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Auction archive: Lot number 94

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY (1900-1944) La genèse de Citadelle : manuscrit autographe, raturé et corrigé. [Vers 1940]. 3 p. sur 3 f. in-4 (27 x 21 cm) de papier vélin, encre bleu nuit, foliotation partielle de l’auteur (1-2), foliotation postérieure au ...

Estimate
€4,000 - €6,000
ca. US$4,641 - US$6,962
Price realised:
€4,550
ca. US$5,280
Auction archive: Lot number 94

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY (1900-1944) La genèse de Citadelle : manuscrit autographe, raturé et corrigé. [Vers 1940]. 3 p. sur 3 f. in-4 (27 x 21 cm) de papier vélin, encre bleu nuit, foliotation partielle de l’auteur (1-2), foliotation postérieure au ...

Estimate
€4,000 - €6,000
ca. US$4,641 - US$6,962
Price realised:
€4,550
ca. US$5,280
Beschreibung:

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY (1900-1944) La genèse de Citadelle : manuscrit autographe, raturé et corrigé. [Vers 1940]. 3 p. sur 3 f. in-4 (27 x 21 cm) de papier vélin, encre bleu nuit, foliotation partielle de l'auteur (1-2), foliotation postérieure au crayon violet (0459- 0461). PRÉCIEUX BROUILLON DU DÉBUT DE CITADELLE, contenant l'essence de la version définitive. Ébauché en 1936, Citadelle fut essentiellement rédigé entre 1941 et 1943, « de façon ardente mais syncopée » (M. Quesnel). C'est une longue poésie mystique écrite par un aviateur, contemplant le monde d'en-haut… « Moi j'éteins ce qui crie vers l'abîme. Je reçois les fissures du sol. Je calfate le navire. Je refoule dans ma gorge le cri de l'ange. Mon père, qui était grand ne le redoutait point, mon père était du sang des aigles. Car il est un temps pour fonder et pour recevoir les semences du ciel. Mais il est un temps pour habiter et surveiller la croissance des moissons. Il est un temps pour la foudre qui rompt les [?] dans le ciel mais il est un temps pour les citernes où les eaux rompues vont dormir. Car il est un temps pour écouter la voix de l'ange et refaire le sens de la vie, un temps pour la stabiliser, un temps pour ouvrir la chair au couteau, un temps pour guérir les blessures. Il est un temps pour le goût [de] l'éternité et pour [les] besoins de la récolte. Moi je redoute dans la citadelle. J'étrangle celui-là qui prend feu dans la nuit et pourtant veut ses prophéties comme l'arbre en feu quand il éclate et embrasse avec lui la forêt. Je hais ce qui change. Je m'épouvante quand l'immuable revient sur ses bases. […] Je m'épouvante quand les demeures des hommes solidement bâties sur le dos rassurant des collines, quand dans la terre essentielle, commencent de trembler comme des vitres et quand, des entrailles du globe, monte ce craquement, ce bruit des chaînes remuées […]. Je me suis embarqué une fois sur la terre sacrée avec [?] mon peuple. Ils reposaient dans les flancs du navire. […] Accroupis entre des armées allaitant les enfants, ou pris dans l'engrenage du chapelet de la prière. Ils s'étaient faits habitants du navire. Ce navire s'était fait demeure. Quand l'océan se souleva et lava les ponts comme une lessive, […] j'interdis que l'on écoutât à travers les calfats épais, le chant de la mer. Celui-là je le découvris les yeux grands ouverts, qui entendait de faibles craquements dans les maîtres couples du navire. Si légers mais si terribles car inspiré par l'ange. À travers cette flûte légère il entendait la hache descendre de la mer. » Un visage est esquissé au verso du deuxième feuillet, accompagné d'une annotation : « Surcouf / Cap Matifou / Le corsaire ». PROVENANCE : Vente anonyme à Paris, le 16 mai 2012, lot 395 Quelques légères traces de rouille et taches

Auction archive: Lot number 94
Auction:
Datum:
16 Jun 2018
Auction house:
Artcurial
7, rond-point des Champs-Élysées
75008 Paris
France
contact@artcurial.com
+33 (0)1 42992020
Beschreibung:

ANTOINE DE SAINT EXUPÉRY (1900-1944) La genèse de Citadelle : manuscrit autographe, raturé et corrigé. [Vers 1940]. 3 p. sur 3 f. in-4 (27 x 21 cm) de papier vélin, encre bleu nuit, foliotation partielle de l'auteur (1-2), foliotation postérieure au crayon violet (0459- 0461). PRÉCIEUX BROUILLON DU DÉBUT DE CITADELLE, contenant l'essence de la version définitive. Ébauché en 1936, Citadelle fut essentiellement rédigé entre 1941 et 1943, « de façon ardente mais syncopée » (M. Quesnel). C'est une longue poésie mystique écrite par un aviateur, contemplant le monde d'en-haut… « Moi j'éteins ce qui crie vers l'abîme. Je reçois les fissures du sol. Je calfate le navire. Je refoule dans ma gorge le cri de l'ange. Mon père, qui était grand ne le redoutait point, mon père était du sang des aigles. Car il est un temps pour fonder et pour recevoir les semences du ciel. Mais il est un temps pour habiter et surveiller la croissance des moissons. Il est un temps pour la foudre qui rompt les [?] dans le ciel mais il est un temps pour les citernes où les eaux rompues vont dormir. Car il est un temps pour écouter la voix de l'ange et refaire le sens de la vie, un temps pour la stabiliser, un temps pour ouvrir la chair au couteau, un temps pour guérir les blessures. Il est un temps pour le goût [de] l'éternité et pour [les] besoins de la récolte. Moi je redoute dans la citadelle. J'étrangle celui-là qui prend feu dans la nuit et pourtant veut ses prophéties comme l'arbre en feu quand il éclate et embrasse avec lui la forêt. Je hais ce qui change. Je m'épouvante quand l'immuable revient sur ses bases. […] Je m'épouvante quand les demeures des hommes solidement bâties sur le dos rassurant des collines, quand dans la terre essentielle, commencent de trembler comme des vitres et quand, des entrailles du globe, monte ce craquement, ce bruit des chaînes remuées […]. Je me suis embarqué une fois sur la terre sacrée avec [?] mon peuple. Ils reposaient dans les flancs du navire. […] Accroupis entre des armées allaitant les enfants, ou pris dans l'engrenage du chapelet de la prière. Ils s'étaient faits habitants du navire. Ce navire s'était fait demeure. Quand l'océan se souleva et lava les ponts comme une lessive, […] j'interdis que l'on écoutât à travers les calfats épais, le chant de la mer. Celui-là je le découvris les yeux grands ouverts, qui entendait de faibles craquements dans les maîtres couples du navire. Si légers mais si terribles car inspiré par l'ange. À travers cette flûte légère il entendait la hache descendre de la mer. » Un visage est esquissé au verso du deuxième feuillet, accompagné d'une annotation : « Surcouf / Cap Matifou / Le corsaire ». PROVENANCE : Vente anonyme à Paris, le 16 mai 2012, lot 395 Quelques légères traces de rouille et taches

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Datum:
16 Jun 2018
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7, rond-point des Champs-Élysées
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