Artaud, Antonin LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À UNE CHÈRE AMIE, DATÉE DIMANCHE SOIR 14 AOÛT 1932, 3 PAGES IN-4, SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN NOIR. Belle lettre littéraire, à propos du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Elle est consacrée à réfuter l’opinion d’une amie, qui avait fait savoir à Artaud que son projet de mettre des faux-titres dans son Manifeste du Théâtre de la Cruauté, était inopportun. Artaud justifie et maintient sa position de manière intransigeante sur ce qu’il considère être un point important, et non un simple détail. Paru dans la N.R.F. d’octobre 1932, son Manifeste comportera donc bien, dans toute sa seconde partie, ces faux-titres, qui sont en fait des sortes de rubriques explicatives : LA MISE EN SCÈNE, LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE, LA LUMIÈRE LES ÉCLAIRAGES, LE COSTUME, L’ACTUALITÉ, LE CINÉMA, LE PUBLIC, etc. Plus j’essaye, l’avertit Artaud, et plus le côté sophistiqué de votre position me heurte et me déplaît d’autant plus que quand vous avez adopté un point de vue au lieu d’admettre un certain nombre de lois naturelles qui font que tout de même les choses obéissent aux circonstances sans qu’il puisse être question de concessions à faire à qui que ce soit, vous poussez votre point de vue jusqu’au bout, vous tenant dans une position qui veut tout ignorer, même les déplacements naturels des aspects qui font que par exemple un mur rose à l’aurore devient rouge ardent, brique et violet au crépuscule et au couchant…. Ces faux-titres sont faits pour apporter non une facilité mais une difficulté de plus. Je souligne. Comme quelqu’un qui pour rendre visible, apparent le tracé de sa ville, aurait construit, élevé ici et là des monuments, des tours qui auraient introduit de par leur ossature spéciale un mystère, une énigme de plus dans ce tracé… Un véritable écrivain, un véritable acteur (en donnant à ce mot le sens plein de créateur) sait parfaitement qu’aucun procédé en soi n’est valable, que tout ce qui doit proclamer le triomphe d’un procédé, d’un système est mauvais en soi… Il détaille ces inconvénients, puis reprend : … je crois que la raideur de mes titres répond à cet objet, au-dessus d’une certaine ville ils créent une nouvelle géométrie, ils dessinent une perspective seconde, un dédale d’architectures aériennes qui se renvoient des éclairages successifs : rose, doré, blanc, cuivre, incarnat, violet, etc. Il termine avec engouement : Ne faites pas attention je viens de m’amuser à voir un paysage et il faudra qu’il y ait aussi de temps en temps des paysages flottants dans ce théâtre.
Artaud, Antonin LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À UNE CHÈRE AMIE, DATÉE DIMANCHE SOIR 14 AOÛT 1932, 3 PAGES IN-4, SOUS CHEMISE DEMI-MAROQUIN NOIR. Belle lettre littéraire, à propos du Manifeste du Théâtre de la Cruauté. Elle est consacrée à réfuter l’opinion d’une amie, qui avait fait savoir à Artaud que son projet de mettre des faux-titres dans son Manifeste du Théâtre de la Cruauté, était inopportun. Artaud justifie et maintient sa position de manière intransigeante sur ce qu’il considère être un point important, et non un simple détail. Paru dans la N.R.F. d’octobre 1932, son Manifeste comportera donc bien, dans toute sa seconde partie, ces faux-titres, qui sont en fait des sortes de rubriques explicatives : LA MISE EN SCÈNE, LES INSTRUMENTS DE MUSIQUE, LA LUMIÈRE LES ÉCLAIRAGES, LE COSTUME, L’ACTUALITÉ, LE CINÉMA, LE PUBLIC, etc. Plus j’essaye, l’avertit Artaud, et plus le côté sophistiqué de votre position me heurte et me déplaît d’autant plus que quand vous avez adopté un point de vue au lieu d’admettre un certain nombre de lois naturelles qui font que tout de même les choses obéissent aux circonstances sans qu’il puisse être question de concessions à faire à qui que ce soit, vous poussez votre point de vue jusqu’au bout, vous tenant dans une position qui veut tout ignorer, même les déplacements naturels des aspects qui font que par exemple un mur rose à l’aurore devient rouge ardent, brique et violet au crépuscule et au couchant…. Ces faux-titres sont faits pour apporter non une facilité mais une difficulté de plus. Je souligne. Comme quelqu’un qui pour rendre visible, apparent le tracé de sa ville, aurait construit, élevé ici et là des monuments, des tours qui auraient introduit de par leur ossature spéciale un mystère, une énigme de plus dans ce tracé… Un véritable écrivain, un véritable acteur (en donnant à ce mot le sens plein de créateur) sait parfaitement qu’aucun procédé en soi n’est valable, que tout ce qui doit proclamer le triomphe d’un procédé, d’un système est mauvais en soi… Il détaille ces inconvénients, puis reprend : … je crois que la raideur de mes titres répond à cet objet, au-dessus d’une certaine ville ils créent une nouvelle géométrie, ils dessinent une perspective seconde, un dédale d’architectures aériennes qui se renvoient des éclairages successifs : rose, doré, blanc, cuivre, incarnat, violet, etc. Il termine avec engouement : Ne faites pas attention je viens de m’amuser à voir un paysage et il faudra qu’il y ait aussi de temps en temps des paysages flottants dans ce théâtre.
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