Anne-Louis GIRODET-TRIOSON (1767-1824) peintre. L.A.S. » Girodet de Roussy « , 5 janvier 1790, à François GÉRARD ; 4 pages in-4. LONGUE LETTRE INÉDITE À SON AMI DE JEUNESSE LE PEINTRE GÉRARD. » Si je compare, mon ami, ma petite solitude au Royaume de France, je te dirai que le Calonne en est parti et pour toujours, Dieu merci oui pour toujours. Depuis que je t’ai écrit de nouvelles lumières ont changé des soupçons en certitude et m’ont trop bien confirmé ce que je savais déjà. L’agréable position dans laquelle je me suis trouvé ! Dire à un homme qui en rendant ses comptes, ne peut malgré tous ses efforts cacher la friponnerie, lui dire, dis-je, qu’on est bien reconnaissant de ses services, de ses peines, de son zèle ; que la crainte que sa santé déjà alterée, ne soit totalement compromise par une continuité de soins qu’un ami désintéréssé est seul capable de prendre, est l’unique motif qui détermine à les lui éviter, l’assurer du regret sincère de le voir dans une position qui ne permet pas de lui continuer les marques d’une confiance aussi bien placée, voila mon ami ce qu’à ma place un D. eut seul pu dire intrépidément, et sans changer de visage, à un coquin qui se connaît tel, et qui voit qu’on ne l’ignore pas ; mais je ne sais pas encore manier la fourberie comme lui, et je n’ay eu qu’à peine la force de balbutier cet honnête et sincère remerciment. Je finis d’avaler le calice en l’assurant d’un ton plus franc, que ma reconnaissance égalait le zèle quil avait mis à la conservation de mes intérêts ; en cela je n’ay point menti et quoiqu’il ait fait semblant de prendre la chose du bon coté, il n’a pû douter du motif qui me faisait parler à double face à Monsieur Double Main « … Il aimerait lui écrire des lettres moins tristes et avoir quelques sources de gaieté qui lui fassent oublier » le tourment de vivre « , mais il est accablé d’affaires : » Je ne puis satisfaire le besoin que j’ay de revoir un ami sûr, et une maîtresse encore incertaine […] J’ai besoin d’être partout où je ne suis pas, et je m’ennuyerais à crever où je suis si je n’y étais pas aussi fatigué « … Il demande à Gérard des nouvelles de ses projets et de son amie : » Je ne te dirai rien de la mienne – c’est plustot à toi de m’en parler et si ma présence n’a pas plus d’effet que mon éloquence je croirai qu’une promenade de cinq mois est bien assés longue. Au mois d’août il fesait beau à se promener, mais au mois de janvier on doit patiner. Passe moi cette mauvaise plaisanterie « … Il termine en saluant sa famille… ON JOINT une P.A.S., » A.L. Girodet « , Rome 31 décembre 1790 (1 page obl. in-8). Reçu de M. MÉNAGEOT, Directeur de l’Académie de France, la somme de 15 écus » pour le quartier de ma pension y compris sept paules pour le chauffage « ….
Anne-Louis GIRODET-TRIOSON (1767-1824) peintre. L.A.S. » Girodet de Roussy « , 5 janvier 1790, à François GÉRARD ; 4 pages in-4. LONGUE LETTRE INÉDITE À SON AMI DE JEUNESSE LE PEINTRE GÉRARD. » Si je compare, mon ami, ma petite solitude au Royaume de France, je te dirai que le Calonne en est parti et pour toujours, Dieu merci oui pour toujours. Depuis que je t’ai écrit de nouvelles lumières ont changé des soupçons en certitude et m’ont trop bien confirmé ce que je savais déjà. L’agréable position dans laquelle je me suis trouvé ! Dire à un homme qui en rendant ses comptes, ne peut malgré tous ses efforts cacher la friponnerie, lui dire, dis-je, qu’on est bien reconnaissant de ses services, de ses peines, de son zèle ; que la crainte que sa santé déjà alterée, ne soit totalement compromise par une continuité de soins qu’un ami désintéréssé est seul capable de prendre, est l’unique motif qui détermine à les lui éviter, l’assurer du regret sincère de le voir dans une position qui ne permet pas de lui continuer les marques d’une confiance aussi bien placée, voila mon ami ce qu’à ma place un D. eut seul pu dire intrépidément, et sans changer de visage, à un coquin qui se connaît tel, et qui voit qu’on ne l’ignore pas ; mais je ne sais pas encore manier la fourberie comme lui, et je n’ay eu qu’à peine la force de balbutier cet honnête et sincère remerciment. Je finis d’avaler le calice en l’assurant d’un ton plus franc, que ma reconnaissance égalait le zèle quil avait mis à la conservation de mes intérêts ; en cela je n’ay point menti et quoiqu’il ait fait semblant de prendre la chose du bon coté, il n’a pû douter du motif qui me faisait parler à double face à Monsieur Double Main « … Il aimerait lui écrire des lettres moins tristes et avoir quelques sources de gaieté qui lui fassent oublier » le tourment de vivre « , mais il est accablé d’affaires : » Je ne puis satisfaire le besoin que j’ay de revoir un ami sûr, et une maîtresse encore incertaine […] J’ai besoin d’être partout où je ne suis pas, et je m’ennuyerais à crever où je suis si je n’y étais pas aussi fatigué « … Il demande à Gérard des nouvelles de ses projets et de son amie : » Je ne te dirai rien de la mienne – c’est plustot à toi de m’en parler et si ma présence n’a pas plus d’effet que mon éloquence je croirai qu’une promenade de cinq mois est bien assés longue. Au mois d’août il fesait beau à se promener, mais au mois de janvier on doit patiner. Passe moi cette mauvaise plaisanterie « … Il termine en saluant sa famille… ON JOINT une P.A.S., » A.L. Girodet « , Rome 31 décembre 1790 (1 page obl. in-8). Reçu de M. MÉNAGEOT, Directeur de l’Académie de France, la somme de 15 écus » pour le quartier de ma pension y compris sept paules pour le chauffage « ….
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