André PIEYRE DE MANDIARGUES (1909-1991). Manuscrit autographe signé, À Salamanque; 2pages in-4. Beau texte sur Salamanque et le peintre Tapies. «À Salamanque, tournant le dos à une lapidation de Saint Étienne, derrière laquelle, mais dans l’église, est le tombeau de ce salaud inestimable qui se nomma le duc d’Albe, je regarde une pauvre maison»: au milieu du mur ocre «s’ouvre une fenêtre unique qui est située comme au hasard et qui est encadrée de poutres minces», au centre de celle-ci «pend comme un suaire un torchon lavé récemment lourd et d’un gris de ciment. Trois autres torchons sont accrochés dehors, à gauche de la fenêtre, l’un bleu, l’autre médian pourpre, le dernier bleu aussi mais plus sombre, tous les trois au dernier degré de l’usure, et dans l’air calme ils frémissent un peu comme des oiseaux mourants. Tapies, auquel je pense évidemment tout de suite, comme le ferait toute personne ayant ouvert les yeux à l’art moderne, est sans doute un peintre de mythes qui en usant de moyens rigoureux et simples parvient à la représentation poétique [...]. Mais il n’est pas besoin de voyager très loin pour distinguer que Tapies est aussi le dernier des grands réalistes espagnols, et que nul, depuis Zurbarán, n’avait compris et peint les choses de l’Espagne comme cet homme de Catalogne». Mandiargues évoque aussi les œuvres de Burri, «ces vives déchirures bridées avec amour par les doigts d’un peintre embaumeur autant que médecin» qui lui rappellent «les éléments des bouquets et des guirlandes qui sont comme des sceaux posés sur la nudité dans les toiles du Caravage»... Un peu nostalgique, il déambule dans Salamanque, «cité solaire entre toutes par la rousseur charnelle du matériau bâti ou sculpté», avant de revenir sur la terrasse de l’église St Esteban, «tournant le dos à un bas-relief du martyre de Saint-Etienne, derrière lequel, mais dans la fraîcheur de l’église, gît cette charogne exemplaire qui fut l’illustre gouverneur des Flandres».
André PIEYRE DE MANDIARGUES (1909-1991). Manuscrit autographe signé, À Salamanque; 2pages in-4. Beau texte sur Salamanque et le peintre Tapies. «À Salamanque, tournant le dos à une lapidation de Saint Étienne, derrière laquelle, mais dans l’église, est le tombeau de ce salaud inestimable qui se nomma le duc d’Albe, je regarde une pauvre maison»: au milieu du mur ocre «s’ouvre une fenêtre unique qui est située comme au hasard et qui est encadrée de poutres minces», au centre de celle-ci «pend comme un suaire un torchon lavé récemment lourd et d’un gris de ciment. Trois autres torchons sont accrochés dehors, à gauche de la fenêtre, l’un bleu, l’autre médian pourpre, le dernier bleu aussi mais plus sombre, tous les trois au dernier degré de l’usure, et dans l’air calme ils frémissent un peu comme des oiseaux mourants. Tapies, auquel je pense évidemment tout de suite, comme le ferait toute personne ayant ouvert les yeux à l’art moderne, est sans doute un peintre de mythes qui en usant de moyens rigoureux et simples parvient à la représentation poétique [...]. Mais il n’est pas besoin de voyager très loin pour distinguer que Tapies est aussi le dernier des grands réalistes espagnols, et que nul, depuis Zurbarán, n’avait compris et peint les choses de l’Espagne comme cet homme de Catalogne». Mandiargues évoque aussi les œuvres de Burri, «ces vives déchirures bridées avec amour par les doigts d’un peintre embaumeur autant que médecin» qui lui rappellent «les éléments des bouquets et des guirlandes qui sont comme des sceaux posés sur la nudité dans les toiles du Caravage»... Un peu nostalgique, il déambule dans Salamanque, «cité solaire entre toutes par la rousseur charnelle du matériau bâti ou sculpté», avant de revenir sur la terrasse de l’église St Esteban, «tournant le dos à un bas-relief du martyre de Saint-Etienne, derrière lequel, mais dans la fraîcheur de l’église, gît cette charogne exemplaire qui fut l’illustre gouverneur des Flandres».
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