont faux. ILS ENVOIENT, DIT-ON LE CHEVALIER DE COIGNY NEGOTIER AVEC LES PRINCES [Jean-Philippe de Franquetot de Coigny] ? ET AU NOM DE QUI ? DU ROI QUI EST SUSPENDU ? DE L'ASSEMBLEE NATIONALE REPRESENTEE PAR UNE COALITION DE NOBLES QUI N'EST PAS UNE NOBLE COALITION ! QUE DE PAUVRETES ! TOUT LE MAL VIENT DE LA NOBLESSE, JE CROIAIS MES ANCIENS CONFRERES PLUS AVANCES. C'est à dater du décret du 19 juin qu'ils ont commencé à s'écarter du droit chemin [allusion au décret du 19 juin 1790 abolissant la noblesse héréditaire]. Jamais on n'a voulu réduire ce décret en véritable loi, on y a laissé subsister des choses contraires à la liberté individuelle dans l'espérance qu'elles donneraient moyen de l'attaquer. Je crois qu'il faudrait que quelqu'un fît entendre dans l'Assemblée que ce décret doit faire partie des articles constitutionnels, et en avertir avant la présentation du plan, car il serait très possible qu'ils voulussent le faire passer, ce plan, sans discussion, sans examen, et qu'ils n'eussent le crédit, sous des prétextes politiques, d'empêcher de réparer les omissions qu'ils y auraient faites volontairement... » Le publiciste Pierre Brissot qui avait été comme le marquis de Condorcet membre de la Société des Amis des noirs, était membre du comité de Constitution de la Constituante avec le même Condorcet. Il serait bientôt élu à la Législative et s'affirmerait comme un des membres éminents de la Gironde – il mourrait guillotiné sous la Terreur.
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