ALGÉRIE (Guerre d’). Environ 635 L.A.S. entre Yves Tixadou, brigadier-chef, puis maréchal des logis, et sa fiancée, puis sa femme Monique Deval, Chanteloup, Saumur, Afrique française du Nord, Alger et Bône, 1960-1962. Intéressante correspondance croisée de plus de 240 lettres d’Yves Tixadou (né en août 1939), et plus de 390 de sa compagne, témoignant de la guerre en Algérie tant du point de vue des opérations militaires, que de celui de la vie civile, elle-même vivant en métropole puis en Algérie. Après un petit échange du temps où Tixadou se trouvait brigadier-chef au 1er régiment des dragons, à l’École des Sous-officiers d’Active de Chanteloup, sa fiancée étant à Saumur, janvier-mai 1960 (11 de Tixadou, 8 de sa fiancée), la répartition est comme suit : environ 155 du maréchal des logis en A.F.N. à sa fiancée (mars 1960-juillet 1961), et 190 de la jeune fille ; environ 45 de Tixadou à sa femme (mai et septembre-décembre 1961), et 75 de l’épouse (août-décembre 1961) ; environ 75 de Tixadou, et 115 de sa femme, en 1962. Dès qu’il rejoint son peloton dans le djebel, Tixadou raconte des accrochages avec les fellaghas, des morts, des blessés, une dizaine de jours sur le terrain sans enlever ni les rangers, ni le treillis, tout en dormant à la belle étoile… Quand les rations sont terminées ils trouvent de quoi manger en installant des pièges à lapin faits avec les lacets des chaussures… Il n’a pas peur d’y rester ; la mort est une compagne… Il confie son angoisse pendant et après une attaque. Étant le seul pied-noir, il tient à être plus fort que les métropolitains… Ayant obtenu des renseignements de prisonniers, « une fois qu’ils avaient parlé il fallait les tuer sinon nous courions le risque d’être vendus et […] le fusil ne devant servir que contre des types armés il me fallait employer le couteau c’est loin d’être beau mais nous n’avions pas le choix » (13 septembre 1960)… Il est hospitalisé à Souk-Ahras et dans le plâtre, puis malade de dysenterie… Hélas, « à cause de l’insurrection par les généraux Challe et Salan, étant “Pied-Noir” au milieu des métropolitains, je dois m’écraser et j’ai le moral à zéro » (22 avril 1962)… Il a fait une lampe dans un crâne de fellagha, un peu macabre… « Lorsque je suis rentré dimanche, chérie j’étais complètement dégouté. Voir ce que l’on nous fait faire m’a écœuré d’être Français » (28 mars 1962)… Alerte permanente, suppression des permissions, désertions (on en a tué un pour l’exemple), tensions, occupation de l’ancienne caserne par 500 ou 600 fellaghas (juillet 1962), il y a un tel trafic d’armes qu’il faut fouiller tout le camp… Sa femme relate des explosions et des attentats à l’arrière : elle craint de se retrouver avec un couteau dans les omoplates… Des attentats sont suivis de grèves, des C.R.S. tapent sur les étudiants et un capitaine est tué de 5 balles à Belcourt… Lors d’une grève générale à Bône, en mars 1962, l’électricité est coupée, Air France et Air Algérie plastiqués… En avril, après l’arrestation du général Salan, la grève est totale, en attendant la réponse de De Gaulle… La condamnation à mort du général Jouhaud est une honte, un assassinat… On klaxonne « l’Algérie française », et le bruit court que De Gaulle se ferait descendre et remplacer par Salan… En juin, les Oranais ne sortent plus, la mairie de Bône brûle, les gens deviennent fous… En septembre 1962, une tentative de viol à Birkhadem sur une femme blanche et une jeune fille de 12 ans renouvelle sa crainte d’exactions : ses voisins sont partis, elle ne veut plus rester seule… On joint un petit ensemble de correspondance familiale.
ALGÉRIE (Guerre d’). Environ 635 L.A.S. entre Yves Tixadou, brigadier-chef, puis maréchal des logis, et sa fiancée, puis sa femme Monique Deval, Chanteloup, Saumur, Afrique française du Nord, Alger et Bône, 1960-1962. Intéressante correspondance croisée de plus de 240 lettres d’Yves Tixadou (né en août 1939), et plus de 390 de sa compagne, témoignant de la guerre en Algérie tant du point de vue des opérations militaires, que de celui de la vie civile, elle-même vivant en métropole puis en Algérie. Après un petit échange du temps où Tixadou se trouvait brigadier-chef au 1er régiment des dragons, à l’École des Sous-officiers d’Active de Chanteloup, sa fiancée étant à Saumur, janvier-mai 1960 (11 de Tixadou, 8 de sa fiancée), la répartition est comme suit : environ 155 du maréchal des logis en A.F.N. à sa fiancée (mars 1960-juillet 1961), et 190 de la jeune fille ; environ 45 de Tixadou à sa femme (mai et septembre-décembre 1961), et 75 de l’épouse (août-décembre 1961) ; environ 75 de Tixadou, et 115 de sa femme, en 1962. Dès qu’il rejoint son peloton dans le djebel, Tixadou raconte des accrochages avec les fellaghas, des morts, des blessés, une dizaine de jours sur le terrain sans enlever ni les rangers, ni le treillis, tout en dormant à la belle étoile… Quand les rations sont terminées ils trouvent de quoi manger en installant des pièges à lapin faits avec les lacets des chaussures… Il n’a pas peur d’y rester ; la mort est une compagne… Il confie son angoisse pendant et après une attaque. Étant le seul pied-noir, il tient à être plus fort que les métropolitains… Ayant obtenu des renseignements de prisonniers, « une fois qu’ils avaient parlé il fallait les tuer sinon nous courions le risque d’être vendus et […] le fusil ne devant servir que contre des types armés il me fallait employer le couteau c’est loin d’être beau mais nous n’avions pas le choix » (13 septembre 1960)… Il est hospitalisé à Souk-Ahras et dans le plâtre, puis malade de dysenterie… Hélas, « à cause de l’insurrection par les généraux Challe et Salan, étant “Pied-Noir” au milieu des métropolitains, je dois m’écraser et j’ai le moral à zéro » (22 avril 1962)… Il a fait une lampe dans un crâne de fellagha, un peu macabre… « Lorsque je suis rentré dimanche, chérie j’étais complètement dégouté. Voir ce que l’on nous fait faire m’a écœuré d’être Français » (28 mars 1962)… Alerte permanente, suppression des permissions, désertions (on en a tué un pour l’exemple), tensions, occupation de l’ancienne caserne par 500 ou 600 fellaghas (juillet 1962), il y a un tel trafic d’armes qu’il faut fouiller tout le camp… Sa femme relate des explosions et des attentats à l’arrière : elle craint de se retrouver avec un couteau dans les omoplates… Des attentats sont suivis de grèves, des C.R.S. tapent sur les étudiants et un capitaine est tué de 5 balles à Belcourt… Lors d’une grève générale à Bône, en mars 1962, l’électricité est coupée, Air France et Air Algérie plastiqués… En avril, après l’arrestation du général Salan, la grève est totale, en attendant la réponse de De Gaulle… La condamnation à mort du général Jouhaud est une honte, un assassinat… On klaxonne « l’Algérie française », et le bruit court que De Gaulle se ferait descendre et remplacer par Salan… En juin, les Oranais ne sortent plus, la mairie de Bône brûle, les gens deviennent fous… En septembre 1962, une tentative de viol à Birkhadem sur une femme blanche et une jeune fille de 12 ans renouvelle sa crainte d’exactions : ses voisins sont partis, elle ne veut plus rester seule… On joint un petit ensemble de correspondance familiale.
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