Char, René Le Marteau sans maître. Moulin premier. Paris, Librairie José Corti, 1945. In-8 (228 x 145 mm). Broché. Chemise à dos de maroquin bleu, titre en long au palladium et étui (A. Devauchelle). Papier fragile et jauni. Couverture très légèrement salie. EXEMPLAIRE DE JOE BOUSQUET, POUR LEQUEL L’EXISTENCE DE CHAR LUI "A TOUJOURS ÉTÉ INDISPENSABLE". Édition définitive, en partie originale, revue et corrigée, réunissant deux recueils parus respectivement en 1934 et 1936. Envoi autographe signé : "Exemplaire de Joë Bousquet, avec ma pensée la plus amicale, René Char", sur une garde. Il est probable que Char et Bousquet ont fait connaissance vers 1929 par l’intermédiaire d’André Cayatte. À cette époque, René Char venait de créer avec ce dernier la revue Méridiens et Bousquet songea un temps à leur confier la publication de son premier livre, Il ne fait pas assez noir. Leur amitié resta toujours intacte malgré quelques orages. Le 31 août 1946, dans un article consacré à Feuillets d’Hypnos dans La Gazette des lettres, Bousquet écrit : "Celui des hommes que j'estime le plus est aujourd'hui René Char". [On joint :]BOUSQUET, Joe. Lettre autographe signée à René Char. Carcassonne, vendredi [28 septembre 1945] (6 p. in-8, avec enveloppe, cachet postal). Papier jauni.Remarquable et longue lettre amicale apparemment inédite. Il lui redit son admiration inaltérable et sa fidèle amitié. Bousquet évoque Ernst, Tanguy et Bellmer, dont il reçoit des lettres "exquises", et il espère une prochaine collaboration de Char dans les Cahiers du Sud."Une ombre passe et repasse sur ma joie : depuis plusieurs semaines, me proposant comme une épreuve fortifiante la satisfaction de vous écrire, je me répétais chaque jour la lettre à vous adresser et remettais au lendemain l‘exécution […] Près de moi, dans un petit cartable noir des pages maladroitement, ou fiévreusement arrachées à une revue (les Quatre vents) et déposées religieusement sous mon traversin où je les reprends, vers quatre heures du matin, chaque jour, avant que mes rêves ne m’endorment : ce sont les poèmes que vous avez publiés aux Quatre vents : ‘… J’ai rapporté du désespoir un panier si petit mon amour’ […] C’est que l’après-guerre a été plus difficile encore que la guerre. A cause de tant d’invitations qui me donnaient l’illusion d’exister mais appelaient la certitude contraire […] Bellmer est venu me voir, nous avons recommencé à vivre […] nous travaillons ensemble, nous nous réconfortons […] il vous dira un jour que pas une fois nous n’avons parlé de l’avenir sans vous nommer […] Votre existence m’a toujours été indispensable […] Par une coïncidence assez belle, Gallimard, qui m’envoie tous ses livres, ne m’a pas fait tenir le vôtre [il s’agit probablement de "Seuls demeurent"] et je l’ai fait chercher sans succès dans les librairies […] Pour des raisons très fortes et très obscures et qui restent littéraires que si l’on donne un sens puissant à cet adjectif […] vos moindres textes devenaient pour moi des choses d’un prix inestimable […] Puis, la joie se reformait. Arrivaient d’Amérique d’exquises lettres de Tanguy, de Max Ernst et, même de celui-ci, du café, des lames de rasoir […] Les jours n’auraient pas été que des consolations, je le sais de ce matin, si je n’avais dû recevoir la nouvelle que nous étions, vous et moi, des amis. Elle vient de loin, cette nouvelle, elle a traversé bien des années sans perdre de sa blancheur, elle a traversé intacte des années de suie, de larmes. La voici, prête à nous apprendre la grandeur la plus ignorée de cette époque : la découverte de l’amitié quand nous avions, dans tant d’année, pensé ne réinventer que l’amour […] Aujourd’hui je peux, d’un même cœur, penser à vous, à votre force inaltérable […] Mon cher ami, écrivez-moi, promettez-moi de collaborer aux Cahiers du Sud dont je m’occupe […] où il est bien entendu, entre Ballard et moi, que la poésie ne sera mise au service de rien et qu’elle sera appréciée par sa capacité de créer la liberté"
Char, René Le Marteau sans maître. Moulin premier. Paris, Librairie José Corti, 1945. In-8 (228 x 145 mm). Broché. Chemise à dos de maroquin bleu, titre en long au palladium et étui (A. Devauchelle). Papier fragile et jauni. Couverture très légèrement salie. EXEMPLAIRE DE JOE BOUSQUET, POUR LEQUEL L’EXISTENCE DE CHAR LUI "A TOUJOURS ÉTÉ INDISPENSABLE". Édition définitive, en partie originale, revue et corrigée, réunissant deux recueils parus respectivement en 1934 et 1936. Envoi autographe signé : "Exemplaire de Joë Bousquet, avec ma pensée la plus amicale, René Char", sur une garde. Il est probable que Char et Bousquet ont fait connaissance vers 1929 par l’intermédiaire d’André Cayatte. À cette époque, René Char venait de créer avec ce dernier la revue Méridiens et Bousquet songea un temps à leur confier la publication de son premier livre, Il ne fait pas assez noir. Leur amitié resta toujours intacte malgré quelques orages. Le 31 août 1946, dans un article consacré à Feuillets d’Hypnos dans La Gazette des lettres, Bousquet écrit : "Celui des hommes que j'estime le plus est aujourd'hui René Char". [On joint :]BOUSQUET, Joe. Lettre autographe signée à René Char. Carcassonne, vendredi [28 septembre 1945] (6 p. in-8, avec enveloppe, cachet postal). Papier jauni.Remarquable et longue lettre amicale apparemment inédite. Il lui redit son admiration inaltérable et sa fidèle amitié. Bousquet évoque Ernst, Tanguy et Bellmer, dont il reçoit des lettres "exquises", et il espère une prochaine collaboration de Char dans les Cahiers du Sud."Une ombre passe et repasse sur ma joie : depuis plusieurs semaines, me proposant comme une épreuve fortifiante la satisfaction de vous écrire, je me répétais chaque jour la lettre à vous adresser et remettais au lendemain l‘exécution […] Près de moi, dans un petit cartable noir des pages maladroitement, ou fiévreusement arrachées à une revue (les Quatre vents) et déposées religieusement sous mon traversin où je les reprends, vers quatre heures du matin, chaque jour, avant que mes rêves ne m’endorment : ce sont les poèmes que vous avez publiés aux Quatre vents : ‘… J’ai rapporté du désespoir un panier si petit mon amour’ […] C’est que l’après-guerre a été plus difficile encore que la guerre. A cause de tant d’invitations qui me donnaient l’illusion d’exister mais appelaient la certitude contraire […] Bellmer est venu me voir, nous avons recommencé à vivre […] nous travaillons ensemble, nous nous réconfortons […] il vous dira un jour que pas une fois nous n’avons parlé de l’avenir sans vous nommer […] Votre existence m’a toujours été indispensable […] Par une coïncidence assez belle, Gallimard, qui m’envoie tous ses livres, ne m’a pas fait tenir le vôtre [il s’agit probablement de "Seuls demeurent"] et je l’ai fait chercher sans succès dans les librairies […] Pour des raisons très fortes et très obscures et qui restent littéraires que si l’on donne un sens puissant à cet adjectif […] vos moindres textes devenaient pour moi des choses d’un prix inestimable […] Puis, la joie se reformait. Arrivaient d’Amérique d’exquises lettres de Tanguy, de Max Ernst et, même de celui-ci, du café, des lames de rasoir […] Les jours n’auraient pas été que des consolations, je le sais de ce matin, si je n’avais dû recevoir la nouvelle que nous étions, vous et moi, des amis. Elle vient de loin, cette nouvelle, elle a traversé bien des années sans perdre de sa blancheur, elle a traversé intacte des années de suie, de larmes. La voici, prête à nous apprendre la grandeur la plus ignorée de cette époque : la découverte de l’amitié quand nous avions, dans tant d’année, pensé ne réinventer que l’amour […] Aujourd’hui je peux, d’un même cœur, penser à vous, à votre force inaltérable […] Mon cher ami, écrivez-moi, promettez-moi de collaborer aux Cahiers du Sud dont je m’occupe […] où il est bien entendu, entre Ballard et moi, que la poésie ne sera mise au service de rien et qu’elle sera appréciée par sa capacité de créer la liberté"
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