BAUDELAIRE, Charles (1821-1867). Les Fleurs du mal. Paris: Poulet-Malassis et De Broise, 1861. Fascinant exemplaire d’Edouard Manet, témoignage de son amitié avec Charles Baudelaire Si leur correspondance débute en 1863, il semble que les deux hommes se soient rencontrés vers 1859, lors d'une visite de l'écrivain dans l'atelier du peintre. Baudelaire ne tarit pas d'éloges sur Manet: en 1863, il écrit: « il me paraît difficile de ne pas aimer son caractère autant que ses talents ». Lorsque la critique accuse Manet de pasticher Vélasquez, Goya ou Gréco, Baudelaire rétorque: « Eh bien! On m'accuse moi d'imiter Edgar Poe [...] La première fois que j'ai ouvert un livre de lui, j'ai vu avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi et écrites par lui vingt ans auparavant ». Manet, de dix ans son cadet, attache d'ailleurs beaucoup d'importance à l'opinion de Baudelaire. Désemparé par les critiques incessantes et, écrit-il, « les injures [qui] pleuvent sur moi comme grêle », il demande conseil à son ami, qui lui répond non sans ironie: « il faut donc que je vous parle encore de vous. Il faut que je m'applique à vous démontrer ce que vous valez [...] C'est vraiment bête, ce que vous exigez [...] Vous connaissez mon amitié pour vous ». Baudelaire est en effet convaincu que « la raillerie, que l'insulte, que l'injustice sont des choses excellentes. Les peintres veulent toujours des succès immédiats, ajoute-il, mais vraiment, Manet a des facultés si brillantes [...] qu'il serait malheureux qu'il se décourageât ». De son côté, Manet représente Baudelaire à plusieurs reprises: sa présence dans La Musique aux Tuileries en pleine conversation avec Théophile Gautier est l'exemple le plus fameux, que Manet reproduira d'ailleurs en eau-forte en 1868. Il grave également le célèbre portrait par Nadar, comme recherche pour le frontispice des Fleurs du Mal. Le peintre aide financièrement Baudelaire pendant son exil en Belgique; la correspondance du poète évoque ces dettes à plusieurs reprises et son souci de rembourser son ami dès qu'il le pourra. Lorsque Manet lui écrit avoir subi une poussée de choléra, son « tribut à l’épidémie régnante », Baudelaire répond que « les premières lettres de [sa] lettre lui ont donné le frisson. Il n’y a pas dix personnes en France, ajoute-il, au sujet desquelles j’en pourrais dire autant ». Le 2 septembre 1867, au cimetière du Montparnasse, Manet se rend aux obsèques de Baudelaire -un dernier hommage qui semble avoir inspiré la toile inachevée L'Enterrement. En gage de leur amitié, Baudelaire inclut dès 1862 le nom de Manet dans les listes de distribution de ses livres. Cet exemplaire, outre l'envoi autographe signé sur le faux-titre, présente une reliure d'époque en tout point identique à celle du Théophile Gautier lui aussi dédicacé par Baudelaire à Manet (Sotheby's, 19 juin 2014, lot 11), ce qui tend à suggérer que les deux ouvrages ont été reliés en même temps, par le même atelier - peut-être celui de Lortic, relieur attitré de Baudelaire, dont les nerfs très fins sont caractéristiques ( Correspondance, II 275 et suivantes; Locke, « Unfinished hommage : Manet’s Burial and Baudelaire », 2000; Lettres à Baudelaire, 237, Pichois, 1973; PICHOIS et AVICE. Dictionnaire Baudelaire. Tusson : Du Lérot, 2002. P. 288-290; PROUST, Antonin. Edouard Manet souvenirs, l’Echoppe; Vicaire, I, 343-344). In-12 (174 x 115 mm), 319 pp. Seconde édition ornée en frontispice d’un portrait de Baudelaire par Bracquemond. Reliure de l’époque en demi-maroquin rouge, dos à nerfs, tête dorée, gardes de papier marbré, signet tricolore (quelques rousseurs et piqûres cachet d'une société d'import-export au premier feuillet blanc; le premier plat, détaché, a été consolidé, charnière fendue). Provenance : Edouard Manet (envoi autographe signé sur le faux-titre: " A M. Edouard Manet témoignage d'amitié. Ch Baudelaire ").
BAUDELAIRE, Charles (1821-1867). Les Fleurs du mal. Paris: Poulet-Malassis et De Broise, 1861. Fascinant exemplaire d’Edouard Manet, témoignage de son amitié avec Charles Baudelaire Si leur correspondance débute en 1863, il semble que les deux hommes se soient rencontrés vers 1859, lors d'une visite de l'écrivain dans l'atelier du peintre. Baudelaire ne tarit pas d'éloges sur Manet: en 1863, il écrit: « il me paraît difficile de ne pas aimer son caractère autant que ses talents ». Lorsque la critique accuse Manet de pasticher Vélasquez, Goya ou Gréco, Baudelaire rétorque: « Eh bien! On m'accuse moi d'imiter Edgar Poe [...] La première fois que j'ai ouvert un livre de lui, j'ai vu avec épouvante et ravissement, non seulement des sujets rêvés par moi, mais des phrases pensées par moi et écrites par lui vingt ans auparavant ». Manet, de dix ans son cadet, attache d'ailleurs beaucoup d'importance à l'opinion de Baudelaire. Désemparé par les critiques incessantes et, écrit-il, « les injures [qui] pleuvent sur moi comme grêle », il demande conseil à son ami, qui lui répond non sans ironie: « il faut donc que je vous parle encore de vous. Il faut que je m'applique à vous démontrer ce que vous valez [...] C'est vraiment bête, ce que vous exigez [...] Vous connaissez mon amitié pour vous ». Baudelaire est en effet convaincu que « la raillerie, que l'insulte, que l'injustice sont des choses excellentes. Les peintres veulent toujours des succès immédiats, ajoute-il, mais vraiment, Manet a des facultés si brillantes [...] qu'il serait malheureux qu'il se décourageât ». De son côté, Manet représente Baudelaire à plusieurs reprises: sa présence dans La Musique aux Tuileries en pleine conversation avec Théophile Gautier est l'exemple le plus fameux, que Manet reproduira d'ailleurs en eau-forte en 1868. Il grave également le célèbre portrait par Nadar, comme recherche pour le frontispice des Fleurs du Mal. Le peintre aide financièrement Baudelaire pendant son exil en Belgique; la correspondance du poète évoque ces dettes à plusieurs reprises et son souci de rembourser son ami dès qu'il le pourra. Lorsque Manet lui écrit avoir subi une poussée de choléra, son « tribut à l’épidémie régnante », Baudelaire répond que « les premières lettres de [sa] lettre lui ont donné le frisson. Il n’y a pas dix personnes en France, ajoute-il, au sujet desquelles j’en pourrais dire autant ». Le 2 septembre 1867, au cimetière du Montparnasse, Manet se rend aux obsèques de Baudelaire -un dernier hommage qui semble avoir inspiré la toile inachevée L'Enterrement. En gage de leur amitié, Baudelaire inclut dès 1862 le nom de Manet dans les listes de distribution de ses livres. Cet exemplaire, outre l'envoi autographe signé sur le faux-titre, présente une reliure d'époque en tout point identique à celle du Théophile Gautier lui aussi dédicacé par Baudelaire à Manet (Sotheby's, 19 juin 2014, lot 11), ce qui tend à suggérer que les deux ouvrages ont été reliés en même temps, par le même atelier - peut-être celui de Lortic, relieur attitré de Baudelaire, dont les nerfs très fins sont caractéristiques ( Correspondance, II 275 et suivantes; Locke, « Unfinished hommage : Manet’s Burial and Baudelaire », 2000; Lettres à Baudelaire, 237, Pichois, 1973; PICHOIS et AVICE. Dictionnaire Baudelaire. Tusson : Du Lérot, 2002. P. 288-290; PROUST, Antonin. Edouard Manet souvenirs, l’Echoppe; Vicaire, I, 343-344). In-12 (174 x 115 mm), 319 pp. Seconde édition ornée en frontispice d’un portrait de Baudelaire par Bracquemond. Reliure de l’époque en demi-maroquin rouge, dos à nerfs, tête dorée, gardes de papier marbré, signet tricolore (quelques rousseurs et piqûres cachet d'une société d'import-export au premier feuillet blanc; le premier plat, détaché, a été consolidé, charnière fendue). Provenance : Edouard Manet (envoi autographe signé sur le faux-titre: " A M. Edouard Manet témoignage d'amitié. Ch Baudelaire ").
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