CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches dit Louis-Ferdinand). Manuscrit autographe. 49 ff. au stylo bille, foliotés 43 à 91 , nombreux ajouts et corrections , rares et infimes salissures marginales, traces de pattes de chat au verso du premier feuillet. UN CHAPITRE DE SON ROMAN NORD, complet à l'exception du tout début, dans une rédaction intermédiaire extrêmement travaillée. Il correspond aux pp. 313-326 de l'édition de la Pléiade (Romans, t. II, 2003). DANS UN TEXTE PRÉSENTANT D'IMPORTANTES VARIANTES AVEC LA VERSION DÉFINITIVE IMPRIMÉE : des passages seraient retranchés, d'autres ajoutés. En outre, Céline désigne encore ici sous leur véritables noms certains personnages évoqués (il se nomme lui-même Destouches), alors qu'il les travestirait ensuite – ce qui n'empêcherait d'ailleurs pas plusieurs personnes de s'y reconnaître et d'intenter un procès à Gallimard. Le présent passage se situe à l'hôtel Brenner à Baden-Baden : Céline, qui évoque en passant évoque sa propre épouse et leur chat Bébert, centre ici son récit d'abord sur l'excentrique Mme von Seckt, puis sur l'aguicheuse Mlle Chamarande (« de Chamarande » dans la version définitive) dont les formes provoquent une bagarre générale à la piscine, et enfin décrit les réactions des pensionnaires de cet hôtel à l'annonce de l'attentat contre Hitler : certains font mine de rien en assistant à un récital, d'autres se vautrent dans l'orgie dans leurs chambres. Avant l'évacuation de l'hôtel, le Legationsrat Schlemann (Schulze dans la version définitive) demande à Céline d'aller constater l'état de santé des occupants de plusieurs chambres, mais de ne jamais parler de ce qu'il y verrait : « ... tous ces gens-là avaient misé sur la mort d'Adolf, étaient plus ou moins compromis, plus ou moins... L'Adolf réchappant, vous parlez qu'ils devaient être malades !... même le Schlemann ! Il disait rien mais pas dans son assiette du tout ! Il montrait pas... il m'envoyait voir aux chambres... on me disait pas beaucoup non plus. Je prends ma trousse, ma seringue, mes ampoules. Je me dis tout ça va être fin gris, du moment qu'ils célèbrent quelque chose, bon ou mauvais, ils baffrent et pintent un maximum... Je me trouve tout près du 117, je me dis voyons d'abord voir ceux-là... toc toc ... personne répond... je refrappe... une femme entrouvre... échevelée... – Ah, c'est vous ! C'est vous, cher docteur ! Entrez donc, voyons ! Entrez !J'entre... Je reconnais cette dame échevelée... elle était pas aimable du tout en bas au salon... elle nous tenait sérieusement à distance, maintenant, là, en laisser-aller, je la vois plus qu'aimable, affectueuse... Je vois, elle est ivre... et en plus elle est presque nue... juste un peignoir qui tient pas...ça va... oh y a du monde au 117... ils sont combien de couples ?... et aussi méli-mélo des garçons d'étage... vraiment, c'est la fraternité... qu'est-ce qu'ils foutent ? Ils ont fermé les rideaux... il fait noir... messe noire ? ils s'enfilent ? Je vois pas... ils ont allumé des bougies... plein les candélabres... et au mur une très grande photo d'Hitler pendue à l'envers... un énorme nœud de crêpe après le cadre... ils devaient lui célébrer sa mort... ça que m'avait recommandé Schlemann, de ne jamais parler à personne. Il devait savoir, lui, ce [que] je voyais surtout, c'était des couples vautrés, ronflants... deux dégueulant... ah, un officier avec un garçon d'étage qui s'embrassent même très bruyamment et se tripotent... entre deux lits à même le tapis... Je vois pas de malades du tout là-dedans... je vois des énormes saladiers de fruits glacés et trois quatre tables pleines de poulets froids découpés et une quantité de victuailles qu'ils ont même pas pu entamer, des seaux de caviar par louches... La femme qui me fait les honneurs en a assez de m'embrasser, elle veut que je la pelote... je suis pas venu pour ça !... Je la dégoûte, elle rote, se laisse choir sur le lit là... elle faille vomir, elle vomit pas, elle s'endort brutalement comme ça... et elle ronfle
CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches dit Louis-Ferdinand). Manuscrit autographe. 49 ff. au stylo bille, foliotés 43 à 91 , nombreux ajouts et corrections , rares et infimes salissures marginales, traces de pattes de chat au verso du premier feuillet. UN CHAPITRE DE SON ROMAN NORD, complet à l'exception du tout début, dans une rédaction intermédiaire extrêmement travaillée. Il correspond aux pp. 313-326 de l'édition de la Pléiade (Romans, t. II, 2003). DANS UN TEXTE PRÉSENTANT D'IMPORTANTES VARIANTES AVEC LA VERSION DÉFINITIVE IMPRIMÉE : des passages seraient retranchés, d'autres ajoutés. En outre, Céline désigne encore ici sous leur véritables noms certains personnages évoqués (il se nomme lui-même Destouches), alors qu'il les travestirait ensuite – ce qui n'empêcherait d'ailleurs pas plusieurs personnes de s'y reconnaître et d'intenter un procès à Gallimard. Le présent passage se situe à l'hôtel Brenner à Baden-Baden : Céline, qui évoque en passant évoque sa propre épouse et leur chat Bébert, centre ici son récit d'abord sur l'excentrique Mme von Seckt, puis sur l'aguicheuse Mlle Chamarande (« de Chamarande » dans la version définitive) dont les formes provoquent une bagarre générale à la piscine, et enfin décrit les réactions des pensionnaires de cet hôtel à l'annonce de l'attentat contre Hitler : certains font mine de rien en assistant à un récital, d'autres se vautrent dans l'orgie dans leurs chambres. Avant l'évacuation de l'hôtel, le Legationsrat Schlemann (Schulze dans la version définitive) demande à Céline d'aller constater l'état de santé des occupants de plusieurs chambres, mais de ne jamais parler de ce qu'il y verrait : « ... tous ces gens-là avaient misé sur la mort d'Adolf, étaient plus ou moins compromis, plus ou moins... L'Adolf réchappant, vous parlez qu'ils devaient être malades !... même le Schlemann ! Il disait rien mais pas dans son assiette du tout ! Il montrait pas... il m'envoyait voir aux chambres... on me disait pas beaucoup non plus. Je prends ma trousse, ma seringue, mes ampoules. Je me dis tout ça va être fin gris, du moment qu'ils célèbrent quelque chose, bon ou mauvais, ils baffrent et pintent un maximum... Je me trouve tout près du 117, je me dis voyons d'abord voir ceux-là... toc toc ... personne répond... je refrappe... une femme entrouvre... échevelée... – Ah, c'est vous ! C'est vous, cher docteur ! Entrez donc, voyons ! Entrez !J'entre... Je reconnais cette dame échevelée... elle était pas aimable du tout en bas au salon... elle nous tenait sérieusement à distance, maintenant, là, en laisser-aller, je la vois plus qu'aimable, affectueuse... Je vois, elle est ivre... et en plus elle est presque nue... juste un peignoir qui tient pas...ça va... oh y a du monde au 117... ils sont combien de couples ?... et aussi méli-mélo des garçons d'étage... vraiment, c'est la fraternité... qu'est-ce qu'ils foutent ? Ils ont fermé les rideaux... il fait noir... messe noire ? ils s'enfilent ? Je vois pas... ils ont allumé des bougies... plein les candélabres... et au mur une très grande photo d'Hitler pendue à l'envers... un énorme nœud de crêpe après le cadre... ils devaient lui célébrer sa mort... ça que m'avait recommandé Schlemann, de ne jamais parler à personne. Il devait savoir, lui, ce [que] je voyais surtout, c'était des couples vautrés, ronflants... deux dégueulant... ah, un officier avec un garçon d'étage qui s'embrassent même très bruyamment et se tripotent... entre deux lits à même le tapis... Je vois pas de malades du tout là-dedans... je vois des énormes saladiers de fruits glacés et trois quatre tables pleines de poulets froids découpés et une quantité de victuailles qu'ils ont même pas pu entamer, des seaux de caviar par louches... La femme qui me fait les honneurs en a assez de m'embrasser, elle veut que je la pelote... je suis pas venu pour ça !... Je la dégoûte, elle rote, se laisse choir sur le lit là... elle faille vomir, elle vomit pas, elle s'endort brutalement comme ça... et elle ronfle
Try LotSearch and its premium features for 7 days - without any costs!
Be notified automatically about new items in upcoming auctions.
Create an alert