Auktionsarchiv: Los-Nr. 34

CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lett...

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CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée « L. F. Céline » à Élie Faure. S.l., « le 14 » [1934, peut-être avril]. 2 pp. in-folio, fentes aux pliures dont une grande ; quelques taches. Superbe lettre, très virulente, contre les radicaux de tous bords, notamment contre Aragon. Celui-ci avait adhéré au parti communiste en 1927, et, s'il avait plutôt apprécié Voyage au bout de la nuit et suivi le travail de traduction russe mené sur le roman par sa femme Elsa Triolet, il avait publié à l'automne 1933 une critique défavorable de la pièce de Céline L'Église. En janvier 1934, il avait ajouté des commentaires acides en publiant dans le périodique Commune la réponse de Céline à l'enquête adressée aux hommes de lettres, intitulée « Pourquoi écrivez-vous ». Il le sommait par voie de presse de prendre parti pour les exploités contre les exploiteurs, de rejoindre les communistes. « Je suis anarchiste depuis toujours, je n'ai jamais voté, je ne voterai jamais pour rien ni pour personne. Je ne crois pas aux hommes. Pourquoi voulez-vous que je me mette à jouer du bigophone soudain parce que douze douzaines de ratés m'en prient ? Moi qui joue pas trop mal du grand piano ? Pourquoi ? Pour me mettre à leur toise de rétrécis, de constipés, d'envieux, de haineux, de bâtards ? C'est plaisanterie en vérité. Je n'ai rien de commun avec tous ces châtrés, qui vocifèrent leurs suppositions balourdes et ne comprennent rien. Vous voyez-vous penser et travailler sous la férule du supercon Aragon, par exemple ? C'est ça, l'avenir ? Celui qu'on me presse de chérir, c'est Aragon ! Pouah ! S'ils étaient moins fainéants, tous, s'ils étaient si bons de volonté qu'ils disent, ils feraient ce que j'ai fait au lieu d'emmerder tout le monde avec leurs fausses notes. Ils la reculent leur révolution au lieu de la faciliter. Ils ressemblent à ces mâles qui n'ont plus d'instincts, qui blessent les femelles et ne les font jamais jouir. Ne sentez-vous pas, ami, l'Hypocrisie, l'immonde tartufferie de tous ces mots d'ordre ventriloques ! Le complexe d'infériorité de tous ces meneurs est palpable. Leur haine de tout ce qui les dépasse, de tout ce qu'ils ne comprennent pas, visible. Ils sont aussi avides de rabaisser, de détruire, de salir, d'émonder le principe même de la vie que les plus bas curés du Moyen Âge. Ils me fusilleront peut-être, les uns ou les autres. Les nazis m'exècrent autant que les socialistes et les communards itou, sans compter Henri de Régnier ou Comœdia ou Stawinsky [Henri de Régnier, dans le Figaro, et un critique du périodique Comœdia avaient exprimé des opinions méprisantes voire insultantes sur le Voyage, de même, aux dires de Céline, que l'escroc Alexandre Stavisky, mort en janvier 1934.] Ils s'entendent tous quand il s'agit de me vomir. Tout est permis sauf de douter de l'Homme. Alors c'est fini de rire. J'ai fait la preuve. Mais je les emmerde aussi. Tous. Je ne demande rien à personne. Affectueusement à vous, grand ami... » Louis-Ferdinand Céline, Lettres, op. cit., n° 34-10.

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CÉLINE (Louis-Ferdinand Destouches, dit). Lettre autographe signée « L. F. Céline » à Élie Faure. S.l., « le 14 » [1934, peut-être avril]. 2 pp. in-folio, fentes aux pliures dont une grande ; quelques taches. Superbe lettre, très virulente, contre les radicaux de tous bords, notamment contre Aragon. Celui-ci avait adhéré au parti communiste en 1927, et, s'il avait plutôt apprécié Voyage au bout de la nuit et suivi le travail de traduction russe mené sur le roman par sa femme Elsa Triolet, il avait publié à l'automne 1933 une critique défavorable de la pièce de Céline L'Église. En janvier 1934, il avait ajouté des commentaires acides en publiant dans le périodique Commune la réponse de Céline à l'enquête adressée aux hommes de lettres, intitulée « Pourquoi écrivez-vous ». Il le sommait par voie de presse de prendre parti pour les exploités contre les exploiteurs, de rejoindre les communistes. « Je suis anarchiste depuis toujours, je n'ai jamais voté, je ne voterai jamais pour rien ni pour personne. Je ne crois pas aux hommes. Pourquoi voulez-vous que je me mette à jouer du bigophone soudain parce que douze douzaines de ratés m'en prient ? Moi qui joue pas trop mal du grand piano ? Pourquoi ? Pour me mettre à leur toise de rétrécis, de constipés, d'envieux, de haineux, de bâtards ? C'est plaisanterie en vérité. Je n'ai rien de commun avec tous ces châtrés, qui vocifèrent leurs suppositions balourdes et ne comprennent rien. Vous voyez-vous penser et travailler sous la férule du supercon Aragon, par exemple ? C'est ça, l'avenir ? Celui qu'on me presse de chérir, c'est Aragon ! Pouah ! S'ils étaient moins fainéants, tous, s'ils étaient si bons de volonté qu'ils disent, ils feraient ce que j'ai fait au lieu d'emmerder tout le monde avec leurs fausses notes. Ils la reculent leur révolution au lieu de la faciliter. Ils ressemblent à ces mâles qui n'ont plus d'instincts, qui blessent les femelles et ne les font jamais jouir. Ne sentez-vous pas, ami, l'Hypocrisie, l'immonde tartufferie de tous ces mots d'ordre ventriloques ! Le complexe d'infériorité de tous ces meneurs est palpable. Leur haine de tout ce qui les dépasse, de tout ce qu'ils ne comprennent pas, visible. Ils sont aussi avides de rabaisser, de détruire, de salir, d'émonder le principe même de la vie que les plus bas curés du Moyen Âge. Ils me fusilleront peut-être, les uns ou les autres. Les nazis m'exècrent autant que les socialistes et les communards itou, sans compter Henri de Régnier ou Comœdia ou Stawinsky [Henri de Régnier, dans le Figaro, et un critique du périodique Comœdia avaient exprimé des opinions méprisantes voire insultantes sur le Voyage, de même, aux dires de Céline, que l'escroc Alexandre Stavisky, mort en janvier 1934.] Ils s'entendent tous quand il s'agit de me vomir. Tout est permis sauf de douter de l'Homme. Alors c'est fini de rire. J'ai fait la preuve. Mais je les emmerde aussi. Tous. Je ne demande rien à personne. Affectueusement à vous, grand ami... » Louis-Ferdinand Céline, Lettres, op. cit., n° 34-10.

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